Flash Conjoncture Pays avancés - Italie : un rattrapage du PIB par habitant avec la France dopé par le Superbonus
Flash Conjoncture Pays avancés - Italie : un rattrapage du PIB par habitant avec la France dopé par le Superbonus
Italie : un rattrapage du PIB par habitant avec la France dopé par le Superbonus
Dans un article publié le 25 mai, les Échos soulignent que le PIB par habitant de l’Italie, exprimé en parité de pouvoir d’achat (PPA), c’est-à-dire corrigé des différences de prix entre les pays, rejoint désormais celui de la France. En effet, selon les données de l’OCDE, le PIB par habitant italien en parité de pouvoir d'achat atteignait à 59 453 $ en 2024, contre 59 683 $ pour la France, alors qu’il lui était inférieur de près de 10 % en 2019.
Ce rattrapage s’explique principalement par le dynamisme de l’économie italienne depuis la crise sanitaire, avec une croissance annuelle moyenne du PIB de +1,1 % entre 2019 et 2024, contre +0,8 % en France (cf. graphique 1). L’activité en Italie a été portée par le Superbonus, un dispositif d’incitation à la rénovation énergétique : la hausse du PIB sur la période est attribuable pour près des deux tiers à l’augmentation de l’investissement en construction résidentielle. Le Superbonus n’a toutefois qu’un effet temporaire et ne permet pas de rehausser la croissance potentielle, c’est-à-dire le rythme de progression du volume de production qu’une économie peut maintenir à long terme sans générer de tensions sur les facteurs de production se traduisant par des pressions inflationnistes.
La baisse de la population italienne sur la période a également contribué mécaniquement à la hausse du PIB par habitant. Entre 2019 et 2024, la population italienne a reculé de −1,3 %, tandis que celle de la France a augmenté de +1,7 %. Ce recul démographique en Italie s’observe depuis près de dix ans (cf. Trésor Éco « L’Italie face au défi démographique ») et s’explique par un taux de natalité particulièrement bas (avec un taux de fécondité de seulement 1,21 enfants par femme en 2023, contre 1,66 en France), que le solde migratoire ne permet pas de compenser. Il s’agit toutefois d’un effet arithmétique, non d’un véritable gain de richesse : une population moins nombreuse gonfle mécaniquement le PIB par habitant à PIB effectif donné, mais pèse sur la croissance potentielle, en raison de son effet sur l’offre de travail et du rétrécissement du marché intérieur.
Si l’écart de croissance entre l’Italie et la France peut se lire, côté demande, par l’effet du Superbonus sur l’investissement, une approche par l’offre, fondée sur une décomposition comptable du PIB par habitant en composantes liées au marché du travail, à la démographie et à la productivité, offre un autre regard sur ce rattrapage (cf. graphique 2). Selon cette approche, entre 2019 et 2024, la croissance plus forte en Italie par rapport à la France proviendrait principalement d'une baisse plus marquée du taux de chômage en Italie. Cette baisse du chômage ne traduit pas une croissance plus forte de l’emploi en Italie, qui a progressé au même rythme qu’en France (+3 %), mais s’explique plutôt par le recul de la population active. Cette dernière a chuté plus fortement en Italie pendant la crise sanitaire (−3,1 %, contre −1,2 % en France) et n’a pas retrouvé son niveau d’avant-crise, contrairement à la France (−0,8 % en 2024 par rapport à 2019, contre +4,8 % en France). À la différence de la France, le nombre d’heures travaillées a contribué à la hausse du PIB par habitant en Italie, reflétant l’ajustement des heures travaillées au dynamisme de l’activité, ainsi que l’effet possible des réformes du marché du travail italien dans les années 2010 (cf. Trésor Éco « Les réformes du marché du travail italien »).
La situation actuelle n’est toutefois pas inédite, puisque les niveaux de PIB par habitant en parité de pouvoir d'achat de l’Italie et la France étaient déjà très proches entre 2005 et 2009. C’est à partir de la crise financière de 2008 que l’écart s’est creusé, au détriment de l’Italie. Le décrochage dans la décennie 2010 s’expliquerait notamment par l’impact plus fort de la crise des dettes souveraines sur l’économie italienne.