Coupe du monde de la FIFA 2034 : un véritable défi logistique pour l'Arabie saoudite

En octobre 2023, quelques semaines avant le vote du BIE qui a officialisé l’organisation de l’Exposition universelle à Riyad en 2030, l’Arabie saoudite avait annoncé son intention de soumissionner pour être le pays hôte de la Coupe du monde de la FIFA 2034, et donc de poursuivre dans sa stratégie d’accueil de grands rendez-vous internationaux pour légitimer ses ambitions dans le cadre du plan vision 2030 et confirmer son nouveau statut sur la scène internationale. Suite au retrait de la candidature australienne en octobre, le Royaume saoudien se retrouve seul pays en lice pour l’organisation de l’évènement.

Le dossier de candidature a officiellement été remis à la FIFA, le 29 juillet 2024, en présence du ministre des Sports SAR le Prince Abdulaziz Turki bin Faisal. Yasser Al Misehal, président de la Saudi Football Federation (SAFF), a ensuite détaillé la candidature du pays au cours d’une conférence très médiatisée qui s’est tenue à Riyad. A cette occasion, il a déclaré que l’Arabie saoudite avait reçu le soutien de 140 pays pour l’organisation de l’évènement [1] et a présenté les différentes infrastructures prévues.

En effet, la candidature du Royaume à accueillir la Coupe du Monde de la FIFA 2034 coïncide parfaitement avec les objectifs de la vision 2030 et s’inscrit sous le slogan « Growing. Together. » (Grandir. Ensemble.). Dans ce cadre, le sport est clairement identifié comme une composante essentielle du programme de Qualité de Vie, et le Royaume fait de grands progrès pour atteindre cet objectif grâce aux divers tournois et événements sportifs organisés dans une grande variété de sports de spectateurs tout au long de l'année. On peut notamment souligner la Coupe d’Asie des nations de football qui devrait avoir lieu en 2027 ; les jeux asiatiques d’hiver qui se tiendront à Trojena, projet de station de sports d’hiver faisant partie du programme Neom ou encore la Coupe du Monde d’Esport qui se tient actuellement à Riyad jusqu’au 25 août 2024 qui évoluera dès 2025 en Jeux Olympiques du Esport.

L'un des aspects essentiels de l'amélioration de la qualité de vie dans le pays consiste à motiver les jeunes pour qu'ils se lancent dans une activité entrepreneuriale. Ainsi, le sport est devenu un vecteur essentiel pour élargir le champ global de l'engagement économique productif dans le Royaume. Le ministre saoudien des sports, SAR le prince Abdulaziz bin Turki Al-Faisal, avait d’ailleurs déclaré après la décision du Congrès de la Coupe d’Asie des nations de football, que "l'organisation d'événements sportifs majeurs, et plus particulièrement du football, fait partie intégrante de la Vision 2030 de notre pays, qui vise à accroître la participation. Je ne doute pas que cela incitera les jeunes garçons et filles de tout le pays à faire du sport et à rêver de représenter un jour leur pays". Par ailleurs, Yasser Al-Misehal, président de la SAFF, avait également exprimé l'enthousiasme du Royaume à l'idée d'accueillir des supporters internationaux pour leur faire découvrir "les diverses cultures et villes que notre beau pays a à offrir".

Cet événement d’ampleur participera activement à placer l’Arabie Saoudite sur le devant de la scène internationale et constitue une importante opportunité de développement touristique. En effet, au-delà des opportunités offertes par le tournoi lui-même, d’autres émergeront dans les secteurs de l'hôtellerie, de la restauration, du tourisme et des infrastructures tout au long du parcours de préparation et d'accueil de la Coupe du monde, contribuant de manière significative aux plans de diversification économique de l'Arabie saoudite. Selon un rapport du ministère des sports d'Arabie saoudite, en 2020, le secteur sportif a créé plus de 14 000 emplois, rapporté environ 37 M SAR en recettes de billetterie et en dépenses des visiteurs, et augmenté de 129 % le pourcentage d'emplois dans les clubs sportifs.

