Flash Conjoncture Pays avancés - Derrière la contraction de l’activité aux États-Unis, une mécanique comptable autour des importations
Flash Conjoncture Pays avancés - Derrière la contraction de l’activité aux États-Unis, une mécanique comptable autour des importations.
Derrière la contraction de l'activité aux Etats-Unis, une mécanique comptable autour des importations
La 1e estimation du PIB américain pour le 1er trimestre 2025 (−0,1 % en rythme trimestriel, −0,3 % en rythme annualisé), publiée le 30 avril, a suscité beaucoup de commentaires, mais souvent sur la base d’une analyse sommaire des raisons expliquant la baisse du PIB.
D’un point de vue comptable, la contraction de l’activité est principalement attribuable au commerce extérieur (contribution négative de −1,3 pt) due à une forte hausse des importations (+9,0 %, après −0,5 % au 4e trimestre). L’impact direct est toutefois à relativiser, le phénomène d’anticipation des importations au 1er trimestre étant neutre sur le PIB : elles sont déduites dans le calcul du PIB mais devraient apparaître positivement et pour un montant équivalent dans les composantes de la demande, puisqu’elles sont soit consommées, soit investies, soit exportées, soit stockées. Par exemple, l’achat d’un bien de consommation importé est enregistré au titre de la consommation, tandis que l’acquisition de biens d’équipement étrangers par les entreprises est incluse dans l’investissement. Les importations sont donc soustraites in fine du PIB afin de ne mesurer que la production intérieure et d’éviter un double compte.
La forte hausse des importations se reflète dans un déficit commercial en biens inédit depuis les années 1980, atteignant −164 Md$ en mars après −147 Md$ (cf. Graphique 1). Elle s’explique par deux facteurs principaux :
(i) un phénomène de frontloading, c’est-à-dire l’importation anticipée et massive de biens avant l’entrée en vigueur des droits de douane, qui s’est traduit par une forte contribution positive des variations de stocks au 1er trimestre (+0,6 pt), avec donc un effet neutre sur la croissance.
(ii) une demande intérieure restée vigoureuse. Sa contribution s’est élevée à +0,6 pt, illustrée par le dynamisme des ventes au détail et la forte reprise de l’investissement en équipement. Ce dynamisme s’explique aussi en partie par des comportements d’anticipation.
Ce phénomène de frontloading devrait néanmoins être temporaire, étant donné l’entrée en vigueur des droits de douane ainsi que le déstockage probable des entreprises. La baisse attendue des volumes de fret provenant de Chine aux États-Unis, inférieurs d’un tiers à ceux observés un an plus tôt au port de Los Angeles la semaine du 4 mai (cf. Graphique 2), constitue déjà un 1er signe de matérialisation des tensions commerciales. Là encore, dans le cas où cette baisse est intérieurement compensée par des stocks, l’effet serait neutre sur la croissance du PIB.