Brèves économiques Japon–Corée du Sud, Période du 1er au 30 septembre 2024
BRÈVES ÉCONOMIQUES
JAPON & CORÉE DU SUD
Période du 1er au 30 septembre 2024
Sommaire
Japon
- Politiques économiques
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Les priorités économiques du nouveau gouvernement japonais s’inscrivent pour l’instant dans la continuité de l’action du précédent gouvernement Kishida
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Un an après le début des rejets en mer des eaux traitées de Fukushima, de bonnes nouvelles pour la filière pêche japonaise
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Le gouvernement japonais prépare des mesures pour développer « l’acier vert »
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- Entreprises
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Le projet de rachat de U.S. Steel par Nippon Steel gelé jusqu’aux résultats de l’élection présidentielle américaine
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L’édition 2024 du Tokyo Game Show a été marquée par un record d’exposants, dont plus de la moitié étaient internationaux
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Corée du Sud
- Politiques économiques
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Le Président Yoon Suk-yeol s’est rendu en République tchèque pour une visite d’État axée sur le nucléaire
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Le chômage atteint son plus bas niveau en Corée du Sud depuis 1999
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Première réunion du Mineral Security Partnership (MSP) sous présidence sud-coréenne
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- Entreprises
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Hyundai en voie de produire ses propres batteries pour véhicules électriques
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La Corée du Sud réduit l’ambition de son projet de régulation des grandes plateformes numériques
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Les prix des produits alimentaires en Corée du Sud parmi les plus élevés de l’OCDE
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Japon
1. Politiques économiques
Les priorités économiques du nouveau gouvernement japonais s’inscrivent pour l’instant dans la continuité de l’action du précédent gouvernement Kishida. À l’occasion de son discours de politique générale prononcé le 4 octobre, le nouveau Premier ministre Shigeru Ishiba a dressé les priorités économiques de son gouvernement. L’objectif principal affiché est d’assurer une sortie « décisive et durable » de la déflation d’ici trois ans, et de placer le Japon « sur la voie d’une croissance stable » en encourageant la progression continue des salaires et de l’investissement. Shigeru Ishiba a appelé de ses vœux « des augmentations salariales supérieures aux augmentations de prix » et a avancé à 2030 (contre 2035 auparavant) l’objectif de porter le salaire horaire minimum à une moyenne nationale de 1 500 JPY (9,4 EUR), contre 1 054 JPY (6,5 EUR) actuellement. Le gouvernement portera une attention particulière aux zones rurales, en doublant les subventions en faveur de leur développement. S. Ishiba entend en même temps améliorer la situation budgétaire du pays, mais l’objectif, fixé par le précédent gouvernement, d’un retour à un excédent primaire dès l’année fiscale 2025-2026, a déjà été abandonné. Enfin, S. Ishiba a invité la Banque du Japon (BoJ) à ne pas relever son taux directeur à court terme. Son intervention a initié une nouvelle phase de dépréciation du yen face au dollar et à l’euro. Il a par la suite précisé demeurer « aligné » avec la position du Gouverneur K. Ueda. Prime Minister's Office of Japan, The Japan Times, The Asahi Shimbun
Un an après le début des rejets en mer des eaux traitées de Fukushima, de bonnes nouvelles pour la filière pêche japonaise. Le plan de rejet, mis en œuvre sous la supervision de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), avait soulevé des protestations de la part de plusieurs pays voisins du Japon, en particulier de la Chine qui avait suspendu toutes les importations de produits de la pêche japonaise dès le début des rejets en août 2023 et adopté une posture très critique à l’égard du Japon. Après plusieurs mois d’échanges au niveau technique et politique, les gouvernements des deux pays ont annoncé le 20 septembre un accord ouvrant la voie à une reprise progressive des exportations. La perte du marché chinois, premier débouché pour la filière japonaise, a entraîné une perte cumulée proche d’1 Md EUR, que le développement d’autres marchés n’a pas compensé. Dans le même temps, Taïwan a annoncé la levée des dernières restrictions à l’importation encore en place depuis 2011 et la Corée du Sud, qui avait mis en place un dispositif de tests exceptionnels sur les produits de la pêche pour rassurer sa population, a indiqué qu’aucun des 27 000 tests effectués n’avait conduit à des relevés anormaux. Après avoir plongé au dernier trimestre 2023, les exportations de produits de la mer japonais vers la Corée du Sud se sont redressées au 1er semestre 2024. Japan times, Nikkei
Le gouvernement japonais prépare des mesures pour développer « l’acier vert ». Dans le cadre de la stratégie de « Transformation verte » (GX) de l’industrie sidérurgique japonaise, un nouveau comité d’études se penchera sur le développement commercial de produits sidérurgiques à faibles émissions et formulera des propositions de nature à favoriser l’essor de ce marché.
