Flash Conjoncture Pays avancés - Taux d’épargne en zone euro : entre prudence et reprise différée
Taux d’épargne en zone euro : entre prudence et reprise différée
En zone euro, au 3e trimestre 2024, le taux d’épargne diminue à 15,2 % (après 15,6 % au 2e trimestre), mais se situe encore +2,7 pts au-dessus de sa moyenne 2015-2019. Dans les données d'Eurostat, ce chifre intègre les ménages et les ISBLSM, c'est-à-dire les institutions sans but lucratif au service des ménages - essentiellement les associtations.
Le recul au 3e trimestre reflète une consommation plus allante (+0,8 %) que le revenu disponible brut (+0,6 %). L'évolution du taux d’épargne des ménages n'est pas uniforme entre les grands pays de la zone euro. Alors qu’il augmente en Allemagne et en Espagne (à respectivement 20,5 % et 14,2 % après 20,1 % et 13,1 % au 2e trimestre), le taux d’épargne est stable en France (à 17,7 %) et diminue en Italie (à 12,0 % après 12,8 %).
En Allemagne, où le taux d’épargne est traditionnellement plus élevé que la moyenne de la zone euro, les incertitudes économiques persistantes, accentuées par la crise énergétique, ont incité les ménages à augmenter leur épargne de précaution. L’activité a ainsi reculé à nouveau au 4e trimestre 2024, entrainant une croissance négative pour 2024 pour la 2e année consécutive. En Espagne, malgré une croissance économique dynamique et une consommation soutenue au 3e trimestre 2024, les ménages ont poursuivi leur désendettement, montrant une volonté de consolidation financière dans un contexte d’amélioration économique. En Italie, le taux d’épargne baisse, alors que les ménages ontdéjà épuisé la surépargne constituée pendant la crise sanitaire, ce qui a permis une reprise de la consommation au 3e trimestre 2024.
Le revenu disponible brut en termes réels (RDB déflaté par l’inflation au sens de l’IPCH total) – une mesure du pouvoir d’achat des ménages – augmente en zone euro au 3e trimestre (+0,4 % en variation trimestrielle), et se situe nettement au-dessus de son niveau du 4e trimestre 2019 (+6,5 pts). Le RDB en termes réels augmente dans tous les grands pays de la zone euro au 3e trimestre 2024 et il se situe au-dessus de son niveau du 4e trimestre 2019 dans l’ensemble de ces pays. Par rapport au trimestre précédent, il augmente de +0,9 % en France et en Allemagne, de +0,4 % en Italie et de +2,4 % en Espagne. Cette augmentation du RDB reflète en particulier la résilience du marché du travail en zone euro ainsi que la dynamique des salaires.
Pour autant, malgré des niveaux d’épargne encore largement supérieurs à leur niveau pré-crise (par rapport à sa moyenne 2015-2019 il est supérieur de +2,5 ptsen Allemagne, +1,2 pt en Italie et +6,4 pts en Espagne), les intentions d’épargne pour les 12 prochains mois restent orientées à la hausse et à des niveaux très élevés dans les grands pays de la zone euro, selon l’enquête Business and Consumer Survey de la Commission européenne. Les intentions d’épargne dépassent, en Allemagne, Espagne et Italie, les niveaux atteints en 2021.