L’industrie chimique utilise le gaz principalement comme intrant dans les processus de production et comme source d’énergie. Depuis 2022, la consommation de gaz a fortement baissé lien avec la crise énergétique et de la hausse des prix du gaz. Cette tendance s’accompagne d’une diversification des approvisionnements et d’une électrification croissante des procédés industriels, réduisant ainsi la dépendance au gaz.

 • La Banque de France revoit sa prévision annuelle de croissance à la baisse pour 2025 (+0,7 %) en raison de la dégradation du contexte international depuis décembre. Dans son enquête de conjoncture, la Banque de France continue toutefois à tabler sur une croissance entre +0,1 % et +0,2 % pour le 1er trimestre de l’année.  Les climats sont stable dans le bâtiment et dans l’industrie sur la fin du mois de février, mais il se dégrade dans les services (−1 pt à 93).

L’indice des prix à la consommation définitif ralentit à +0,8 % sur un an (non-révisé) après +1,7 % en janvier : ce net ralentissement des prix sur un an s’explique essentiellement par le fort repli des prix de l’énergie, entrainés par la baisse de 15 % des tarifs réglementés. Inversement, les prix de l’alimentation accélèrent légèrement sur un an.

Zoom sur l'évolution de la consommation de gaz dans l'industrie chimique.

La consommation de gaz dans l’industrie repose principalement sur deux usages : d’une part, il est utilisé comme intrant direct dans certains processus de production, et d’autre part, comme source d’énergie. Il contribue par exemple à la production d’électricité, y compris via des processus comme la cogénération, où chaleur générée lors de la combustion du gaz n’est pas perdue, mais récupérée et réutilisée pour alimenter d’autres processus industriels. Entre 2015 et 2020, la consommation de gaz dans le secteur de la chimie est restée relativement stable et sa production a évolué positivement : malgré des investissements engagés pour améliorer son efficacité énergétique, l’industrie chimique demeure fortement dépendante de cette source d’énergie. Depuis 2022, on observe une rupture de tendance marquée par une baisse significative de la consommation de gaz. Cette évolution s’explique en partie par la crise énergétique dans le sillage du conflit russo-ukrainien qui a entraîné une hausse des prix du gaz, impactant directement les coûts de production industriels. Par ailleurs, la dégradation des conditions de production a également conduit à la baisse de la production industrielle due au ralentissement économique a également contribué à cette diminution.

Consommation de gaz par unité produite dans la chimie

Pour analyser cette tendance dans l’industrie chimique, une régression linéaire permet d’examiner la relation entre la consommation de gaz et la production industrielle dans la chimie : entre 2015 et 2024, l’élasticité de la production chimique à la consommation de gaz est de 1.05, suggérant une forte dépendance du secteur au gaz. Un test de Bai-Perron permet de détecter une rupture structurelle de cette relation en juillet 2022, indiquant que la relation entre la production et la consommation de gaz a changé à cette date. Une seconde régression intégrant cette rupture montre que l’effet direct de l’IPI sur la consommation de gaz devient non significatif. Après la rupture, la consommation de gaz a diminué de −21,6 % en moyenne, traduisant possiblement une adaptation à la hausse des prix et une meilleure efficacité énergétique. Cependant, l’interaction entre l’IPI et la rupture indique que la relation entre production et consommation de gaz n’a pas subi de changement structurel majeur. La corrélation entre la consommation de gaz et la production chimique est plus forte sur la période récente, ce qui pourrait s'expliquer par l'électrification de l’industrie : si le gaz est utilisé davantage comme intrant et moins pour des utilisations annexes (i.e. chauffage), cela pourrait renforcer la relation de causalité observée aujourd'hui.

Ces évolutions ont plusieurs implications. Début 2025, les niveaux de stockage de gaz semblent se normaliser, grâce à une diversification des sources d’approvisionnement et à une réduction de la consommation. La diminution de la demande, y compris industrielle, a réduit la dépendance aux importations, notamment en provenance de Russie. La transformation du mix énergétique se poursuit avec une électrification croissante de certains procédés industriels et l’adoption de technologies bas carbone. 

Indice de production industrielle dans la chimie