Toute l'actualité économique et financière hebdomadaire de l'Arabie Saoudite, du Bahreïn, des Emirats arabes unis, du Koweït, d'Oman, du Qatar et du Yémen....

Finances d'Arabie : les sept piliers de la dépense

Le 10 octobre 2024, le Cabinet des Emirats arabes unis, organe exécutif de la Fédération, a annoncé le budget fédéral prévisionnel pour l’année fiscale 2025. Celui-ci n’a jamais été aussi élevé : avec des dépenses allouées fixées à 71,5 milliards de dirhams émiriens (17,9 milliards d’euros), il enregistre une hausse spectaculaire, de 11,6 % en un an, après cinq années de stagnation[1]. Dans le cadre du plan budgétaire pluriannuel adopté en 2023, qui prévoie 252 milliards d’AED (63 milliards d’euros) de dépenses totales étalées sur trois ans, celui-ci devrait encore être amené à augmenter en 2026. Faut-il voir, derrière cette dynamique budgétaire fédérale, une forme de recentralisation de l’action gouvernementale, au détriment des pouvoirs de chaque émirat ? Peu probable, en réalité.

Cette croissance du budget fédéral devrait être durable grâce à l’introduction récente de nouvelles taxes fédérales (TVA depuis 2018 et impôt sur les sociétés depuis 2023), dont les recettes sont partagées entre l’émirat de prélèvement et le gouvernement fédéral[2]. De plus, le budget 2025 enregistre surtout une nette hausse des dépenses par rapport aux années précédentes. Rompant avec le traditionnel excédent budgétaire fédéral, ce budget sera à l’équilibre, alors que les dépenses publiques totales des Emirats arabes unis (dépenses locales comprises) préservent un important excédent budgétaire, qui devrait atteindre 4,9 % du PIB en 2024.

Par ailleurs, le poids global du budget fédéral dans le total des dépenses aux Emirats reste très faible : il représentait 14,3 % des dépenses publiques émiriennes en 2023, et ce chiffre devrait tomber à 13,8 % en 2024. Force est de constater que les Emirats sont toujours le « pays dont le niveau de décentralisation budgétaire est le plus élevé du monde », selon la formule du FMI[3]. L’augmentation des prérogatives de l’Etat fédéral, historiquement poussée par Abou Dabi (de loin le principal contributeur à son budget[4]), se heurte toujours aux réticences des autres émirats, et en particulier de Dubaï, qui y voient une forme de concentration rampante de la domination économique de la capitale.

Les attributions du gouvernement fédéral, et par conséquent les ressources qui lui sont allouées, sont en effet structurellement limitées. En effet, les ressources naturelles de chaque émirat, de même qu’une bonne partie des impôts prélevés sur leur sol, leur appartiennent en propre et font l’objet d’une gestion purement locale. De même, la Constitution, qui liste les compétences revenant au gouvernement fédéral, attribue implicitement aux émirats toute compétence non explicitement dévolue à la Fédération. L’émirat d’Abou Dabi exerce par ailleurs des compétences singulières, d’ordre quasi-fédéral : il contribue par exemple largement aux dépenses liées à la sécurité et à la défense, pourtant théoriquement à la charge de l’Etat fédéral[5]. Les grands projets d’infrastructures sont également financés au niveau des gouvernements locaux ou par leurs fonds souverains. Le budget fédéral est par conséquent essentiellement consacré aux dépenses sociales (39 % du budget), et en particulier à l’éducation (15,5 %), un des objectifs prioritaires du gouvernement émirien[6].

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Source : SER, à partir des données du Ministère des Finances, du Département des Finances de Dubaï et du Bureau gouvernemental des médias de Sharjah  [7] 

Dans ce contexte, l’émirat d’Abou Dabi joue un rôle central dans la dépense publique. L’émirat de la capitale contient en effet la quasi-totalité des réserves pétrolières nationales, contrôle la politique extérieure des Emirats et, depuis le sauvetage de Dubaï en 2009, dispose de larges compétences sur la politique économique du pays. Les dépenses d’Abou Dabi ne se concentrent ainsi pas uniquement sur le sol de l’émirat, mais financent également des projets et des politiques à l’échelle nationale. De fait, l’émirat joue, dans de nombreux domaines, le rôle d’Etat central palliant à la faiblesse des moyens alloués à l’échelon fédéral.

