Derrière les corridors - Brèves Economiques de la Péninsule Arabique - Semaine du 10 au 16 juin 2024
Toute l'actualité économique et financière hebdomadaire de l'Arabie Saoudite, du Bahreïn, des Emirats arabes unis, du Koweït, d'Oman, du Qatar et du Yémen....
Derrière les corridors
Annoncé en septembre 2023 en marge du G20 de Delhi, le projet de corridor Inde Moyen-Orient Europe (IMEC) vise à renforcer l'intégration économique entre les deux continents et favoriser leur développement économique. Ce corridor économique de 4 800 km, qui comprend le corridor oriental (reliant l'Inde à la région du Golfe) et le corridor septentrional (reliant la région du Golfe à l'Europe), entend sécuriser les chaînes d'approvisionnement régionales et faciliter les échanges grâce (i) à la mise en place d'un réseau transfrontalier de transport maritime et ferroviaire fiable et rentable, (2) à l’installation de câbles électriques et de fibres optiques numériques le long des voies ferrées et, enfin, (3) à la promotion d'exportations d'hydrogène propre. Plaçant les Etats du Golfe au centre et fruit de concertations américaines, indiennes et européennes, cette nouvelle route des épices peut apparaître comme une initiative concurrente des nouvelles routes de la soie conçues par la Chine (Belt and Road Initiative - BRI).
Le 30 mai dernier, Sheikh Mohamed et le Président Xi Jinping ont signé un accord de coopération sur le projet BRI, alors même que les EAU avaient été partie prenante de l’accord IMEC. Comment interpréter ce jeu sur les deux tableaux ?
Première hypothèse, une forme de prudence sur le réalisme et les délais de réalisation de ces corridors logistiques, qui permettrait à peu de frais de se placer diplomatiquement au centre de chacune des deux sphères concurrentes (Nord / Sud) sans prendre parti. L'IMEC reconduit en grande partie des projets de connectivité préexistants et déjà en difficulté, et les pays participants n'ont pas encore décrit comment ces projets seront financés. Par exemple, le gouvernement israélien avait annoncé en 2017 une composante de l'IMEC, Tracks for Regional Peace, qui relierait Israël, la Jordanie et l'Arabie saoudite par voie ferrée pour permettre la circulation des marchandises entre les ports israéliens de Haïfa et d'Ashdod et les ports saoudiens. Les pays de la région avaient approuvé dès 2009 un autre volet, le chemin de fer du CCEAG, qui vise à relier les six États de la région par un réseau ferroviaire de transport de marchandises et de passagers d'une valeur de 250 Mds de dollars américains. Le projet, dont l'achèvement était initialement prévu pour 2018, a pris beaucoup de retard.
Ainsi, malgré la viabilité économique encore douteuse du projet, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis (EAU) verraient peu d'inconvénients à s'engager dans l'IMEC puisque celui-ci ne remet pas directement en question la BRI de la Chine, préservant ainsi leurs relations avec Pékin, mais offrirait potentiellement des dividendes politiques. Les monarchies du Golfe souhaitent également isoler l'Iran des routes commerciales internationales dans le cadre de leur stratégie visant à contrer l'influence de la République islamique. Les EAU cherchent également à se tailler un rôle diplomatique de niche fondé sur leur potentiel économique, tout en entretenant des liens étroits diversifiés avec la Chine, les États-Unis, l'Inde et la Russie, à la croisée des chemins. L’IMEC permettrait ainsi de nourrir un discours diplomatique multipolaire en ligne avec les ambitions de l’Arabie Saoudite et des Emirats Arabes Unis, à défaut d’être un outil économique viable et concret.
Deuxième hypothèse, une volonté d’aiguillonner la concurrence entre ces deux initiatives pour en accélérer la mise en œuvre. Une telle mise en concurrence serait de nature à inciter chaque groupe de parties prenantes de prendre l’autre groupe de vitesse et donc favoriserait la mise en œuvre concrète de ces initiatives. Ces deux initiatives pouvant générer des effets économiques très favorables pour les EAU comme pour l’Arabie saoudite.