Le « groupe d’étude sur l’acier vert pour la promotion de la GX » sera constitué de cinq experts académiques des domaines de l’environnement et de l’énergie, et présidé par M. Hiroki KUDO, directeur de l’Institut japonais de l’économie de l’énergie (IEEJ), un think-tank proche du ministère de l’Économie, du commerce et de l’industrie (METI).
Les filières industrielles concernées participeront aussi à ce groupe d’étude (Nippon Steel, JFE Steel, Kobe Steel, la Fédération japonaise du fer et de l’acier), ainsi que des industries consommatrices (telles que l’Association japonaise des constructeurs automobiles ou encore l’Association de la filière de la construction).
Parmi les pistes de réflexions sont évoqués le recours à des évaluations indépendantes pour démontrer la valeur environnementale des produits, mais également une subvention aux coûts de fabrication de l’acier vert, ainsi qu’un soutien public à l’achat de véhicules qui utiliseraient de l’acier vert, entre autres. Les propositions du groupe sont attendues d’ici la fin de l’année 2024. Nikkei, METI
2. Entreprises
Le projet de rachat de U.S. Steel par Nippon Steel gelé jusqu’aux résultats de l’élection présidentielle américaine. L’offre d’acquisition de US Steel par Nippon Steel, le leader japonais de l’acier, est en attente d’examen par le Committee on Foreign Investment in the United States (CFIUS). Le gouvernement américain a étendu la période d’examen de ce dossier sensible au-delà de l’élection présidentielle du 5 novembre. Nippon Steel avait réintroduit son offre après le déplacement, début septembre à Washington, de son vice-président M. Takahiro Mori. Suite à l’annonce de la prolongation de l’examen, le président Imai Tadashi, également à la tête de la Fédération japonaise du fer et de l’acier, a déclaré qu’il n’était pas optimiste.
Le projet d’acquisition, lancé en décembre 2023 pour un montant de 14,1 Mds USD (13 Mds EUR), doit renforcer Nippon Steel face à la montée de la concurrence chinoise. Aux États-Unis, l’attention se porte sur le risque d’une fermeture des hauts-fourneaux en Pennsylvanie, pour des raisons liées tant à l’emploi qu’à la sécurité économique (l’acier fait partie des chaînes d’approvisionnement considérées comme stratégiques par l’Administration). Nikkei Asia, Nikkei Asia
L’édition 2024 du Tokyo Game Show a été marquée par un record d’exposants, dont plus de la moitié étaient internationaux. Tenue à Chiba (Makuhari) du 26 au 29 septembre, le Tokyo Game Show (TGS) a battu un record avec cette année un total de 985 exposants, dont plus de la moitié étaient internationaux. Parmi les entreprises françaises présentes figuraient Cross the Ages, Microïds, Dear Villagers et Dagada’s Story.
Cette année, 274 700 visiteurs ont participé au salon, une augmentation de 30 000 visiteurs par rapport à l’année 2023 qui avait vu le retour du salon en présence à Chiba. En comparaison, le Paris Games Week, plus grand évènement français dédié au jeu vidéo, a accueilli 180 000 visiteurs en 2023.
L’innovation était au cœur du salon, avec des stands consacrés à l’intelligence artificielle et aux technologies haptiques, visant à enrichir l’expérience de jeu et à renforcer l’engagement des utilisateurs. Sony y a présenté la PlayStation Pro, une version premium de la PlayStation 5 avec des visuels de meilleure qualité, augmentés grâce à l’intelligence artificielle, sans compromis sur les performances de calcul.