 


[1] Depuis 2020, le budget fédéral émirien est resté relativement stable, aux alentours de 60 milliards d’AED. Il avait certes augmenté de 6 % en 2023, à 63 milliards d’AED, dans un contexte budgétaire particulièrement favorable du fait de cours du pétrole élevés, mais a ensuite stagné en 2024.

[2] Le gouvernement fédéral des Emirats arabes unis dispose d’autres ressources en propre. Il détient un fonds souverain, l’Emirates Investment Authority (EIA), fondé en 2007 et basé à Abou Dabi. Il s’agit du 5e fonds des EAU en montant d’actifs sous gestion (91 milliards de dollars selon Global SWF). Par son biais, la Fédération tire des revenus de ses participations dans des entreprises locales, notamment 60 % du capital de la compagnie de télécommunication Etisalat (e&). Par ailleurs, le gouvernement fédéral émet depuis 2021 des obligations sur les marchés pour se fournir en liquidité mais en 2023, la dette fédérale atteignait à peine 12 milliards de dollars, contre 66 milliards pour le seul émirat de Dubaï.

[3] FMI, Rapport pays n°17/219, Emirats arabes unis, 2017, p2.

[4] La contribution versée par chaque émirat au budget fédéral, sujet politiquement sensible s’il en est, reste hautement confidentielle. Néanmoins, d’après le FMI, les transferts de fonds depuis les émirats restent faibles, à l’exception d’Abou Dabi, et le gouvernement central tire 75 % de ses revenus de taxes nationales et de dividendes.

[5] Serhan Cevik, « Policy coordination in fiscal federalism: drawing lessons from the Dubai debt crisis », International Journal of Emerging Markets, 2019.

[6] D’après le dernier rapport PISA sur les EAU (2022), les élèves de quinze ans ont obtenus 431 points en mathématiques (contre une moyenne de 472 dans les pays de l’OCDE) et 417 points en lecture (contre 476 dans l’OCDE). Par ailleurs, la dernière Mise à jour économique du Golfe publiée par le FMI à l’été 2024 pointe la stagnation relative du niveau des élèves aux EAU aux cours des deux dernières années, même s’il reste au-dessus de la moyenne du CCG.

[7] La situation des finances publiques des émirats d’Abou Dabi, d’Ajman, de Fujaïrah et d’Oum al-Qaïwaïn n’est pas publiée ; ces chiffres sont le résultat d’estimations du pôle macroéconomique du SER. Les résultats obtenus sont cohérents avec les données de l’Oxford Business Group.

 

Leila Larbi, Adjointe au chef de service et Conseillère financière régionale

Luidgy Belair, Attaché macroéconomique et financier

Alexis Duloutre, Analyste macroéconomique et financier

 

Pétrole et gaz

Brent 25/10/2024 à 12h00 GST : 74,192 USD/Bbl

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Le cours du pétrole est en hausse limitée cette semaine, après un pic à 76 dollars jeudi. Les efforts diplomatiques américains et français en vue d’un cessez-le-feu au Proche-Orient n’ont pas apaisé les inquiétudes des marchés, et le conflit continue de faire peser des risques sur la production du Golfe. Les perspectives de la demande mondiale restent pourtant ternes, alors que l’activité économique de la zone euro a stagné ce mois-ci et que la demande chinoise demeure atone.  

Le baril de Brent vaut vendredi midi 74,192 dollars, en hausse de 2% sur la semaine. Les cours sont montés d’1,5 dollars, contrastant avec la baisse marquée de la semaine dernière. Le WTI s’échange quant à lui à 70,37 dollars le baril, en hausse d’un dollars. A l’approche de l’hiver et alors que l’Europe une période de basses températures, le gaz naturel est quant à lui reparti à la hausse après deux semaines de baisse, et se négocie 2,5199 dollars MMBtu (7,9606 euros/MWh), en croissance de 7%.

