Flash Conjoncture Pays avancés - Le commerce mondial accélère en anticipation de la hausse des droits de douane

Le commerce mondial, mesuré comme la somme des exportations et importations mondiales, a fortement accéléré depuis décembre 2024 d’après les premières estimations du Centraal Planbureau (CPB) néerlandais, avec une hausse de +1,1 % en janvier (après +0,8 %, en décembre, et contre un rythme de +0,2 % par mois en moyenne sur le reste de l’année 2024). Cette forte hausse reflète celle des importations mondiales – les évolutions des importations et exportations diffèrent lors des premières estimations mais tendent à converger au gré des corrections – qui ont augmenté de +1,1 % en décembre et +2,1 % en janvier (après +0,1 % en novembre). Les États-Unis, dont la contribution à la croissance des importations mondiales est de +0,5 pt en décembre et +1,6 pt en janvier, sont les principaux responsables de cette accélération.

L’évolution du commerce mondial depuis l’élection présidentielle américaine de novembre 2024 marque une rupture avec sa tendance sur le reste de l’année 2024, sans doute en raison de l'anticipation de hausses de droits de douanes. Pour quantifier les effets de cet événement sur les échanges mondiaux, il est possible de comparer leurs trajectoires réalisées avec celles de scénarios contrefactuels, élaborés en prolongeant les tendances linéaires des indices fournis par le CPB sur la période s’étalant de janvier 2024 à octobre 2024. Les importations mondiales et américaines sont respectivement +2,2 % et +16,2 % supérieures à ce qu’elles auraient été en janvier si les scénarios contrefactuels s’étaient réalisés. L’acquis de croissance du commerce mondial pour 2025 à l’issue du mois de janvier (+3,0 %) est ainsi +1,0 pt plus élevé que celui du scénario contrefactuel, avec une contribution des États-Unis à cet écart de +0,9 pt. 

Si elle amplifiée par l’anticipation d’un relèvement des barrières douanières, cette hausse des échanges s'inscrit dans un contexte plus large de reprise du commerce mondial après deux années de faible dynamisme (−1,2 % en 2023 et +1,7 % en 2024 selon le CPB). En effet, les perturbations du trafic maritime − attaques des rebelles Houthis en mer Rouge et sécheresse au canal de Panama – avaient entraîné une forte hausse du coût du fret maritime, conduisant les entreprises à puiser dans leurs stocks plutôt que de recourir à de nouvelles importations. À ce titre, les indices PMI de décembre révélaient des niveaux de stocks particulièrement bas chez les principaux importateurs mondiaux (46,0 en zone euro, 48,1 aux États-Unis). Ces freins conjoncturels se dissipent progressivement : le rétablissement du trafic maritime avvati permis une baisse de −19,1 % du coût du fret maritime au 4ᵉ trimestre 2024. Ce phénomène de stockage est amplifié par le « frontloading » des entreprises américaines qui, selon le Census Bureau, augmentent préventivement leurs stocks en anticipation des hausses tarifaires.