L’inflation dans les services demeure élevée en Allemagne

En décembre, l’inflation a augmenté plus que prévu en Allemagne : elle s’élève à +2,8 % en glissement annuel, après +2,4 % en novembre, au sens de l’IPCH (attentes à +2,6 %). Selon l’estimation détaillée de Destatis, l'institut des statistiques allemand, la hausse de décembre est principalement attribuable à un recul moins important des prix de l’énergie (en glissement annuel, de −1,5 % après −3,6 %). Ce phénomène s’observe dans la majorité des pays européens, notamment en Espagne et dans une moindre mesure en France, où l’inflation énergétique contribue désormais positivement. En comparaison européenne, l’inflation allemande demeure élevée : elle est égale à celle de l'Espagne (+2,8 % en décembre) mais supérieure à celle enregistrée en Italie (+1,4 %) et en France (+1,8 %, toujours au sens de l'IPCH).


Inflation en zone euro en décembre 2024

En Allemagne, la persistance de l’inflation s’explique par le dynamisme du sous-jacent, qui a progressé de +3,3 % en décembre (après +3,1 %) avec une contribution de +2,5 pts à l’inflation totale (en 2019, l’inflation sous-jacente moyenne s’élevait à +1,3 %). L’inflation sous-jacente est essentiellement alimentée par les services (expliquant à hauteur de +2,1 pts des +2,5 pts du sous-jacent), tandis que la contribution des biens manufacturés est moindre (+0,4 pt). Parmi les services, ceux relatifs aux forfaits touristiques et à l’hébergement sont passés d’une contribution légèrement négative avant-crise (2019) à une contribution de +0,3 pt en moyenne en 2024, tandis que la contribution des loisirs et soins personnels a été multipliée par 4 (contribution de +0,8 pt en 2024).

Allemagne : contribution de l'inflation des services à l'inflation totale, détaillée par sous-composantes des services

La persistance de l’inflation des services s’inscrit dans un contexte de plus forte hausse des salaires en Allemagne que chez ses voisins européens. En effet, les salaires négociés continuent d’accélérer au 3e trimestre, atteignant +5,7 % et tirant à la hausse la moyenne européenne (+5,4 %), tandis qu’ils ralentissent en France (à +2,7 %) et se stabilisent en Espagne (autour de +3,0 %). Outre un calendrier de renégociations particulièrement chargé en 2024 qui concernait 12 millions de salariés (contre 6 millions en 2023), les hausses de salaires en Allemagne sont davantage lissées par des négociations salariales pluriannuelles et se sont articulées avec le versement de primes exceptionnelles en sortie de crise sanitaire.