Les marchés sont toujours dans l’expectative concernant la réplique israélienne contre l’Iran, susceptible d’entrainer une perturbation massive de la production pétrolière si elle prenait pour cible les installations d’hydrocarbures iraniennes. La reprise des négociations entre Israël et le Hamas n’a pas compensé ces inquiétudes.

Côté demande, les estimations de l’AIE restent pessimistes sur la demande chinoise, malgré le stimulus annoncé par le gouvernement en début de mois, mais l’Europe devient également une source d’inquiétude. Contre toute attente, le PMI provisoire composite de la zone euro est tombé à 48,9 en septembre, contre 51 en août, laissant présager une baisse de la demande européenne. Les Etats-Unis font cependant exception, puisque les importations nettes ont augmenté de 900 000 barils par jour. La hausse des exportations est notamment tirée par la demande post-ouragan, après la désorganisation entrainée par la tempête Milton.

Du fait de la hausse des importations, les stocks de brut aux Etats-Unis ont fortement augmenté, dépassant les prévisions. Les inventaires ont augmenté de 5,5 millions de barils, atteignant 426 millions de barils cette semaine. Cette hausse compense la baisse des stocks marquée de la semaine dernière.

Enfin, les marges des raffineurs se contractent, alors que la demande en carburant s’érode et que la mise en service de nouvelles raffineries a considérablement développé l’offre. La marge de craquage de l’essence (gasoline crack spread, écart entre le prix du brut et celui de l’essence) aux Etats-Unis est tombée à son point le plus bas depuis près d’un an à 11, 73 dollars le baril. Le taux d’utilisation des raffineries a également augmenté de 1,8%, à 89,5% des capacités totales.  

 

Brèves économiques 

Arabie saoudite

Macroéconomie & Finance

Le FMI revoit plusieurs de ses prévisions économiques pour l’Arabie saoudite. Dans son dernier World Economic Outlook, le FMI a revu à la baisse plusieurs de ses prévisions concernant l’Arabie saoudite. La croissance de l’économie saoudienne est projetée à 1,5 % en 2024, contre 1,7 % précédemment. Cette diminution est principalement attribuée à la prolongation des réductions de la production pétrolière. Cependant, les perspectives pour 2025 restent positives avec une croissance attendue de 4,6 %, supérieure à la moyenne mondiale (3,2 %), à celle des exportateurs de pétrole (3,9 %), des économies émergentes et en développement (4,2 %), ainsi que des économies avancées (1,8 %). Par ailleurs, les prévisions d'inflation ont été revues à la baisse, à 1,7 % pour 2024 et 1,9 % pour 2025. Le compte courant est désormais attendu en excédent à 0,4 % du PIB en 2024, contre un déficit de -1,8 % anticipé précédemment.

Les prêts bancaires en Arabie saoudite se sont élevés à 753 Md USD en août 2024, en augmentation de 12,1 % en g.a. Selon la SAMA, les prêts bancaires en Arabie saoudite ont atteint 753 Md USD en août, en hausse de 12,1 % en glissement annuel (g.a.), soit la croissance la plus élevée depuis 18 mois. Les prêts aux entreprises représentent 54 % du total des prêts et ont augmenté de 16 % sur la période. Les prêts aux particuliers, qui représentent 46 % du total des prêts, ont augmenté de 7,6 %. Le secteur immobilier arrive en première position et a capté 20,1 % des prêts aux entreprises (+26,4 % en g.a.), stimulé par les projets de la Vision 2030. On note également que les prêts au secteur de l’électricité, du gaz et de l’eau ont représenté 11,1 % du total, en hausse de 26,2 % en g.a.