Cette édition confirme le succès des jeux vidéo sur mobile (tels que Sonic Rumble ou Mario Kart), dont les revenus représentent aujourd’hui plus de la moitié du marché mondial. Au Tokyo Game Show, le stand de Google Play, plateforme de distribution de jeux mobiles, a également impressionné. Nikkei Asia, The Japan Times
Corée du Sud
1. Politiques économiques
Le Président Yoon Suk-yeol s’est rendu en République tchèque pour une visite d’État axée sur le nucléaire. Cette visite fait suite à la désignation par le gouvernement tchèque, en juillet, d’un consortium dirigé par Korea Hydro & Nuclear Power (KHNP) comme soumissionnaire privilégié pour un important projet de construction de deux réacteurs nucléaires à Dukovany. Lors de la visite, la Corée du Sud et la République tchèque ont signé un total de 56 Memorandums of Understanding (MOU), dont 13 dans des secteurs considérés clés et constituant l’écosystème des centrales nucléaires, ainsi que sur les trains à grande vitesse, les batteries, les technologies de l’énergie, la robotique, les machines de précision, l’optique et la photonique, les technologies de l’hydrogène et l’aide à la reconstruction de l’Ukraine. Pour renforcer institutionnellement un cadre de coopération global, un accord de promotion du commerce et de l’investissement (Trade and Investment Promotion Framework –TIPF) a été signé entre les deux gouvernements, marquant le 25ème accord de ce type conclu par la Corée du Sud et le 5ème avec un pays européen. Yonhap News Agency, Korea Times, Korea JoongAng Daily, Korea.net
Le chômage atteint son plus bas niveau en Corée du Sud depuis 1999. Le taux de chômage en Corée du Sud, corrigé des variations saisonnières, a diminué en août pour atteindre un plus bas historique à 2,4 %, contre 2,5 % en juillet (et 2,5 % un an auparavant), selon les données du Bureau des statistiques. En août, le nombre de chômeurs s’est élevé à 564 000 personnes, en baisse de -1,6 % en glissement annuel (g.a.), alors que le nombre de personnes occupées s’est élevé à 28,8 millions, en augmentation de +0,4 % en g.a. L’industrie manufacturière, moteur principal de la croissance de l’économie, a été moins performante au cours des dernières années en termes de création d’emplois, alors que les emplois dans les services, généralement moins bien rémunérés, ont progressé à un rythme soutenu au fil des ans. Par ailleurs, près d’un quart de million de jeunes sont sans emploi depuis au moins trois ans, avec une part croissante d’entre eux – de plus d’un tiers –, déclarant qu’ils ne cherchaient pas de travail et qu’ils ne suivaient pas de formation. Cette montée des jeunes économiquement inactifs au niveau le plus élevé depuis mai 2021 contraste avec la diminution globale de la population de cette tranche d’âge (9,07 millions de personnes âgées de 15 à 29 ans en mai 2019, contre 8,17 millions en mai 2024). Reuters, Korea times, Statistics Korea, The Korea Herald
Première réunion du Mineral Security Partnership (MSP) sous présidence sud-coréenne. Les 14 États-membres du partenariat (Allemagne, Australie, Canada, Corée du Sud, Estonie, États-Unis, Finlande, France, Inde, Italie, Japon, Norvège, Royaume-Uni et Suède, auxquels s’ajoute l’Union européenne) se sont réunis le 26 septembre à New York, à l’occasion d’une réunion présidée par le vice-ministre sud-coréen des Affaires étrangères, dans le cadre d’une présidence qui a démarré le 1er juillet 2024 pour une durée d’un an. À cette occasion, la Corée du Sud a souligné le lien étroit entre la stabilisation des approvisionnements en minéraux critiques et la continuité de chaînes de valeurs stratégiques pour le pays, comme l’intelligence artificielle, les semi-conducteurs et les batteries. Parmi les 32 projets conduits dans le cadre de ce partenariat, la Corée du Sud a mentionné un projet dans le domaine du graphite en Tanzanie, porté par le groupe coréen POSCO (sidérurgie, batteries), en coopération avec l’entreprise australienne Black Rock Mining. Ministère des Affaires étrangères, Département d’État américain, KBS, Yonhap
2. Entreprises