Troisième hypothèse, la perception d’une complémentarité entre BRI et IMEC. Les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite - qui ne veulent pas s'aligner sur les intérêts géoéconomiques chinois ou occidentaux – verraient dans ces deux initiatives des complémentarités, voire une opportunité d’intégration à long terme. Cette perception étant renforcée par les liens économiques et financiers profonds entre la Chine et les pays du CCEAG : les échanges commerciaux entre la Chine et l'Arabie saoudite s'élevaient à plus de 106 Mds de dollars en 2022, soit près du double de la valeur des échanges commerciaux entre les États-Unis et l'Arabie saoudite ; la Chine a également acquis une participation minoritaire de 20 % dans le Red Sea Gateway Terminal, le plus grand port du Royaume ; et la valeur des échanges non pétroliers entre la Chine et les Émirats arabes unis dépasse 72 Mds de dollars pour la seule année 2022. La Chine a par ailleurs déjà investi dans des projets tels que celui de liaison ferroviaire avec la ville de Fujairah, au nord-est du pays, à la frontière avec l'Arabie saoudite. Il s'agirait de la plus grande artère ferroviaire du pays, reliant les principaux centres industriels, les bases de fabrication, les plateformes logistiques et les principaux ports des Émirats arabes unis.
L'IMEC renforcerait ainsi importance des Emirats Arabes Unis et de l’Arabie Saoudite dans les plans géoéconomiques des États-Unis et de l'Europe et les placerait au carrefour de l'UE et de l'Asie, augmentant ainsi leurs interdépendances. La complémentarité entre l'IMEC et la BRI élargirait l'éventail des opportunités économiques Et serait in fine un jeu à somme positive pour tous – mais surtout pour des Etats du Golfe qui accroîtraient ainsi leurs chances de devenir un pivot commercial mondial.
Luidgy Belair, Attaché Macroéconomique et Financier
Jean-Baptiste Chauvel, Chef du Service Economique Régional
Pétrole et gaz
Brent : 14/06/2024 à 12h00 GST : 82,4 USD/Bbl
Les prix du pétrole ont retrouvé leur meilleure dynamique depuis début avril, en hausse de 3% cette semaine pour atteindre 82, USD/bbl. Cette reprise s’explique en partie par un resserrement de l’offre à court terme, mais elle semble également engendrée par une forme d’irrationalité de marchés trop vite convaincus par le rapport de l’OPEP+, pourtant ostensiblement intéressé. Si le prix du baril pourrait très bien continuer à s’élever dans les prochaines semaines, porté par la consommation estivale et une application plus stricte des quotas de production, les perspectives à moyen et long terme sont très contrastées.
Les investisseurs ont décidé de voir le verre à moitié plein. Après deux mois de baisse quasi-ininterrompue et un plongeon juste après l’annonce de l’OPEP+ le 3 juin, le pétrole semble enfin se ressaisir.
L’offre de pétrole apparaît en effet se resserrer à court terme pour faire grimper les prix. L’ensemble des restrictions de productions de l’OPEP+ sont en place au moins jusqu’à fin septembre 2024, et les augmentations de production des pays hors OPEP+ (USA, Canada, Brésil et Guyana en tête) devraient être compensées dans les prochaines semaines par un meilleur respect des quotas de restrictions. La Russie s’est ainsi engagée à respecter ses quotas qu’elle a excédé de plusieurs centaines de milliers de barils ces derniers mois : étant donné qu’un prix du baril élevé serait un obstacle élevé à Joe Biden dans la course présidentielle américaine, la promesse russe semble fiable tant elle correspond à ses intérêts.
Un regain des tensions au Moyen-Orient, avec une reprise des attaques houthis sur des navires passant en mer rouge, a eu un impact limité sur les perceptions de la tension sur l’approvisionnement.
Les marchés ont également choisi de voir l’économie en rose, et de croire en une croissance soutenue de la demande en pétrole. Ils s’appuient pour cela sur un rapport publié par l’OPEP+ en début de semaine, qui affirme que le peak oil ne sera pas atteint avant 2045 au plus tôt. Les investisseurs espèrent donc voir la saison estivale emmener la consommation, et une reprise de la croissance économique qui s’accompagnerait de croissance de la consommation pétrole en Chine et dans les pays hors OCDE en général.