Le flux entrant dIDE en Arabie saoudite sest élevé à 25,6 Md USD en 2023, en baisse de 19 % par rapport à 2022. Selon l'Autorité nationale saoudienne des Statistiques (GASTAT), le stock d’IDE en Arabie saoudite s’est élevé à 239 Md USD en 2023, en hausse de 13 % par rapport à 2022. En revanche, le flux entrant d'IDE a diminué de 19 % sur la période à 25,6 Md USD. Le flux sortant d’IDE a lui aussi diminué de 44 % à 2,7 Md USD. Le secteur manufacturier a représenté 29 % du total du stock d’IDE, suivi par le commerce de gros et détail à 15 % et les activités financières et d'assurance à 12 %. Les Émirats arabes unis sont le premier pays investisseur avec un stock de 41 Md USD, devant le Luxembourg (27 Md USD) et la France (17 Md USD).

Energie, Industrie & Services

Energie : lArabie saoudite annonce les consortiums préqualifiés pour les projets solaires de la cinquième phase du NREP. La Saudi Power Procurement Company (SPPC) a annoncé les entreprises présélectionnées pour la cinquième série de projets lancés dans le cadre du Programme national pour les énergies renouvelables (NREP). Cette série comprend quatre projets d’une capacité totale de 3 500 MW. Les projets devront attirer des investissements de plus de 2 Md USD. Ils sont développés sous un format de construction, de propriété et d’exploitation (BOO) par une société détenue à 100 % par le soumissionnaire retenu. Un accord d’achat d’électricité de 25 ans avec la SPPC sera ensuite conclu. Les consortiums préqualifiés sont les suivants :

Al Sadawi IPP (2 000 MW)

  • Abu Dhabi Future Energy Company – Masdar – (UAE), Korea Electric Power Corporation (Corée du Sud) et GD Power Development Co. (Chine) ;
  • SPIC Huanghe Hydropower Development Co. (Chine) et EDF Renouvelables (France).

Al Masaa IPP (1 000 MW)

  • SPIC Huanghe Hydropower Development Co. et EDF Renouvelables ;
  • Al Jomaih Energy and Water Company (KSA) et TotalEnergies Renewables (France).

Al Henakiyah 2 IPP (400 MW)

  • SPIC Huanghe Hydropower Development Co. et EDF Renouvelables ;
  • Abu Dhabi Future Energy Company – Masdar – (UAE), Korea Electric Power Corporation, NESMA (KSA).

Rabigh 2 IPP (300 MW)

  • Al Jomaih Energy and Water Company et TotalEnergies Renewables.
  • Abu Dhabi Future Energy Company – Masdar – (UAE), Korea Electric Power Corporation, NESMA (KSA).

Pour mémoire, EDF Renouvelables a remporté trois projets, Dumat Al Jandal (400 MW), South Djeddah (300 MW) et Al Henakiyah (1 100 MW) ; depuis le lancement du NREP et TotalEnergies celui de Wadi Ad Dawasir (120 MW). On estime pour le moment à 30 % la puissance totale gérée par des entreprises françaises dans le cadre de la partie gérée par le ministère de l’Energie du NREP. En effet, sur les 130 GW prévus d’ici 2030, 30 % sont sous l’autorité du ministère de l’Energie et les 70 % pris en charge par le fonds souverain PIF.

Le ministère de lIndustrie et des Ressources minérales lance un appel d’offres pour sept licences minières dans les régions de La Mecque et de Riyad. L’Arabie saoudite a invité les investisseurs locaux et internationaux à soumissionner pour l’obtention de sept licences d’exploration minière, couvrant une surface totale de 1 070 km². Les licences couvrent des sites riches en minéraux précieux tels que l'or, le cuivre, le zinc, le plomb et l'argent.

Quatre de ces sites sont situés dans la région de La Mecque, dont :

  • Wadi Al-Lith (243 km²) : cuivre, zinc et or.
  • Jabal Baydan (244 km²) : cuivre, or, zinc, argent, plomb ;
  • Umm Ajlan (78 km²) : cuivre, plomb, or ;
  • Jabal Al-Daamah (210 km²) : argent, plomb, zinc.