La scène sportive saoudienne, en particulier le football, s'est rapidement développée au cours des dernières années avec l’achat de grandes stars du ballon rond et l’acquisition par le PIF des cinq principaux clubs du championnat saoudien (cf. NDI-2023-0290013)  Le football est donc un pilier essentiel de la stratégie sportive globale de l'Arabie saoudite, qui vise à autonomiser les jeunes hommes et les jeunes femmes, à accroître le PIB, à développer les secteurs du divertissement et du tourisme, et à renforcer les liens internationaux. La candidature de l’Arabie Saoudite pour être le pays hôte de la Coupe du monde de la FIFA 2034 s’inscrit parfaitement dans cette ambition et témoigne des réalisations et défis que le Royaume est prêt à relever.

Sur le volet logistique, l’organisation de cet événement représente un défi logistique de grande ampleur avec un tournoi qui accueille désormais 48 équipes nationales, contre 32 auparavant, et au cours duquel 104 matchs seront disputés, soit 40 de plus que les éditions précédentes. Il s’agira aussi de la première fois qu’une seule nation organisera ce nouveau format de la Coupe du monde de la FIFA, l’édition de 2026 étant organisée conjointement par le Canada, les Etats-Unis et le Mexique, et celle de 2030 sûrement par l’Espagne, le Portugal et le Maroc.

A cet effet, le comité d’organisation saoudien a annoncé construire onze stades et en rénover quatre, pour un total de quinze répartis dans cinq villes du pays (cf. Annexe 2). Huit de ces stades seront situés dans la capitale, à Riyad, et quatre autres à Djeddah. Les deux principales villes du pays regrouperont donc à elles seules 80 % des infrastructures et les autres villes retenues sont : Khobar, Abha et NEOM. Chacune de ces cinq villes proposera également deux fanzones appelée Fifa Fan Festival qui proposeront aux supporters des retransmissions en direct, des concerts, des évènements culturels, etc. En plus de ces cinq villes, dix autres ont été proposées pour accueillir les camps des différentes équipes : Tabuk, AlUla, Hail, Buraidah, Alahsa, Umluj, Médine, Taif, Al Baha et Jazan (cf. Annexe 1).

A Riyad, les huit stades prévus sont :

• King Salman International Stadium (92 720 places), ce stade devrait accueillir la cérémonie et le match d’ouverture ainsi que la finale du tournoi. Il devrait être achevé en 2029 ;
• King Fahad Sportscity Stadium (70 200 places), actuellement en cours de rénovation, sa réouverture est prévue pour 2026 ;
• Prince Mohammed bin Salman Stadium (46 970 places), ce nouveau stade serait situé à Qiddiya et devrait être achevé en 2029 ;
• New Murabba Stadium (46 000 places), nouveau projet qui devrait être achevé en 2032 ;
• ROSHN Stadium (46 000) places, nouveau projet qui devrait être achevé en 2032 ;
• Prince Faisal bin Fahad Sports City Stadium (46 865 places), actuellement en cours de construction, les travaux devraient être achevés en 2027 ;
• South Riyad Stadium (47 060 places), nouveau projet qui devrait être achevé en 2032 ;
• King Saud University Stadium (46 300 places), actuellement en rénovation et qui devrait être prêt pour 2032.

A Djeddah, les quatre stades proposés sont :

• King Abdullah Sports City Stadium (58 400 places), actuellement en rénovation et qui devrait être prêt pour 2032 ;
• Qiddiya Coast Staidum (46 000 places), nouvelle infrastructure prévue pour 2032 ;
• Jeddah Central Development Stadium (45 700 places), actuellement en construction, il devrait être achevé en 2027 ;
• King Abdullah Economic City Stadium (45 700 places), nouveau stade prévu pour 2032.

A Khobar, le Aramco Stadium (46 000 places) est en cours de construction et devrait être achevé en 2026.

A Abha, le King Khalid University Stadium (45 400 places) est en cours de rénovation et devrait être prêt en 2032.