Il est difficile de partager cet enthousiasme au-delà d’un horizon de quelques mois. Le rapport de l’OPEP+, particulièrement intéressé à maintenir les perspectives de demandes élevées, diverge significativement des prévisions de la plupart des autres experts, et semble même démenti par plusieurs indices récents.
Déjà, l’approvisionnement en pétrole risque certes de se resserrer sur les quelques mois à venir, mais il va ensuite très vite continuer à augmenter : la production de pétrole dans les pays hors OPEP+ ne s’arrête pas de croitre, en particulier dans le plateau des Guyanes, au Brésil et en Amérique du Nord, porté par l’abaissement des coûts d’extraction de pétrole offshore et non-conventionnel.
Ensuite surtout, la hausse continue de la demande prévue par l’OPEP+ apparaît davantage comme un vœu pieux que comme une analyse solide. A court terme, la consommation dans l’OCDE est décevante : les stocks d’essence se sont remplis la semaine dernière aux Etats-Unis, et la demande s’est contracté en mars de 815 000 barils/jours en mars d’après le dernier rapport de l’EIA. La performance chinoise manque de lustre, avec un PMI atone et une déflation généralisée. La FED a confirmé ne pratiquer qu’une seule coupe des taux d’intérêts cette année, et encore seulement en décembre, refroidissant encore davantage l’atmosphère. L’éléphant dans la pièce, c’est surtout ce rapport de l’IEA, sorti quelques jours après celui de l’OPEP+, et qui affirme au contraire que le peak oil demand arrivera une année plus tôt que prévu, en 2029 ! Celui-ci ajoute que le monde risque de se retrouver en situation de sur-approvisionnement, ce qui est cohérent avec les tendances à long terme de la demande et de l’offre.
Le rebond de cette semaine apparaît donc bien éphémère : pour l’instant, les cours vont remonter, mais il faudrait des évènements significatifs pour ne pas le voir chuter à l’automne. La géopolitique ne manque pas de points chauds prêts à se déchainer et bouleverser les marchés pétrolier, et la conjoncture économique est difficile à estimer tant les signaux se contredisent : Octobre, c’est loin.
Henry Hub : 14/06/2024 à 12h00 GST : 2,96 USD/MMBtu
Les prix du gaz naturel se sont stabilisés cette semaine, mais restent sur une pente ascendante, alors que les fortes chaleurs creusent les stocks à travers le monde, et que la longue période de prix bas a fait chuter la production. Le marché du gaz risque de rester tendu à l’approche de l’hiver prochain, lorsque les marchés Européens et Asiatiques devront faire concurrence sur le GNL pour reconstituer leurs stocks avant la baisse des températures.
Le prix sur le marché à terme du Henry Hub en Louisiane, baromètre des prix mondiaux et notamment du GNL exporté vers l’Europe, se sont tassés ces derniers jours, sans que cela ne semble remettre en cause la dynamique haussière observée depuis le début du mois de mai.
Les récentes données américaines montrent en effet une augmentation des stocks de gaz naturel la semaine dernière de 2,1 milliards de mètres cubes, ce qui a calmé la flambée des prix, au moins temporairement.
La tendance reste cependant à la hausse: les très fortes températures observées et attendues cet été devraient stimuler la demande en gaz. Les stocks américains de gaz ne sont ainsi déjà plus qu’à 23,9% au-dessus de leur moyenne sur 5 ans, contre 40% à la mi-mars. Or, la longue période durant laquelle les prix sont restés en-dessous de 2,5 USD/MMBtu, entre décembre 2023 et mai 2024, a eu des conséquences sur les capacités de production. L’augmentation des capacités s’est atténuée, en particulier aux Etats-Unis, et l’EIA estime que la production américaine devrait ainsi baisser de 480 millions de mètres cubes/jour entre 2023 et 2024. Les prix sont donc poussés à la hausse par effet de ciseau dès aujourd’hui.