Dans la région de Riyad, les trois sites ouverts à l'exploration sont :

  • Jabal Al-Khullah – Nord (98 km²) : zinc, argent, plomb ;
  • Jabal Al-Khullah – Sud (19 km²) : zinc, plomb, argent ;
  • Jabal Sabha (171 km²) : argent, plomb, zinc, cobalt.

Le ministère de l'Industrie et des Ressources minérales a lancé cette initiative dans le cadre de ses efforts pour accélérer l'exploration et le développement des ressources minérales du Royaume, estimées à 2 500 Md USD en janvier dernier, bien que ce montant soit à relativiser en fonction des variations des cours des matières premières. L’Arabie saoudite souhaite faire du secteur minier le troisième pilier de son industrie, derrière le pétrole et la pétrochimie.

Maritime : Bahri souhaite moderniser sa flotte à l’aide d’un financement de 756 USD. Bahri, la compagnie maritime nationale saoudienne, a signé un accord de financement avec Alinma Bank (KSA), dans le cadre du programme de modernisation de sa flotte. Alinma Bank accordera donc à Bahri une facilité de crédit d’un montant de 756 M USD pour notamment financer l’achat de neuf Very Large Crude Carriers (VLCC) destinés à rendre la flotte de l’entreprise toujours plus moderne et compétitive et renforcer sa position à l’échelle régionale et internationale dans le domaine de la logistique et du transport maritime. Bahri est en effet la figure de proue du Royaume pour la réalisation de sa stratégie maritime qui vise à se placer en tant qu’acteur incontournable sur la scène internationale dans les chaînes de valeur et principales routes commerciales. La position stratégique du pays à cheval entre trois continents et son exposition à deux façades maritimes, la Mer Rouge et le Golfe Persique, sont ses principaux atouts. D’ici 2030, le pays souhaite traiter 40 M EVP par an contre 10 M actuellement.

King Salman Park attribue à Freyssinet un contrat de 400 M USD pour la construction de la Grande Mosquée. King Salman Park Foundation, en charge de l’exécution du gigaprojet, a attribué à Freyssinet Saudi Arabia un contrat pour la construction de la Grande Mosquée. Le montant du contrat s’établit à 400 M USD et celui-ci porte également sur la construction d’un parking souterrain, d’un tunnel, de travaux d’aménagement paysager et des services publics associés. Le projet devrait être achevé d’ici 2027. King Salman Park est situé au cœur de la capitale et couvre une superficie totale de 16,9 km². Une fois achevé, le projet comprendra 12 km d’espaces verts, 150 attractions, 10 M m² de bâtiments et 18 000 places de parking.

Émirats arabes unis

Macroéconomie & Finance

Le FMI prévoit 5,1% de croissance pour les Emirats arabes unis en 2025, et confirme ses estimations pour 2024, qui anticipent 4,0% de croissance du PIB, d’après le dernier rapport sur la situation économique mondiale publié mardi 22 octobre. Le FMI avait déjà fait état d’une conjoncture positive aux EAU en mai, après avoir conclu sa visite dans le pays dans le cadre de la mission Article IV. La région Moyen-Orient et Asie Centrale devrait quant à elle croître de 2,4% en 2025, puis de 3,9% en 2025.

Mubadala Capital finalise le lancement de son quatrième fonds de private equity, MIC Capital Partners IV avec des engagements totaux qui ont atteint 3,1Mds USD, bien au-delà de l’objectif initial, fixé à 2Mds USD. Le Fonds IV, qui sera spécialisé dans les investissements middle market, a obtenu des engagements de la part d’un vaste éventail de partenaires, y compris des fonds de pension américains, des gestionnaires d’assurance et des fonds souverains.

