Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions de l'antenne de Lagos et du Service économique d’Accra.

LE CHIFFRE A RETENIR
7,2 %

C’est la croissance du Ghana au troisième trimestre 2024 selon le Service statistique du Ghana (GSS), après 4,8 % et 7,0 % aux premier et deuxième trimestres respectivement.

Nigéria :

Le naira s’apprécie de 8,3 % par rapport au dollar depuis le début du mois de décembre ; Le géant pétrolier Equinor achève son retrait du Nigéria pour 1,2 Md USD ; Malgré une baisse de 87 % des investissements étrangers dans le secteur nigérian des télécommunications au troisième trimestre, l’année 2024 s’annonce d’ores et déjà meilleure que 2023.

Ghana :

L’ancien président John Dramani Mahama élu président de la République du Ghana.

 

Nigéria

Le naira s’apprécie de 8,3 % par rapport au dollar depuis le début du mois de décembre

La monnaie nigériane a gagné 8,3 % de sa valeur face au dollar depuis le début du mois de décembre, passant de 1 661 NGN pour 1 USD le premier du mois à 1 534 NGN pour 1 USD le 13 décembre. Plusieurs facteurs pourraient expliquer cette appréciation.

Tout d’abord, l’émission récente d’eurobonds à hauteur de 2,2 M USD a augmenté les réserves de dollars au Nigéria, renforçant ainsi le naira. Le succès de l’émission (sursouscription de 418 %) peut également traduire une certaine confiance des investisseurs dans l’économie nigériane, malgré des taux de coupon élevés (9,625 % pour la maturité de 6,5 ans et 10,375 % pour la maturité de 10 ans). Les réserves de change de la Banque centrale du Nigéria (CBN) sont par ailleurs en hausse continue depuis le début du mois, atteignant 40,5 Md USD au 12 décembre, soit un niveau record depuis novembre 2021 – d’autant qu’au moins 7 Md USD d’arriérés de change ont été résorbés en 2024 par la CBN. La semaine dernière, la CBN serait en outre intervenue sur le marché des changes avec la vente de 125 M USD aux bureaux de change autorisés.

De plus, les chiffres de la production de pétrole récemment publiés par la Commission de régulation du secteur pétrolier upstream nigérian (NUPRC) ont pu renforcer la confiance des investisseurs sur la capacité du Nigéria à dégager des recettes en devises. La production de pétrole brut du Nigéria serait en effet de 1,5 mbpj en décembre 2024, soit un niveau jamais atteint depuis mai 2020.

Cette appréciation récente semble se limiter au taux de change officiel, 1 USD s’échangeant contre 1 670 NGN sur le marché informel au 12 décembre.

Le géant pétrolier Equinor achève son retrait du Nigéria pour 1,2 Md USD

Chappal Energies a finalisé l'acquisition d'Equinor Nigeria Energy Company (ENEC), filiale de la société norvégienne Equinor ASA, après une première annonce en 2023. Cette transaction, estimée à 1,2 Md USD (710 M USD en prix d'achat et le solde en paiements conditionnels), marque le retrait total d'Equinor du Nigéria. ENEC détient une participation de 53,9 % dans la licence pétrolière OML 128, incluant 20 % du champ pétrolier Agbami, opéré par Chevron, ainsi que l'exploitation d'OML 129.

Malgré des retards liés à l'obtention de l’approbation des régulateurs nigérians, celle-ci avait finalement été délivrée en novembre 2024. Le transfert d'actifs à Chappal Energies, une entreprise nigériane, a donc pu être effectué le 6 décembre 2024.

Présente au Nigéria depuis 1992, Equinor a contribué au développement du champ Agbami, un projet offshore majeur ayant produit plus d'un milliard de barils depuis 2008. Cependant, le déclin de la production d'Agbami et une réorientation stratégique vers des actifs plus rentables ont motivé la cession. Equinor réaffirme ainsi son objectif d'optimiser son portefeuille international tout en recentrant ses activités sur des zones prioritaires, mettant notamment en production de nouveaux champs au Brésil, au Royaume-Uni et aux États-Unis.

Ce retrait s’inscrit dans le mouvement plus général de la part de plusieurs compagnies pétrolières internationales (IOCs) qui, mis à part TotalEnergies, se désengagent du Nigéria ou du moins se concentrent sur la production offshore en revendant leurs actifs onshore.

Malgré une baisse de 87 % des investissements étrangers dans le secteur nigérian des télécommunications au troisième trimestre, l’année 2024 s’annonce d’ores et déjà meilleure que 2023

Le secteur des télécommunications au Nigéria a enregistré une baisse de 87 % des investissements étrangers au troisième trimestre 2024, attirant seulement 15 M USD, contre 113 M USD au deuxième trimestre. Malgré cette baisse récente, 2024 est déjà une meilleure année pour le secteur des télécoms nigérianes, avec des flux entrants de capitaux de 192 M USD au premier trimestre, surpassant ainsi le total de l'année 2023 (135 M USD).

Les investissements de 2024 sont en expansion par rapport aux années précédentes mais l'industrie continue face à des défis significatifs, notamment l'instabilité du taux de change, les multiples taxes et les frais liés aux droits de passage (« Right of Way »). Ces irritants freinent l'importation d'équipements et découragent les investisseurs étrangers.

Il y a une tendance générale à la baisse des investissements depuis 2017 – hors 2019, année exceptionnelle au cours de laquelle 944 M USD de capitaux entrants avaient été enregistrés. Entre 2020 et 2023, en moyenne 279 M USD de capitaux ont été investis dans le secteur des télécommunications, après 852 M USD entre 2014 et 2017.

Pour rétablir l'attractivité du secteur, les acteurs appellent à des politiques gouvernementales stables et à un environnement plus favorable aux investisseurs étrangers.

 

Ghana

L’ancien président John Dramani Mahama élu président de la République du Ghana

Le Ghana a réélu son ancien président John Dramani Mahama à la tête de l’État avec 56 % des suffrages lors des élections du 7 décembre 2024.

M. Mahama est le président du Congrès national démocratique (NDC). Le parti d’opposition a également remporté les élections législatives, organisées simultanément. De retour au pouvoir après avoir dirigé le pays de 2012 à 2017, John Mahama doit faire face à des défis urgents comme la maîtrise de l’inflation et la dépréciation du cédi, tout en poursuivant la mise en œuvre du programme de 3 Md USD du Fonds monétaire international (FMI).

M. Mahama compte mettre au cœur de ses réformes la politique économique dite « des 24 heures », qui vise à mettre en œuvre un système productif fonctionnant 24h/24 grâce à un système horaire de travail en trois-huit pour réduire le chômage et stimuler la productivité. Parmi ses autres mesures phares prévues dans les 100 premiers jours de son mandat figurent une réforme de la TVA (actuellement à 15 %) et la suppression de certaines taxes controversées, telles que l’ « E-Levy » (taxe sur les transferts électroniques d'argent) et la taxe COVID-19.

John Mahama a également déclaré que le prochain gouvernement mettra en œuvre un vaste programme de transformation économique axé sur l’agriculture et la valeur ajoutée locale.