Et cette hausse des prix devrait se poursuivre à l’automne, ce qui s’illustre déjà aujourd’hui dans l’augmentation des prix de livraison à terme pour Janvier 2025, qui sont passés d’une moyenne de 3,70 USD/MMBtu à 3,92 USD/MMBtu. La baisse de la production risque en effet de se heurter à une demande globale très élevée, sous l’effet de deux besoins. D’un côté, le poids croissant du gaz dans les usages industriels et la génération électrique dans les pays émergents, en particulier asiatiques. De l’autre, les considérations de sécurité énergétique qui poussent à remplir les stocks pour préparer l’hiver, en particulier en Europe où la majorité des approvisionnement sont négociés en prix spots (et pas en contrats à long terme), et sont particulièrement sensibles aux variations de prix. La hausse risque d’être particulièrement importante pour le Gaz Naturel Liquide, dont l’utilisation augmente en Asie comme en Europe.
Les pays du Golfe multiplient leurs efforts pour augmenter leur production de gaz naturel, en particulier le Qatar dans l’immense projet de North Field, ou encore l’Arabie Saoudite à Jafurah. Les variations des prix du gaz affectent moins leurs opérations d’expansion de leurs capacités productives, notamment parce qu’ils ont tendance à négocier des contrats à temps long pour assurer leur rente (le Qatar privilégie les accords à 30 ans). Ils sont cependant loin de négliger le marché à court terme, et les installations dédiées au GNL font partie des chantiers prioritaires pour l’ensemble de la région, a l’instar du projet Ruwais aux EAU dont le contrat de construction vient d’être accordé au français Technip.
Rappelons que le texte final de la COP28 réaffirmait publiquement l’importance du gaz naturel dans la transition énergétique, comme une solution temporaire pendant la transformation des systèmes énergétiques. Observer les échelles de temps sur lesquels se jouent les investissements extractifs, les contrats et les systèmes de distribution, permet de mieux comprendre ce que les pays producteurs interprètent comme étant « temporaire ».
S’il a été signé à Dubaï, ce n’est pas pour rien.
Leith PIC, Analyste macroéconomie et finance
Brèves économiques
Arabie saoudite
Macroéconomie & Finance
60 % des actions listées par Aramco la semaine dernière auraient été attribuées à des investisseurs étrangers. Selon Bloomberg, les investisseurs étrangers se sont vu attribuer environ 60 % des actions proposées lors de la vente d'actions sur le marché secondaire de Saudi Aramco pour un montant de 11,2 milliards de dollars. Cela marque un tournant par rapport à l'introduction en bourse du géant pétrolier en 2019, qui s'était avérée être essentiellement locale. L'opération a suscité une forte demande aux États-Unis et en Europe, selon les sources rapportées par Bloomberg. Des fonds du Royaume-Uni, de Hong Kong et du Japon ont également soutenu la vente d'actions dont les ordres auraient atteint une valeur totale de plus de 65 Md USD.
ACWA Power envisage une vente d’actions et souhaite lever 1,9 Md USD. L'entreprise saoudienne prévoit d’émettre des actions aux actionnaires existants, quelques jours après que Saudi Aramco ait levé 11,2 Md USD sur le marché secondaire. ACWA Power, qui est détenue à 44 % par le PIF, entend tripler le montant de ses actifs sous gestion d’ici 2030 et prévoit de doubler ses investissements annuels pour les porter à 2,5 Md USD, dans le cadre d'une offensive internationale dans les énergies renouvelables et l'hydrogène, ainsi que pour projets dans le royaume. Les actions d'ACWA Power ont augmenté d'environ 570 % depuis leur introduction en bourse (Tadawul) en octobre 2021.
Le gouverneur du PIF annonce que le fonds souverain vise désormais les 3 000 Md USD d’actifs sous gestion d’ici 2030. Durant la cérémonie d’inauguration du Future Investment Initiative Priority Summit à Rio hier, le gouverneur du PIF a indiqué que le fonds souverain avait revu à la hausse l’objectif de 2 000 Md USD d’actifs sous gestion d’ici 2030 pour le fixer à 3 000 Md USD. Il a également précisé que près de 80 % du stock d’investissements du PIF est composé d’investissements locaux, soit environ 800 Md USD. Pour rappel, le montant des actifs sous gestion du PIF avait atteint 925 Md USD en mars 2024 suite au nouveau transfert de 8 % d’Aramco au PIF, qui détient maintenant 16 % du géant pétrolier.