Le groupe de commerce de détail Lulu va émettre 2,58 milliards d’actions à partir du 28 octobre, soit 25% de son capital. L’entreprise espère lever entre 1,7 et 1,8 Mds USD, et prévoie de verser un dividende équivalent à 75% du bénéfice par action. Le groupe basé à Abu Dhabi, fondé dans les années 1990 par Yussuf Ali et dont le fonds souverain ADQ avait pris 20% de participation en 2020 pour un montant d’un milliard de dollars, possède aujourd’hui des supermarchés à travers le Moyen-Orient, l’Inde et l’Extrême-Orient.

Energie, Industrie & Services

Energies renouvelables : Les EAU ont signé un protocole d'investissement préliminaire avec le Rajasthan afin d'étudier le développement d'un projet de 60 GW. L'accord portera sur les possibilités d'énergie solaire, éolienne et hybride. 

 Lahab, fabricant de munitions basé aux EAU et filiale dEdge, a signé un accord de partenariat et un MoU avec Assan Group, fournisseur turc de munitions et de bombes pour avions, afin de développer conjointement de nouvelles solutions et d'étendre les capacités de fabrication de Lahab. 

Le gouvernement de Sharjah a approuvé la première phase d’un projet de drainage des eaux pluviales de 400M AED (109M USD). Cette initiative comprendra l’extension du système principal de drainage de l’émirat sur 4,9km et à 20m de profondeur. En juillet, l’émir de Dubaï a approuvé un plan similaire, « Tasreef », d’une valeur de 30 Mds AED (8,16 Mds USD) qui devrait être achevé d’ici 2033. 

Sanad a signé un accord de 408,4M USD pour la vente de 16 moteurs d’avion à Etihad Airways.  L’entreprise d’ingénierie aérospatiale est entièrement détenue par Mubadala.

Dubaï s’apprête à accueillir 90 000 nouveaux logements en deux ans dont 41 800 en 2025. Par ailleurs, le record historique de 101 654 unités lancées en 2023 semble sur le point d’être dépassé, le total pour 2024 s’élevant actuellement à 99 779 unités. 

Qatar

L’Emir du Qatar participe au premier Sommet CCG-UE le 16 octobre à Bruxelles. Dans son discours, l’Emir du Qatar, pays qui assure la présidence tournante du CCEAG, a rappelé le montant des échanges commerciaux entre le CCEAG et l’Union Européenne (204,3 Mds USD en 2022, soit 13,2% du volume total des échanges commerciaux des pays du CCG), les IDE du CCG dans les pays de l’UE (177,8 Mds USD en 2022) et ceux de l’UE au sein du CCG (233,6 Mds USD en 2022). L’Union Européenne demeure une zone d’intérêt stratégique pour les pays du Golfe. L’Emir a appelé au renforcement et à l’approfondissement de la coopération, à la coordination des efforts sur les questions régionales et internationales. Il a souligné la volonté du CCG d’encourager la coopération commerciale et les investissements, ainsi que dans les domaines de la recherche et de l'innovation, de la lutte contre le changement climatique, de la préservation de l'environnement et de la diversité économique.

Le gouverneur de la Banque centrale du Qatar, Bandar Al Thani s’est rendu à Washington, en marge des assemblées annuelles de la Banque Mondiale et du FMI.A cette occasion, le gouverneur, qui est également Président du conseil d’administration de la QIA, s’est notamment entretenu avec plusieurs banquiers d’affaires américains (JPMorgan Chase, Liberty Capital, BlackRock, Chernin Group, General Atlantic) ainsi qu’avec Elon Musk, dirigeant de Tesla et Space X. Pour mémoire, les réserves de la Banque centrale du Qatar, s’établissent à 69,3 Mds USD fin août 2024.

Qatar Airways lance le 1e vol mondial d’un Boeing 777 équipé de la technologie Starlink. Qatar Airways vise à déployer l'internet à haut débit et à faible latence de Starlink sur l'ensemble de ses flottes de Boeing 777 et d’Airbus A 350, d’ici 2025. Conçue par SpaceX, Starlink est une constellation de satellites utilisant une orbite terrestre basse qui fournira aux passagers un accès fiable à l'internet à haut débit.

