Flash conjoncture France - La réorganisation du trafic maritime pénaliserait l’activité française
En juin, l’inflation en France (au sens de l’IPC) diminue à +2,1 % en glissement annuel, selon les résultats provisoires de l’Insee, après +2,3 % en mai.
En juin, l’inflation en France (au sens de l’IPC) diminue à +2,1 % en glissement annuel, selon les résultats provisoires de l’Insee, après +2,3 % en mai. Cette baisse de l’inflation sur un an s’explique par un ralentissement des prix de l’alimentation et de l’énergie. En variation mensuelle, les prix à la consommation sont quasi stables à +0,1 % en juin, après +0,0 % le mois précédent.
• La confiance des ménages recule en juin après être restée stable en mai (−1 pt à 89 après +0 pt) et reste au-dessous de sa moyenne de long terme (100).
• En mai, les prix de production de l’industrie française se replient de nouveau à −5,1 % sur un an, après −5,4 % en avril, selon l’Insee. Ils diminuent sur un mois (−1,2 % après −2,8 %).
• La consommation des ménages en biens rebondit nettement en mai après un mois d’avril en berne (+1,5 % de variation mensuelle en volume, après −0,9 %, révisé de −0,1 point), d’après les chiffres de l’Insee.
• En avril 2024, la production dans les services est en nette hausse sur un mois (+3,6 %), après trois mois de baisse consécutifs.
• En avril 2024, le volume des ventes dans l’ensemble des secteurs du commerce augmente de +1,4 % sur un mois, après une baisse de −1,5 % en mars.
Zoom sur le trafic des principaux ports français de métropole
La réorganisation du trafic maritime pénaliserait l’activité française
Le trafic mondial de conteneurs progresse en 2024, avec un acquis de croissance de +3,8 % au mois de mai, après deux années de quasi-stagnation (+0,6 % en 2022 et −0,1 % en 2023). Cependant, derrière cette façade, les tensions géopolitiques et les attaques en mer Rouge depuis novembre 2023 perturbent le trafic maritime, provoquant le détournement d’une partie des flux passant habituellement par le Canal de Suez. En outre, au 2e trimestre, les délais rallongés liés à la congestion des ports asiatiques, particulièrement des ports chinois et singapouriens, se sont ajoutés aux perturbations. Cette congestion résulte d'une haute-saison du commerce maritime arrivée plus tôt qu'habituellement, dû à des activités de restockage, en particulier aux États-Unis, et d'un manque de conteneurs.
Ces deux effets ont fortement poussé à la hausse les prix du transport maritime : le Freightos Baltic Index, l’indice qui mesure le prix spot de transport de conteneurs standards de 40 pieds sur les principales routes maritimes, a connu une forte augmentation depuis le début de l’année. En juin 2024, l’indice a atteint 4446,4 contre 1346,2 en décembre 2023, soit une hausse de +230,3 %.
Cette réorganisation du trafic maritime, notamment pour contourner le Canal de Suez, semble entrainer un détournement des échanges des ports méditerranéens vers les ports de la façade atlantique et de la Mer du Nord. On observe notamment ce phénomène de réorganisation temporaire de l’activité portuaire dans le cas de la France. Les données provisoires du SDES (Service de la donnée et des études statistiques du Ministère de la Transition écologique) pour le T1 2024 indiquent une évolution trimestrielle du trafic négative dans le port de Marseille (−11,2 %) alors que les ports du Havre et de Dunkerque enregistrent des hausses importantes (+4,9 % et +5,2 % respectivement, cf. graphique ci-dessous).
Ce contexte inhabituel du commerce maritime mondial, causé par la réorganisation du trafic maritime et l'augmentation des prix, semble affecter l'activité française. Au plus fort de la crise de la Mer Rouge, en janvier, on a observé un recul notable des importations et des exportations (cf. flash France 764). Ensuite, les difficultés d'approvisionnement ont également pénalisé la production industrielle, notamment dans les secteurs dépendants des échanges maritimes. En effet, au 1er trimestre, la production industrielle de matériels de transport a chuté de −5,0 % (dont −8,1 % pour l'industrie automobile). Les biens d'équipement connaissaient également une baisse (−1,4 %) portée principalement par les baisses de la production de machines et équipements (−4,8 %) et d'équipements électriques (−1,9 %). En outre, les données d'enquête de la Banque de France en avril et la note de conjoncture de mars de l'Insee soulignaient des difficultés d'approvisionnement liées aux perturbations du trafic maritime, qui pénalisaient la production, notamment pour les entreprises aéronautiques et automobiles.