Hyundai en voie de produire ses propres batteries pour véhicules électriques. Selon la presse sud-coréenne, le troisième constructeur automobile mondial se prépare à construire ses premières lignes de production de batteries pour véhicules électriques à l’horizon 2027. Cette production serait complémentaire de ses approvisionnements en batteries auprès des fabricants comme LG, SK et CATL. Hyundai serait ainsi en pourparlers avec des fournisseurs de matériaux pour batteries, notamment de cathodes. Quelques jours après la publication de cette information, Hyundai a annoncé le lancement d’un projet de recherche & développement, conjointement avec sa filiale acier et le fabricant sud-coréen de matériaux pour batteries EcoPro, en vue de mettre au point des technologies de cathodes de type LFP (lithium-fer-phosphate) basées sur des matériaux synthétiques. Ce projet, soutenu par la puissance publique sud-coréenne, aurait notamment pour objectif de réduire la dépendance de Hyundai aux matériaux chinois, en vue de se conformer aux règles de l’Inflation Reduction Act (IRA) américain. Korea Economic Daily, Korea Economic Daily, Korea Herald
La Corée du Sud réduit l’ambition de son projet de régulation des grandes plateformes numériques. Le 9 septembre, l’Autorité coréenne de la concurrence (FTC) a annoncé l’abandon du projet de loi sur la « promotion de la concurrence entre plateformes », optant à la place pour un amendement de la Loi générale sur la concurrence. Le projet de loi initialement envisagé, inspiré du Digital Markets Act (DMA) européen, prévoyait une pré-désignation de certaines plateformes imposant des obligations spécifiques à ces acteurs. Face à l’hostilité des entreprises du secteur, la FTC a opté pour une évaluation de la taille de la plateforme une fois qu’une plainte a été déposée pour concurrence déloyale (ex. : traitement préférentiel, vente liée). La sanction sera ainsi plus forte si la plateforme est jugée « dominante » (i.e. part de marché supérieure à 60 %, 10 millions d’utilisateurs et chiffre d’affaires annuel supérieur à 3,1 Mds USD) et l’amende pourra atteindre 8 % du chiffre d’affaires annuel (contre 6 % jusqu’à présent). Joongang Daily, Korea Business Daily, Maeil Business
Les prix des produits alimentaires en Corée du Sud parmi les plus élevés de l’OCDE. Selon un rapport de la Banque de Corée (BoK), les prix de l’alimentation en Corée du Sud étaient 56 % supérieurs à la moyenne des pays de l’OCDE. Les prix des produits frais, en particulier, sont particulièrement élevés et dépassent par exemple la moyenne OCDE de 279 % pour les pommes, 208 % pour les pommes de terre, 212 % pour le porc et 176 % pour le bœuf. Cet écart, qui s’est creusé depuis les années 1990, s’explique par plusieurs facteurs, parmi lesquels une faible productivité d’un secteur agricole marqué par un morcellement des exploitations et un vieillissement avancé des agriculteurs. Le manque de concurrence, l’inefficience et les marges excessives du système de distribution sont également mis en cause, ainsi que les restrictions aux importations. Le faible degré d’ouverture du marché sud-coréen à l’import pour certains fruits et légumes très consommés entraîne par ailleurs une forte volatilité des cours, au gré des aléas climatiques et sanitaires affectant les récoltes et des pics de consommation saisonniers. Le logement et l’habillement figurent également parmi les postes de dépenses pour lesquels la Corée du Sud connaît un niveau de prix supérieur à la moyenne de l’OCDE. Le prix moyen des services essentiels (énergie, eau, services publics) y est en revanche plus faible (70 % de la moyenne) en raison d’un niveau élevé de subventions publiques élevé, qui maintiennent des prix souvent inférieurs aux coûts de production. Korea Herald, JoonAng
Les informations présentées dans cette revue d'actualité mensuelle ont été identifiées par le SER de Tokyo et le SE de Séoul. Elles n'ont aucune vocation d'exhaustivité. Les avis exprimés sont les résumés des articles sources.
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