L'emploi aux États-Unis a été perturbé par les événements climatiques et les grèves

Ces derniers mois, le marché de l’emploi aux États-Unis a connu un ralentissement mesuré, avec toutefois des variations parfois heurtées au mois le mois.

En octobre 2024, le taux de chômage était resté stable à 4,1 % selon le rapport de novembre du Bureau of Labor Statistics (BLS), confirmant une stagnation des pressions sur l’emploi. Cette stabilité était liée à des créations nettes d’emplois dynamiques dans des secteurs clés tels que les services professionnels, la santé et l’éducation qui connaissent de fortes croissances ces derniers mois. Entre septembre 2023 et septembre 2024, les créations d’emplois non-agricoles ont avoisiné les +194 000 en moyenne chaque mois, contre +183 000 entre 2010 et 2019, confirmant la consolidation du marché du travail américain.

La courbe de Beveridge illustre la relation entre le taux de chômage et le taux de postes vacants dans une économie, reflétant l’équilibre du marché du travail. La courbe bleue ci-dessous atteste de la normalisation progressive du marché du travail avec un retour à ses standards prépandémiques, à un niveau où le nombre de postes vacants (4,4 % en septembre) reste légèrement supérieur au taux de chômage (4,1 %) aux États-Unis, après le phénomène de « Grande démission » observé fin 2021 et début 2022. Depuis cette date, le taux de chômage oscille entre 3,4 % et 4,3 %, alors que le taux de vacances a diminué progressivement, passant de 7,4 % en mars 2022 à 4,4 % en septembre 2024.
Etats-Unis : courbe de Beveridge

Toutefois, le chiffre de créations nettes d’emplois d’octobre était venu ternir le tableau, avec seulement +12 000 créations sur la période (contre +113 000 selon les anticipations de marché), correspondant à l’augmentation mensuelle la plus faible depuis fin 2020. Ce chiffre reflètait deux phénomènes conjoncturels : (i) l’impact des grèves lancées par le syndicat des machinistes IAM de Boeing mi-septembre qui ont duré jusque début novembre et contribué à réduire temporairement les embauches, ainsi que (ii) celui des ouragans Helene (26-27 septembre) et Milton (10-12 octobre), qui ont engendré des interruptions ponctuelles d’embauches dans les secteurs sensibles tels que la construction et l'hôtellerie en Floride et au Texas. Selon une analyse des économistes de Morgan Stanley, ces facteurs ont conduit à une perte de 60 000 emplois du fait des ouragans et de 41 000 emplois du fait des grèves.

Etats-Unis : évolution de l'emploi non-agricole

Cet impact a néanmoins été temporaire : le retour en emploi des travailleurs affectés par les ouragans ou les grèves devrait soutenir les créations nettes d’emploi de novembre d’environ +100 000 emplois supplémentaires (Morgan Stanley), et donc permettre un rebond après un mois quasiment atone. De plus, les travaux de reconstruction après les dégâts des ouragans Helene et Milton étaient susceptibles de créer un surcroît d’activité dans le secteur, augmentant l'emploi à court terme.

Le rapport du BLS publié le 6 décembre confirme ces anticipations : l'économie américaine a créé 227 000 emplois nets en novembre, le chiffre d'octobre étant par ailleurs révisé à la hausse (à 36 000 emplois nets).