Publications des Services économiques

Zoom sur les projections macroéconomiques de la Banque de Russie

 

Dans le cadre de la présentation des principales orientations de la politique monétaire russe sur la période 2025-2027, la Banque de Russie a exposé quatre scénarios macroéconomiques possibles pour les trois années à venir.

La Banque de Russie (BdR) a rappelé les lignes directrices, inchangées, de sa politique et confirmé sa détermination à ramener l’inflation au niveau de la cible. Le maintien d’une inflation annuelle proche de 4% demeure l’objectif de la banque centrale, qui pourrait néanmoins, à plus long terme (pas avant 2028), envisager d’abaisser le niveau de la cible à condition que son niveau actuel soit respecté dans la durée. Le maintien du régime de change flottant, bien que mis à mal par les multiples mesures ayant affecté les flux de capitaux et la formation du taux de change, reste également prioritaire pour les banquiers centraux russes.

Parallèlement au scénario macroéconomique de base déjà présenté lors de la réunion de politique monétaire du 26 juillet dernier, la BdR a exposé trois scénarios alternatifs. Contrairement aux années précédentes, ces scénarios intègrent non seulement des variables liées à l’environnement extérieur (croissance et inflation dans les principales économies du monde, commerce extérieur, etc.) mais aussi différentes hypothèses d’évolution des conditions internes de l’économie (investissement, productivité, dépenses publiques, etc.). Les scénarios se déclinent de la manière suivante

  1. Le scénario de base est considéré comme le plus probable. Il suppose une poursuite des transformations actuelles de l’économie mondiale sans choc majeur, notamment la baisse progressive mais moins rapide qu’espéré de l’inflation et le maintien plus durable de taux directeurs élevés. Dans ce cadre, la croissance de l’économie russe serait comprise entre 3,5 et 4% et l’inflation (fin de période) entre 6,5 et 7% en 2024. Ces deux variables ralentiraient en 2025, notamment du fait d’une consolidation de la politique budgétaire, permettant une détente graduelle des conditions monétaires et un retour à la cible en 2026.
  2. Le scénario dit « désinflationniste » constitue une déclinaison plus optimiste et moins probable du scénario de base. Pour un niveau de demande équivalent, il postule une hausse plus rapide du potentiel de l’économie et de l’offre, permis par un niveau d’investissement plus élevé et une augmentation de la productivité globale des facteurs de production. Dans cette configuration, le surplus de demande actuellement constaté est absorbé par l’offre supplémentaire, ce qui favorise à la fois une croissance plus élevée en 2025 et 2026 et un retour à la cible d’inflation dès 2025. La réalisation de ce scénario serait corroborée par une croissance supérieure et une inflation inférieure aux prévisions de la trajectoire de base.
  3. Le scénario dit « inflationniste » représente le pendant pessimiste du scénario de base, et est considéré comme le scénario alternatif le plus probable. Ce scénario implique trois conditions : 1) le maintien d’une demande soutenue en 2025 et 2026 ; 2) l’absence de consolidation budgétaire, avec une part accrue des dépenses consacrées aux programmes de crédit subventionnés ; 3) le durcissement des mesures protectionnistes visant à favoriser la substitution aux importations (droits à l’importation, etc.). Une telle conjonction de facteurs conduirait à une inflation plus élevée sur l’ensemble de la période considérée, à une croissance plus élevée en 2025 mais plus faible en 2026 par rapport au scénario de base, et obligerait la Banque de Russie à retarder l’abaissement des taux, pour un retour à la cible d’inflation en 2027 seulement.
  4. Le dernier scénario dit de « crise mondiale » anticipe une dégradation brusque de la conjoncture internationale d’une ampleur comparable à celle de 2008. Le resserrement excessif des conditions monétaires dans les principales économies et l’aggravation des tensions entre Chine et États-Unis provoqueraient une chute de la demande mondiale se répercutant sur le prix des matières premières. Ce scénario induirait pour la Russie une chute de ses exportations en valeur et un soutien budgétaire contraint à l’économie, qui se traduiraient par une récession en 2025-2026 et une forte remontée de l’inflation. A noter que la réalisation de ce scénario est jugée moins probable que l’année passée par la BdR.

Récapitulatif : projections macroéconomiques de la Banque de Russie

Tableau

 Figure 1 : Scénarios macroéconomiques de la Banque de Russie

Graphique Graphique

GraphiqueGraphique

 Figure 2 : Trajectoire du PIB russe par scénario (2024 = 100)

Graphique