Enfin, l’Arabie saoudite souhaite intégrer son gigaprojet NEOM à l’évènement en y construisant le NEOM Stadium (46 000 places), un stade futuriste et se voulant unique au monde car situé à 350 mètres du sol et pleinement intégré à la ville de The Line – dans l’un des premiers modules prévus, près de la Marina [2].

Le ministère saoudien des sports est en charge de la construction et de la rénovation des stades et a d’ores et déjà commencé à lancer les appels d’offres pour la construction des différentes infrastructures avec un plan d’investissement estimé à 2,7 Md USD, faisant écho aux aménagements entrepris par son voisin qatari pour l’accueil de la Coupe du monde de la Fifa 2022, évènement qui a nécessité un investissement total de près de 230 Md USD. En octobre 2023, le ministère avait nommé le cabinet Mace Groupe (Royaume-Uni) comme consultant pour la gestion du projet de construction des stades. En février 2024, Besix (Belgique) et Albawani (KSA) avaient été choisis pour construire le stade de Khobar pour un montant estimé à 1 Md USD [3]. Par ailleurs, de nombreux stades seront avant tout utilisés et inaugurés pour la Coupe d’Asie des nations de football, organisée par le pays en 2027.

L’Arabie saoudite devra également achever un certain nombre d’infrastructures de transport pour faciliter les déplacements des sportifs et des touristes. C’est le cas de projets comme le métro de Riyad mais aussi le Saudi Landbrige qui devrait permettre de traverser par voie ferrée le pays d’Est en Ouest, de Dammam à Djeddah, en passant par Riyad. Le transport aérien est aussi au cœur des préoccupations avec la rénovation des aéroports nationaux et régionaux et l’extension de l’aéroport international de Riyad.

En termes de capacité d’accueil, le pays affirme proposer d’ici 2034 plus de 230 000 clés dans différentes gammes de prix allant du low-cost au haut-de-gamme dans les cinq villes retenues pour l’organisation de la Coupe du monde. Il s’agit là d’un véritable défi pour l’Arabie qui disposait fin 2023 de 100 000 clés sur l’ensemble de son territoire [4] et près de 57 000 dans les cinq villes qui accueilleront les stades (cf Annexe 3). De plus, la plupart des projets hôteliers actuellement en développement sont destinés à du tourisme de luxe, ce qui ne permettrait pas d’accommoder tous les supporters qui viendront du monde entier pour assister à l’évènement.

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Commentaires

Une nouvelle fois, comme lors de l’édition de la CM au Qatar la question du calendrier se posera. Assistera-t-on à une nouvelle édition hivernale de la compétition ? Le futur officiel pays organisateur a déjà également mentionné que le calendrier prendrait également en compte les dates du Ramadan qui se déroulera entre novembre et décembre 2034. Enfin, d’ici l’organisation de cette compétition international le pays devra statuer sur l’évolution des lois saoudiennes régissant la consommation et la vente d’alcool.

Les coûts liés à l’organisation de l’évènement restent encore confus. En effet, l’Arabie saoudite avait annoncé investir 2,7 Md USD dans la construction d’infrastructures sportives et récemment, de nouvelles annonces ont estimé les contrats de construction des stades à plusieurs milliards de dollars. En effet, MEED avait estimé les contrats de construction du stade de Jeddah Central à 250 M USD, celui de NEOM à 200 M USD, et celui de Qiddiya à 315 M USD [5]. Le stade de Khobar qui avait été initialement annoncé à 270 M USD est désormais estimé à 1 Md USD. On peut donc anticiper de nécessaire réévaluations, soit des coûts à la hausse, soit des ambitions techniques à la baisse. A titre de comparaison, le Qatar avait dépensé 230 Md USD pour l’organisation de la Coupe du Monde de la FIFA 2022, un montant 15 fois supérieur à celui dépensé par la Russie pour l’édition précédente en 2018. L’Arabie saoudite devrait probablement suivre les traces du son voisin du Golfe pour pouvoir accueillir l’évènement du fait du peu d’infrastructures existantes à ce jour.