Energie, Industrie & Services
La National Company for Mechanical Systems (NCMS) a annoncé avoir un signé un accord de coopération avec l’entreprise française Safran dans le domaine de la fabrication et de la maintenance de systèmes de capteurs portables. Cet accord s’inscrit dans le cadre du développement du partenariat stratégique dans le domaine de l’optronique, servant à renforcer les compétences industrielles nationales dans différents domaines et notamment ceux de pointe.
CEER signe un accord de 2 Md USD avec Hyundai Transys pour la fourniture de systèmes de propulsion pour véhicules électriques. Ces systèmes devraient permettre de réduire la taille et le poids des véhicules, mais également d’améliorer leur efficacité énergétique. La marque automobile CEER a été lancée en novembre 2022 par le Prince héritier Mohamed bin Salman en tant que première marque de véhicules électriques du Royaume. Il s’agit d’une joint-venture entre le Fonds souverain (PIF) et Foxconn (Taïwan), et BMW en est le principal fournisseur de composants technologiques. Selon le ministère de l’Industrie et des Ressources minérales, CEER devrait contribuer à hauteur de 8 Md USD au PIB saoudien d’ici 2034 et l’usine, située au sein de la King Abdullah Economic City (KAEC), devrait attirer 150 M USD d’investissements directs étrangers et créer jusqu’à 30 000 emplois. Le marché de l’automobile électrique reste marginal en Arabie saoudite et était évalué à 1,2 Md USD en 2023. Le gouvernement ambitionne, d’ici 2030, de porter à au moins 30 % la part des voitures électriques circulant à Riyadh, par rapport au nombre total de véhicules, ce qui représenterait un marché estimé à 50 Md USD.
Sinopec signe des contrats d’1,4 Md USD pour le projet Master Gas System. L’entreprise chinoise sera notamment en charge de poser près de 700 km de gazoducs d’ici la fin du T2 2027. Le réseau MGS originel a été construit dans les années 1970 et mis en service en 1982. Depuis lors, Aramco fournit du gaz dans toute l’Arabie saoudite via ce réseau, en acheminant principalement du gaz associé provenant du champ de Ghawar dans l’Est du pays. Suite à l’augmentation de la demande en gaz, Aramco a entrepris en 2015 un premier projet d’expansion du réseau, MGS-2, suivi de MGS-3 en 2023 qui devrait partir du gisement de Jafurah et desservir l’ensemble du pays.
L’Arabie saoudite a relancé les études de faisabilité de la première phase du métro de La Mecque, projet estimé à 8 Md USD. Pour mémoire, la société d’ingénierie française Systra avait commencé les études initiales du projet en 2010 et avait également réalisé l’avant-projet des lignes B et C du métro de La Mecque de 2013 à 2015. Le projet avait toutefois été mis en pause et en 2017, Rumaih Al Rumaih, alors Président de l’Autorité saoudienne des transports publics, avait déclaré que le projet serait attribué dans le cadre d’un PPP. Le développement d’infrastructures dans la ville de La Mecque fait partie des priorités de la vision 2030 pour permettre au pays d’accueillir davantage de pèlerins et de fluidifier les déplacements.
Émirats arabes unis
Macroéconomie & Finance
La population d’Abu Dhabi a dépassé les 3,8 millions d’habitants, en augmentation de 83% depuis 2011. Le recensement précise que 67% de la population est masculine, avec un âge médian de 33 ans. Il fait suite à un recensement à Sharjah qui enregistrait 1,8 millions d’habitants en mai 2023, et un autre à Dubaï qui annonçait 3,5 millions en avril 2022.
