Dans un contexte de demande mondiale ralentie, notamment en électronique, ainsi que de repli des cours du pétrole, le commerce de biens de Singapour s’est contracté de 12% en valeur en 2023, pour atteindre 900 Mds USD. Grâce à une baisse plus prononcée des importations (-13%) que des exportations (-10%), l'excédent commercial s’est cependant amélioré, s’établissant à un niveau record de 53 Mds USD (+13 Mds USD). Enregistrant également un excédent commercial sur les services, Singapour parvient donc à maintenir son excédent courant (20% de son PIB), tout en bénéficiant d’une contribution positive de la demande extérieure pour sa croissance (+1,8 point).

I. En 2023, les exportations de biens en valeur reculent pour la première fois depuis 2020 (-10,1%), en lien avec la plus faible demande mondiale.

Les exportations de Singapour sont composées pour plus de moitié de réexportations (55%) du fait du rôle de hub commercial joué par la cité-État (2ème plus grand port au monde en nombre de containers, après Shanghai) et du rôle stratégique du détroit de Malacca (captant entre 20% et 30% du trafic maritime global),

En 2023, les exportations singapouriennes de biens ont atteint 476 Mds USD en valeur, soit une baisse de 10,1% par rapport à 2022. Les exportations domestiques, excluant le pétrole, ont représenté 27% du total et les exportations pétrolières, 18%. Singapour ne possède pas de gisements d’hydrocarbures mais procède au raffinage et à la transformation de pétrole importé, qui est ensuite réexporté vers les pays voisins.

  1. Après trois années consécutives de hausse, les exportations domestiques hors pétrole, ont décliné de 13,1%, à 129 Mds USD. La baisse a concerné tant le secteur électronique (-19,7%) que les secteurs hors électronique (-11,1%). Les ventes ont reculé vers la plupart des pays, à l’exception des États-Unis (+3,2%). Elles ont notamment décliné de 5,1% vers la Chine et de 9,4% vers l’UE.
  2. Les exportations domestiques de pétrole ont décliné plus fortement (-14,2%), à 83 Mds USD, mais ont continué de progresser en volume (+2,3%), reflétant la baisse des cours internationaux. Pour rappel, ces exportations avaient augmenté de 52,4% en 2022, sur fond d’éclatement de la guerre en Ukraine. En 2023, le prix du baril de pétrole (moyenne OPEP) a diminué de 17,1%.
  3. Les réexportations ont décliné de 7,1% (263 Mds USD), dans un contexte de faible croissance mondiale.

D’un point de vue géographique, le 1er client de Singapour en agrégat demeure l’ASEAN (129 Mds USD, +24,6%) qui représente 29% de ses exportations totales, devant la Chine (24%). Viennent ensuite les États-Unis et l’UE (9% et 7% respectivement), en 3ème et 4ème position.

Sur le plan sectoriel, plus des deux tiers des exportations domestiques hors pétrole sont des machines et matériels de transport (40,1% du total) ainsi que des produits chimiques (29,0%). Les machines et matériels de transport comprennent les produits électroniques (à hauteur de 20,9%). Les biens électroniques sont principalement constitués de circuits intégrés (47,0% du total), des équipements de télécommunication (12,9%), des diodes/transistors (8,5%) ainsi que des ordinateurs (8,1%) Par ailleurs, toutes exportations comprises, les produits pétroliers représentent près d’un cinquième (20,8%) du total exporté par Singapour.

Les exportations de services déclinent de 5,1% par rapport à 2022, pour atteindre 328 Mds USD, en lien avec le recul des recettes liées au transport (-24%) qui composent près d’un tiers du total.

 

II. Les importations baissent plus fortement que les exportations (-13,4%), une évolution également soutenue par le recul des prix du pétrole.

Les importations singapouriennes ont atteint 423 Mds USD en 2023, en déclin de 13,4%. La baisse a été significative, tant pour les importations non pétrolières (335 Mds USD, -11,9%) que les importations pétrolières (88 Mds USD, -19,0% en valeur mais +3,4% en volume). Les principaux secteurs à l’import sont les machines et matériels de transport (50% du total) ainsi que les combustibles minéraux (21%), la cité-État étant un hub pour l’électronique et l’industrie pétrolière (impliquant des activités de réexportation).

Comme à l’export, le 1er fournisseur de Singapour en agrégat est l’ASEAN (22% des importations totales). Le principal pays exportateur vers Singapour est la Chine, qui concentre 14% des imports, suivie des États-Unis et de Taïwan (12% chacun). Hors ASEAN, l’UE est le 4ème fournisseur (9%), au sein duquel la France a la 1ère part de marché (3,3%), devant l’Allemagne (2,4%), en perte de vitesse depuis 2016 (3,0%).

Les importations de services reculent plus modérément que les exportations, à 296 Mds USD (-2,4%). Cette baisse s’explique également par de moindres paiements de services de transport (28% du total).

 

III. Derrière la baisse des échanges en valeur, l’économie continue de bénéficier d’un excédent commercial, tant sur les biens que sur les services.

Singapour dégage un excédent commercial (biens et services) structurel chaque année depuis 1998. En 2023, la cité-Etat a enregistré un excédent combiné sur les biens et services de 85,5 Mds USD (17% du PIB), contre 81,1 Mds USD en 2022. Du point de vue de la balance des paiements, dont les données peuvent différer de celles des douanes pour des raisons méthodologiques, le solde courant (incluant les revenus primaires et secondaires) reste structurellement excédentaire, à environ 20% du PIB l’année dernière, contre 18% en 2022.

Les exportations sont un moteur traditionnel de la croissance singapourienne, ayant contribué en moyenne pour 1,5 point de croissance du PIB entre 2016 et 2022 selon le FMI. En 2023, la contribution du commerce extérieur serait de 1,8 point selon les autorités singapourienne, à comparer à 2,2 points en 2022.

Depuis deux décennies, la cité-Etat bénéficie du dynamisme commercial de la Chine, son 1er excédent commercial bilatéral (+55 Mds USD), dont elle est de plus en plus dépendante pour son commerce. En 20 ans, son commerce avec la Chine/Hong-Kong a triplé, et représente désormais 20% de ses échanges, malgré un recul des exportations en 2023 (-7,2%). À l’inverse, avec les États-Unis, la cité-État creuse son déficit bilatéral en 2023 (-7,8 Mds USD, -6,6 Mds USD en 2022) après avoir enregistré son 1er excédent depuis 2006 en 2020.

Singapour est le 14ème pays exportateur mondial de biens en 2022 (source : Comtrade, dernières données disponibles en USD), derrière la France (8ème), les Etats-Unis (2ème) et la Chine (1er). Hors réexportations et pétrole, le pays tombe à la 34ème position. Son modèle repose sur une forte ouverture au commerce international s’illustrant par la signature de nombreux accords (ALE avec l’UE entré en vigueur en 2019, RCEP en 2022), qui sont, paradoxalement, quasiment superflus en termes d’accès au marché puisque Singapour applique des droits de douane erga omnes de 0% sur la quasi-totalité des produits.

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