Les Nouvelles économiques de l'Eurasie du 20 décembre 2024
Publications des Services économiques
Zoom sur la dynamique du PIB russe au 3ème trimestre 2024
La progression de l’activité économique en Russie a été plus modérée au 3ème trimestre alors que les taux de croissance des secteurs les plus porteurs (commerce, industrie manufacturière) diminuent et que le reste de l’économie fait face à des difficultés grandissantes.
Selon une première estimation de Rosstat, le PIB de la Russie a progressé de 3,1% en glissement annuel (g.a.) au 3ème trimestre 2024, soit une diminution d’un point de pourcentage (p.p.) par rapport au trimestre précédent, et le plus faible résultat enregistré depuis la mi-2023. Cette tendance s’explique entre autres par le relèvement de la base statistique.
Figure 1 : Croissance du PIB en g.a., %, contributions par secteur en p.p.
L’industrie manufacturière et le commerce sont restés les principaux moteurs de la croissance, à laquelle ils ont respectivement contribué à hauteur de 0,7 et 0,6 p.p., soit 42% de la croissance totale en cumul. Ces contributions se sont avérées moindres qu’au trimestre précédent du fait de taux de croissance en baisse : 5,9% en g.a. pour l’industrie manufacturière (8,1% au T2) et 4,8% pour le commerce (8,1% au T2). Le secteur public a par ailleurs massivement contribué à la croissance (+12,5% en g.a., contribution de 0,8 p.p.) tout comme la dynamique des services financiers et assurantiels (+13,2%, contribution de 0,6 p.p.).
A contrario, la stagnation de l’activité dans l’agriculture, l’industrie extractive ainsi que la construction et l’immobilier a pesé sur la croissance. Les difficultés rencontrées par ces branches résultent en partie de spécificités sectorielles, notamment des conditions climatiques défavorables pour l’agriculture et de la prolongation des coupes volontaires de production de pétrole dans le cadre de l’OPEP+. La dynamique de croissance dans la construction, ininterrompue depuis quelques années, a été durement touchée par la suppression début juillet des subventions destinées à l’achat de biens immobiliers neufs. En cumul, ces trois secteurs ont contribué à une baisse de la croissance de 0,7 p.p. au 3ème trimestre.
Figure 2 : Variation de l’activité, g.a., %
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2024 |
Tendance |
Part du PIB, % |
||
T1 |
T2 |
T3 |
|||
PIB |
5,4% |
4,1% |
3,1% |
Ralentissement |
/ |
Construction et immobilier |
2,0% |
2,5% |
-1,9% |
Diminution |
13% |
Industrie manufacturière |
9,0% |
8,1% |
5,9% |
Ralentissement |
12% |
Industrie extractive |
1,4% |
-1,1% |
-1,1% |
Stagnation |
12% |
Commerce |
11,4% |
8,0% |
4,8% |
Ralentissement |
12% |
Administration (sécurité militaire) |
-1,6% |
0,1% |
12,4% |
Accélération |
7% |
Transport et stockage |
3,1% |
2,0% |
2,3% |
Accélération |
6% |
Finance et assurance |
18,8% |
16,4% |
13,3% |
Ralentissement |
5% |
Agriculture |
0,5% |
0,6% |
-5,2% |
Diminution |
5% |
TIC |
15,3% |
19,2% |
9,9% |
Ralentissement |
3% |
En glissement trimestriel (g.t.), corrigé des variations saisonnières (c.v.s.), la croissance a légèrement accéléré au T3. Elle a atteint 0,7%, soit une progression de 0,2 p.p. par rapport au T2, mais un niveau inférieur à ceux observés jusqu’au début de l’année 2024.
Figure 3 : Croissance du PIB en niveau, c.v.s., T1 2021 = 100
La dynamique infra-sectorielle s’est néanmoins dégradée par rapport au T2. Sur neuf secteurs représentant 73% du PIB, trois ont enregistré une baisse d’activité, deux un ralentissement de la croissance, et deux un rétablissement partiel de leur croissance après de mauvais résultats au trimestre précédent.
Figure 4 : Variation de l’activité, g.t., c.v.s., %
|
2024 |
Tendance |
Part du PIB, % |
||
T1 |
T2 |
T3 |
|||
PIB |
1,1% |
0,5% |
0,7% |
Accélération |
/ |
Construction et immobilier |
-0,4% |
1,2% |
-3,2% |
Diminution |
13% |
Industrie manufacturière |
2,0% |
1,0% |
0,9% |
Ralentissement |
12% |
Industrie extractive |
-0,1% |
-1,7% |
0,5% |
Rétablissement partiel |
12% |
Commerce |
2,7% |
0,6% |
-1,1% |
Diminution |
12% |
Administration (sécurité militaire) |
1,1% |
2,0% |
3,5% |
Accélération |
7% |
Transport et stockage |
1,3% |
-0,6% |
0,6% |
Rétablissement partiel |
6% |
Finance et assurance |
5,4% |
0,3% |
2,1% |
Accélération |
5% |
Agriculture |
0,3% |
1,4% |
-2,9% |
Diminution |
5% |
TIC |
3,5% |
3,5% |
0,5% |
Ralentissement |
3% |
Sur une plus longue durée, deux secteurs n’ont pas encore retrouvé leur niveau de production d’avant-guerre. Il s’agit du commerce et de l’industrie extractive, dont les niveaux d’activité demeuraient respectivement inférieurs de 2,2% et 4,9% au T3 2024 par rapport au T1 2022, à rapporter à une croissance du PIB de 4,8% au cours de cette période.
A l’inverse, les secteurs liés à l’industrie de défense, aux nouvelles technologies et à la finance ont connu une progression particulièrement rapide. Toujours sur la même période, l’activité a augmenté de 11,6% dans l’industrie manufacturière, 18% pour la sécurité militaire, 24,2% pour les services liés aux technologies de l’information et la communication, et 30% pour les services financiers et assurantiels.
Figure 5 : Variation de l’activité par secteur en niveau, c.v.s., T1 2022 = 100