La Banque Centrale des EAU (CBUAE) a maintenu sans surprise les taux d’intérêts, dans le sillage de la décision de la FED. La réserve fédérale américaine a en effet considéré que l’inflation ne diminuait pas assez pour justifier une coupe, d’autant que le marché de l’emploi aux Etats-Unis affiche une certaine résilience et diminue l’urgence d’une réduction des taux directeurs. Etant donné l’ancrage du dirham au dollar, la politique monétaire émirienne est directement liée à celle pratiquée par les Etats-Unis, afin de conserver le taux de change fixe entre les deux devises. Le taux overnight aux Emirats Arabes Unis s’élève donc toujours à 5,40%.
Le fonds d'investissement britannique Brookfield Asset Management va lever 5 milliards de dollars dans un nouveau fonds soutenu par les Emirats Arabes Unis, dont l'objectif est de faciliter la transition climatique dans les pays émergents. Ce fonds, le Catalytic Transition Fund (CTF), avait été annoncé lors de la COP28 à Dubaï en décembre 2023, et sera soutenu par un investissement d'1 milliard de dollars d'Altérra. Ce soutien par le fonds émirati aura une rémunération limitée, afin d'attirer d'autres investisseurs dans un projet conçu pour amener des ressources financières aux besoins de transition des pays émergents. Les économies émergentes ne représentent en effet que 15% des sommes associées à la finance verte, alors qu'elles représentent plus de 30% des émissions.
La Commission Européenne pourrait bloquer l'acquisition de la compagnie de télécom tchèque PPF par l'émirien e&. L'UE a annoncé l'ouverture d'une enquête pour distorsion de la concurrence qui pourrait remettre en cause l'opération: l'entreprise émirienne est accusée d'avoir bénéficié de subventions tombant sous le coup de la nouvelle Régulation contre les Subventions Etrangères.
Energie, Industrie & Services
ADNOC a attribué des contrats d'une valeur de 5,5 Mds USD pour la construction de son projet Ruwais, qui a pour objectif de doubler la production de gaz naturel liquéfié des EAU. Les contrats d'ingénierie, d'approvisionnement et de construction (EPC) ont été attribués à la coentreprise dirigée par le français Technip Energies avec le japonais JGC Corporation et le groupe émirati NMDC. Ruwais devrait être la première usine de liquéfaction de gaz naturel alimentée par des énergies renouvelables et nucléaires au MENA.
Sultan Al Jaber, PDG d'ADNOC et président de la COP28, a été élu président de Presight Holding, une société d'intelligence artificielle cotée en bourse à Abu Dhabi. Le mois dernier, il avait été élu président d'AiQ, la société d'intelligence artificielle d'ADNOC et de G42, qui est désormais détenue à 51 % par Presight. L’entreprise propose des services d’analyse de données « big data » améliorées par l’IA, et est elle-même contrôlée majoritairement par G42. Presight a d’ailleurs signé cette semaine un protocole d’accord (MoU) avec Dell Technologies pour accélérer le déploiement de l’IA aux EAU.
L'opérateur de satellites Yahsat a passé un contrat avec Airbus pour la fabrication de deux satellites géostationnaires dans le cadre d'un marché d'une valeur d'environ 3,9 Mds AED (1,1 Md USD), dans le but de remplacer les anciennes versions des satellites de télécommunications. Les satellites AY4 et AY5 seront inspirés de la plateforme Eurostar Neo, et devraient être lancés en 2027 et 2028 pour une durée de service d’au moins 17 ans.
L'université Sorbonne Abu Dhabi (SUAD) a signé un accord avec l'Institut d'innovation technologique (TII) afin d'encourager la recherche et le développement dans le domaine de la science et de la technologie quantiques. Cet accord devrait couvrir des projets de recherche commun, des programmes d’échanges ainsi que l’organisation d’évènements liés à ces secteurs. La recherche fondamentale en technologie quantique permet d’accroître nos connaissances sur le fonctionnement de l’Univers à l’échelle atomique, mais peut également trouver des applications pratiques dans le développement d’ordinateurs quantiques, dont les capacités cryptographiques par exemple seront révolutionnaires.
