Flash conjoncture France - Le lien entre les craintes des ménages sur le chômage et le taux de chômage mesuré s’est-il rompu ?
En février, l’indice PMI composite définitif en France baisse mais légèrement moins que le flash (−2,5 pt à 45,1, révisé de +0,6 pt).
• En février, l’indice PMI composite définitif baisse en France (−2,5 pt à 45,1, révisé de +0,6 pt). Cette baisse résulte d’une forte détérioration de l’activité passée dans les services (−2,9 pt à 45,3, révisé de +0,8 pt, plus bas de 16 mois ; contribution de −2,4 pt) qui n’est pas compensé par la légère amélioration de la production passée dans l’industrie (+0,2 pt à 44,5, révisé de −0,1 pt, plus haut de 7 mois ; contribution de +0,0 pt).
• Les immatriculations de voitures particulières neuves se redressent en février après un repli en janvier (+6,1 % après −6,7 %) ; grâce au rebond des ventes aux personnes physiques (+6,2 %, après −12,2 %) et à celui des ventes aux personnes morales (+5,9 %, après −1,5 %).
• En janvier 2025, l’indice de la production industrielle dans l’industrie manufacturière fléchit de nouveau franchement (−0,7 % en variation mensuelle après −1,0 %, révisé de −0,3 pt), il baisse en janvier dans la quasi-totalité des secteurs, à l’exception notable d’un rebond, partiel, dans l’automobile.
• En janvier, le solde du tourisme augmente grâce à une baisse des exportations (−0,6 % en volume) moins marquée que celle des importations (−2,7 % en volume).
• En janvier, l’excédent de services (y.c. tourisme) de la balance des paiements baisse légèrement (à +3,5 Md€ après +3,7 Md€), résultat d’une baisse des exportations (−1,6 % en v.m en valeur) plus forte que la baisse des importations (−1,0 %).
• Le déficit commercial en biens se creuse en janvier à −6,5 Md€ après −3,5 Md€.
Zoom sur le lien entre taux de chômage et craintes des ménages sur l'évolution du chômage.
En février, les craintes des ménages concernant l’évolution du chômage augmentent (+6 pt à 55) et atteignent leur plus haut niveau depuis juillet 2015 (hors covid), bien au-delà de leur moyenne de long terme (à 33). Dans le même temps, la publication du taux de chômage au sens du BIT, pour le 4e trimestre 2024, témoigne d’une quasi-stabilité (−0,1 pt à 7,3 %).
Les craintes des ménages concernant l’évolutions du chômage sont recueillies par l’Insee dans le cadre de son enquête mensuelle de conjoncture auprès des ménages. Cette enquête mensuelle vise à capter les opinions et anticipations des ménages en matière, d’épargne et de consommation en recueillant leurs opinions sur leur environnement économique, général ou personnel. Les réponses sont traduites en termes de « soldes d’opinions », calculés en faisant la différence entre les pourcentages de réponses positives (ci-dessous, « + ») et négatives (−) ; les réponses « ne sait pas » n’entrent pas dans le calcul. Ainsi, pour les craintes vis-à-vis du chômage, la question est la suivante : « Pensez-vous que, dans les douze prochains mois, le nombre de chômeurs va… fortement augmenter (+) / un peu augmenter (+) / rester stationnaire / un peu diminuer (-) / fortement diminuer (-) ».
En comparant le solde sur les craintes du chômage et le taux de chômage au sens du BIT publié par l’Insee, il apparait effectivement un lien entre ces séries. Celui semble toutefois plutôt de nature rétrospective, les réponses des ménages reflétant assez bien les évolutions passées du chômage, sans les anticiper particulièrement (voir graphique infra). Ainsi, après la crise de 2008, les craintes vis-à-vis du chômage ont augmenté de près de 2 écart-types ; dans le même temps, l’évolution passée de l’écart annuel du taux de chômage trimestriel était, de près de +1,5 pt. Autour de 2010, quand l’évolution annuelle du taux de chômage s’est normalisée, les craintes vis-à-vis du chômage se normalisaient également. De la même manière, à partir de 2016, lorsque le taux de chômage a diminué, quasi sans discontinuer jusqu’en 2020, les craintes vis-à-vis du chômage ont diminué en repassant sous leur niveau moyen de long terme.
Cependant, sur la période récente, le taux de chômage est relativement stable et ses évolutions annuelles sont donc très faibles ; a contrario, le solde d’opinion sur l’évolution du chômage a augmenté au cours de l’année 2024, passant au-dessus de sa moyenne de long terme en octobre dernier. Un décrochage s’opère ainsi entre ces craintes des ménages, fortes, et l’évolution annuelle du taux de chômage qui est faible et même légèrement négative pour un 3e trimestre consécutif. Cette augmentation des craintes des ménages vis-à-vis du chômage ne se retrouve pas mécaniquement dans les autres soldes de l’enquête de conjoncture de l’Insee. Par exemple, l’indicateur synthétique de « confiance des ménages » a progressé en février, comme le solde relatif aux perspectives d’évolution de la situation financière personnelle.