Flash conjoncture France - Les dépenses des touristes français à l’étranger encore bien en-dessous de leur niveau prépandémique
Dans son point de conjoncture de septembre, la Banque de France continue de prévoir une forte croissance au 3e trimestre, entre +0,35 % et +0,45 % après la hausse enregistrée au 2e trimestre (+0,2 %).
• Dans son point de conjoncture de septembre, la Banque de France continue de prévoir une forte croissance au 3e trimestre, entre +0,35 % et +0,45 % après la hausse enregistrée au 2e trimestre (+0,2 %). Cette forte hausse serait portée par une croissance sous-jacente d’environ 0,1 % à 0,2 %, à laquelle s’ajouterait l’impact transitoire des jeux olympiques et paralympiques (JOP) de l’ordre de +0,25 %. Le secteur des services marchands serait le principal contributeur à la hausse du PIB au 3e trimestre. Ensuite, le secteur de l’énergie serait à nouveau dynamique, alors que la valeur ajoutée dans l’industrie manufacturière serait en baisse, en lien avec celle de l’indice de la production industrielle (IPI), de −0,9 % en juillet.
• L’Insee conserve inchangée sa prévision de croissance annuelle pour 2024 à +1,1 %, dans son point de conjoncture de septembre. Elle révise toutefois à la baisse sa prévision de croissance française pour le 3e trimestre 2024 à +0,4 % (révisée de −0,1 pt), dont +0,3 pt d’effet JO. Au-delà de l’effet JO, l’Insee cite la consommation des ménages comme principal soutien à l’activité au 2e semestre, grâce à l’amélioration progressive de la confiance des ménages et la décrue de l’inflation.
• En août, l’inflation repasse pour la première fois depuis septembre 2021 sous les 2,0 %, atteignant +1,8 % après +2,3 % en juillet.
• Au deuxième trimestre 2024, les salaires horaires augmentent de 3,0 % sur un an, le coût horaire du travail de 3,4 %, selon l’indice du cout du travail de l’Insee.
Zoom sur le tourisme
Le grand écart : les français las du monde ?
Après un fort rebond postpandémie (+55,2 % en 2022 ; les plaçant à 91 % de leur niveau de 2019), les exportations de tourisme, c’est-à-dire les dépenses en France des non-résidents, ont continué à progresser de +9,5 % en 2023, selon l’Insee. En 2024, cette tendance se maintient puisque les exportations de tourisme croissent de +5,2 % au premier semestre, atteignant 109 % de leur niveau moyen de 2019. À l’inverse, les importations de tourisme, c’est-à-dire les dépenses des Français à l’étranger, n’ont pas rattrapé leur niveau de 2019, et se sont même ancrées à un niveau assez bas depuis le 3e trimestre 2022 : elles atteignaient 86 % de leur niveau moyen de 2019 au T3 2022, et 89 % au T2 2024. Ce différentiel d’évolution permet une contribution positive des échanges touristiques à la croissance de +0,2 point de PIB au premier semestre 2024.
Cette différence interroge. En effet, à la suite de la crise financière de 2007, les importations en volume avaient rattrapé leur niveau pré-crise après onze trimestres, contre quinze trimestres pour les exportations. Or, dix-huit trimestres après le Covid, les importations restent 10 % en dessous de leur niveau de 2019, alors que les exportations ont rattrapé leur niveau après quinze trimestres. Historiquement, l’évolution du trafic aérien vers l’Europe se corrélait bien à la hausse des exportations et des importations de tourisme. Or, à mesure que le trafic rebondit après la pandémie, les étrangers plébiscitent la France comme destination touristique mais les Français semblent moins partir à l’étranger.
Parmi les hypothèses pouvant expliquer ce changement, certaines sont des contraintes temporaires, telles que l’impact de la hausse de l’inflation sur le pouvoir d’achat ainsi qu’une sensibilité aux tensions géopolitiques. D’autres hypothèses sont davantage structurelles comme les risques climatiques, notamment de canicule, ainsi que, dans une moindre mesure, le désir de réduire l’empreinte écologique de ses voyages. Un récent baromètre Ipsos soulignait que les Français « voyageaient » plus que la moyenne européenne dans leur propre pays, les surnommant ainsi « champions du tourisme local ». Ce tourisme local a pu croitre postcovid et se substituer au tourisme international, expliquant ainsi la baisse en niveau des importations de tourisme. Quant à aux exportations françaises de tourisme, la probable dynamique d’attractivité post-JOPs ainsi que la hausse prévue du trafic aérien en Europe semblent prédire un horizon ensoleillé pour les recettes touristiques françaises. Si ces tendances se maintiennent, la différence entre imports et exports de tourisme perdura dans la comptabilité nationale et le solde touristique contribuera davantage à la croissance du PIB.