Le groupe AD Ports a signé un accord de concession définitif avec l'autorité portuaire de la mer Rouge (RSPA) pour développer, exploiter et gérer trois terminaux de croisière dans les ports de Safaga, Hurghada et Sharm El Sheikh en Égypte. L'accord, qui prévoit un investissement total de 4,7 M USD sur les 15 prochaines années, vise à rendre les terminaux opérationnels d'ici 2025. Cet accord s’inscrit dans la stratégie des EAU de soutenir l’Egypte dans ses difficultés économiques tout en investissant dans des projets d’infrastructure et de développement immobilier.
Qatar
Macroéconomie & Finance
Le QIA a proposé d’acquérir la participation de 10% (490M USD) du capital de ChinaAMC, le deuxième plus important fonds chinois de placement, avec 248Mds USD d’actifs sous gestion. Le régulateur des marchés financiers chinois China Securities Regulatory Commission a révélé la semaine dernière être parvenu à une décision quant à la demande de ChinaAMC relative au transfert d’une part de son capital supérieure à 5%, sans préciser l’acheteur ou le vendeur. Cette transaction, dont la finalisation ferait de QIA le troisième actionnaire de ChinaAMC, a été annoncée quelques jours suivant la tenue du forum de coopération Chine-États arabes, où le Qatar a été représenté par le ministre du Commerce et de l’Industrie, Cheikh Mohammed bin Qassim Al-Abdullah Âl-Thani.
L’État du Qatar signe des accords visant à éviter la double imposition et l’évasion fiscale en matière d’impôts sur le revenu avec le Royaume d’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis. Ces accords posent le cadre nécessaire à la signature de conventions fiscales visant à éliminer toutes les formes de double imposition entre le Qatar d’une part, et l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis d’autre part, tout en luttant contre l’évasion fiscale. Cette initiative permettra d’améliorer la perception des recettes fiscales par les états du CCEAG, étape cruciale pour réussir la diversification des économies du Golfe.
La Banque centrale du Qatar (QCB) annonce lancer un projet de développement d’une monnaie numérique de banque centrale (MNBC). Dans le cadre de cette annonce, QCB a détaillé les objectifs de ce projet, la première grande échéance attendue et a informé que l’infrastructure de la MNBC qatarienne a été complétée. Ainsi, ce projet, dont la phase d’expérimentation s’achèvera en octobre 2024, vise à améliorer la liquidité des marchés de capitaux et l’exécution des transactions, de même que faciliter l’accès aux capitaux pour les banques établies au Qatar.
Energie Industrie & Services
QatarEnergy (QE) et CPC Corporation Taiwan (CPC) signent un accord de partenariat dans le cadre du projet North Field East (NFE) ainsi qu’un accord de livraison de GNL. Ainsi, le partenariat QE-CPC verra le géant qatarien de l’énergie transférer une participation de 5% à CPC dans le projet d’expansion NFE, représentant huit millions de tonnes de GNL/an, soit l’équivalent de la capacité de production d’un train de liquéfaction. Par ailleurs, l’accord de livraison de GNL verra QatarEnergy fournir son nouveau partenaire en GNL, pour un volume de quatre millions de tonnes/an, et ce, pour 27ans. Pour mémoire, le projet North Field East permettra d’augmenter les capacités de liquéfaction de l’Émirat de 32 millions de tonnes/an à partir de 2026. Après avoir conclu des contrats d’approvisionnement avec ses partenaires historiques occidentaux (ConocoPhilipps, TotalEnergies, Eni) et chinois (CNPC), QatarEnergy se tourne désormais vers d’autres acheteurs asiatiques pour écouler ses volumes supplémentaires de GNL.
Le projet qatarien de production d’hydrogène vert à partir d’eaux usées et de lumière solaire « HyPEC » est un succès. Une collaboration de Qatar Shell Research and Technology Center (QSRTC), de l’Université Texas A&M au Qatar et du Laboratoire national chimique (NCL) indien financée par Qatar National Research Fund, HyPEC a abouti à l’installation au Qatar Science and Technology Park d’un prototype de réacteur chimique produisant de l’hydrogène vert.