La Qatar Investment Authority (QIA) participe à la levée de fonds de Group One qui détient le circuit international d'arts martiaux mixtes One Championship. La levée de fonds, d’un montant de 50 M USD, valoriserait Group One à plus de 1,3 Md USD. La QIA a déjà participé en 2021 à une précédente levée de fonds de l’entreprise. En outre, Group One a conclu en 2022 un partenariat pluriannuel avec BeIN Media Group pour la diffusion de ses évènements au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Le Qatar investit massivement dans le sport. La filiale de la QIA spécialisée dans le sport et les divertissements, Qatar Sport Investments (QSI), a investi 70 M USD en 2011 dans le Paris-Saint Germain (participation aujourd’hui évaluée à plusieurs milliards d’euros), et 80 M EUR dans le rachat en 2022 du club de football portugais Braga. La QIA a également pris en juillet 2023, 5% des parts (~4 Mds USD) de Monumental Sport & Entertainment, la maison-mère de plusieurs clubs professionnels de Washington et a acheté en 2023, le circuit professionnel World Padel Tour.

 Le Ministre algérien du commerce et des exportations en visite à Doha pour approfondir les sujets de coopération économique. Le Ministre algérien, Tayeb Zitouni s’est rendu à Doha, en marge de l’Exhibition des Produits Algériens, qui a réuni autour de 150 entreprises algériennes au Qatar. Il s’est notamment entretenu avec le PDG de la Qatar Free Zone, Sheikh Mohammed bin Hamad bin Faisal Al-Thani, et le Vice-Président de la Chambre de Commerce du Qatar (QC), Rashid bin Hamad Al Athba. Le ministre algérien a évoqué le doublement des échanges commerciaux entre le Qatar et l’Algérie en trois ans (81,5M USD en 2023 contre 36,2M USD en 2020) notant qu’une dizaine de grandes entreprises qatariennes ont des investissements importants en Algérie à l’instar de l’opérateur télécom Ooredoo. Pour rappel, les deux pays entretiennent une coopération étroite dans le secteur agroalimentaire. En avril 2024, le champion qatarien de l’agroalimentaire Baladna a signé un accord-cadre pour le développement d’un important complexe intégré de production de lait en poudre pour un montant de 3,5 Mds USD.  

La coopération économique entre le Qatar et l’Ouzbékistan maintient une dynamique positive. Le 24 octobre, le ministre des Finances qatarien, Ali bin Ahmed Al Kuwari, a co-présidé la réunion conjointe des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du CCG et du Caucase et de l’Asie Centrale au côté du Vice-premier ministre et ministre de l’Economie et des Finances de la République d’Ouzbékistan, Jamshid Kuchkarov. Cette rencontre a permis de discuter du renforcement de la coopération commerciale et financière entre les deux régions. Parallèlement, la Chambre de Commerce du Qatar (QC) a participé au Forum d’affaires Qatar-Ouzbékistan, en présence du Vice-Président de la QC, Mohamed bin Twar Al Kuwari, à Tashkent. Ce dernier s’est entretenu avec le ministre de l’Investissement, de l’industrie et du commerce, Laziz Kudratov, ainsi que le ministre des Technologies numériques de l’Ouzbékistan, Shermatov Sherzod Xotamovich. Le Qatar note le dynamisme de l’économie ouzbèke et manifeste son intérêt pour les secteurs identifiés comme prioritaires dans la stratégie de développement « Ouzbékistan 2030 ». La QIA a signé plus tôt dans l’année un MoU avec le fonds de reconstruction et de développement ouzbek pour la mise en place d'un fonds commun.

Koweït

La ministre de l’économie réaffirme la volonté du Koweït de reformer et diversifier son économie. En déplacement à Washington afin de participer à l’assemblée annuelle du FMI, Noora Al Faseem a déclaré que le Koweït était désireux de diversifier son économie et de renforcer les partenariats régionaux et internationaux afin d’atteindre les objectifs de “Vision 2035 pour le Koweït”. Elle a également indiqué que le Koweït “était en train de mettre en oeuvre des réformes majeures” tout en poursuivant son engagement en faveur d’une “plus grande soutenabilité sociale, environnementale et économique”, en phase avec les objectifs de développement durable des Nations Unies.