Koweït
L’émir Cheikh Mechaal a nommé le Prince héritier par décret émiral le 1er juin : Cheikh Sabah Al-Khaled Al-Hamad Al-Mubarak Al-Sabah. Âgé de 71 ans, Cheikh Sabah a débuté sa carrière au sein du ministère des Affaires étrangères (notamment ambassadeur en Arabie saoudite), avant d’être de nombreuses fois ministre : de l’information, aux affaires sociales, aux affaires étrangères et aussi premier ministre. C’est le premier prince héritier issu de la branche Hamad de la famille Sabah.
L’excédent de la balance courante est resté élevé en 2023 à 15,8 Mds KD (47 Mds EUR), représentant 31% du PIB estimé. Le pétrole représente 93% des exports. Les revenus d’investissement liés au capital déployé à l’étranger sont en hausse de 25% pour atteindre 9,9 Mds KD (29,7 Mds EUR), soit 19,7% du PIB. Les IDE entrants au Koweït ont triplé en 2023 pour atteindre 649 M KWD (1,9 Mds EUR).
L’émir Cheikh Mechaal et le ministre du pétrole Al-Ateeqi ont inauguré la raffinerie d'Al-Zour. La raffinerie d’Al-Zour est l’un des plus grands projets de raffinage du monde, avec une capacité de 615 000 barils par jour. Les opérations ont commencé en novembre 2022, et la pleine capacité a été atteinte en février 2024. La raffinerie d'Al-Zour est l'un des projets les plus importants du plan de développement de l'État du Koweït, et l'un des principaux piliers du plan stratégique 2040 de la Kuwait Petroleum Corporation.
Oman
La Banque mondiale estime que la croissance réelle du Sultanat devrait atteindre + 1,5 % en 2024, notamment portée par l’augmentation de la production de gaz et les efforts de diversification. La Banque souligne le rôle accélérateur que peuvent avoir les réformes sur l’environnement des affaires, le soutien aux PME et la transition énergétique (ENR et hydrogène vert).
Présentant ses résultats pour l’année 2023, le fonds souverain omanais (OIA) a annoncé mardi qu’il gérait 19,2 Md OMR (49,9 Md USD), en hausse de +7,5% en g.a., soit 50,3% du PIB omanais. L’OIA a enregistré un retour sur investissement de quasiment 10%, contre 8,8 % en 2022. Le fonds continue de contribuer aux budgets de l’Etat omanais, ayant injecté 15,6 Md USD depuis 2016. L’OIA aurait également remboursé 2,4 Md OMR (6,2 Md USD) en 2023, améliorant sa pérennité financière. A noter que, selon le FMI, la dette des entreprises publiques, pour la majorité sous le contrôle de l’OIA, représente 30% du PIB en 2022, réduction de 10,8 points par rapport à 2021.
A l’occasion du salon « Tech » Comex Global 2024, plusieurs accords dans le domaine des TIC ont été signé pour un montant total de 60 M OMR (156 M USD). Dans le détail, les filiales du fonds souverain ont signé une trentaine d’accords pour 35 M OMR. Omantel établira par exemple un centre de service cloud computing avec Google (2 M OMR) ainsi qu’un centre de service cloud et une plateforme e-commerce avec Amazon (24 M OMR). Le MTCIT estime que, depuis le lancement du programme national de l’économie numérique en 2021, les investissements dans les TIC ont dépassé 2,6 Md USD. Dans le sillage de ces nombreuses annonces, le MTCIT a par ailleurs lancé un appel à investissements pour des entreprises locales et internationales afin de créer et exploiter des parcs technologiques. Cependant, l’annonce doit être relativisée, le parc technologique Knowledge Oasis Muscat peinant à attirer des entreprises étrangères innovantes depuis sa création en 2003, menacé par une concurrence régionale particulièrement intense dans le domaine des TIC.
Bahreïn
Weatherford obtient un contrat de services de forage à Bahreïn. Bapco Upstream, filiale de Bapco Energies (Bahreïn), a attribué à Weatherford International (USA) un contrat de cinq ans pour fournir des services de forage et diagraphie dans le champ d’Awali. Ce contrat remplace celui déjà remporté en 2015 par l’entreprise américaine. Le champ pétrolier d’Awali est l’un des plus anciens en production, depuis 1932, dans l’ensemble de la région.