Le Koweït investit 1,3 Md USD dans la rénovation de ses infrastructures routières. Le Koweït vient de signer 18 contrats d'entretien et de maintenance de ses routes d’une durée de trois ans pour un total de 400 M KWD (1,3 Md USD). « C'est la première fois au Koweït que 18 contrats sont signés, couvrant toutes les régions du pays », a déclaré Khaled Al-Osaimi, directeur de l'Autorité publique pour les routes et les transports terrestres. L’état fortement degradé des chaussées alimentait la frustration de la population depuis plusieurs années. Parmi les entreprises retenues on compte notamment la société turque “Limak” (qui a remporté l’appel d’offres pour la construction du nouvel aéroport), la société qatarie “Al-Mohannadi For Roads” et la société koweïtienne “Combined Group Contracting Company”, cette dernière ayant déjà remporté d’importants marchés au cours du premier semester (brèves du 13/10).

Le Koweït relance les visas de travail de courte durée. À compter du 28 octobre, l'“Autorité publique pour la main-d'œuvre” instruira à nouveau les demandes pour des visas de travail de moins d’un an. L'initiative vise à accroître la flexibilité du marché du travail et à rationaliser la réalisation de projets de court terme lancés par le gouvernement. Ces nouvelles dispositions pourraient traduire une volonté d’accélérer la realisation de grands projets (port de Moubarak el Kebir par ex.) qui ne progressent aujourd’hui que très lentement.

Oman

La Banque centrale d’Oman a introduit une nouvelle loi pour protéger les dépôts bancaires en cas de défaut de paiement des banques, en vertu du décret royal 47/2024. La loi permet de mettre en place un mécanisme de compensation en créant deux fonds indépendants : i) Takaful Fun for deposit protection pour les banques islamiques et ii) Insurance Fund for deposit protection pour les banques conventionnelles. Le mécanisme de compensation prévoit une indemnisation totale si les dépôts sont inférieurs ou égauxs à 20k OMR – si le montant est supérieur l’indemnisation sera plafonnée à 20K OMR. La mesure vise à i) renforcer la résilience du secteur bancaire (filet de sécurité pour les plus petits épargnants, réduction du risque systémique, etc.) et ii) encourager l’épargne (plus grande confiance dans le système bancaire). Fin 2023, les dépôts représentent la principale source de financement : 80% des actifs et 70% des passifs, soit 29,1 Md OMR. Si les dépôts du secteur privé, qui représentent 66% des dépôts soit 19,2 Md OMR, ont progressé de +10,6% en 2023, les dépôts gouvernementaux ont quant à eux enregistré une croissance de +13% - représentant ainsi 31,5% des dépôts totaux (9,1 Md OMR).  

La croissance du PIB réel du Sultanat d’Oman a atteint +1,9% au premier semestre 2024, à 18,7 Md OMR (soit 48,6 Md USD), selon le National Center for Statistics and Information. Les activités non-pétrolières ont porté la croissance en enregistrant une hausse de +4,2%. Dans le détail, le secteur tertiaire, qui représente 9 Md OMR – soit 48% du PIB, a été porté (+3,3%) par les activités de transports et de stockage (+7,5%), de commerce et détail (+5,8%) et celles financières et d’assurance (+5%). De son côté, le secteur industriel (+6,1%) a représenté 21,4% avec notamment la part belle à la construction (8,4% de la VA du PIB réel). En revanche, le secteur pétro gazier, un tiers de la VA du PIB réel omanais, a enregistré une baisse de -2,5% en g.a. Cette récession s’explique en partie par la baisse de la production de brut (-7,4% en g.a.) suite aux engagements omanais dans le cadre de l’accord OPEP+.