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Pakistan - Veille économique hebdomadaire 28/03/24
Croissance en baisse au T2 2024, +1%, après 2,5% au T1 2024 selon les chiffres révisés du NAC
Le comité en charge des comptes publics (National Account Committee – NAC), a publié cette semaine les chiffres de la croissance pour le deuxième trimestre de l’exercice budgétaire 2024 (juillet 2023-juin 2024). Pour mémoire, la publication des chiffres de la croissance sur une base trimestrielle est effective depuis novembre 2023 et répond aux exigences de l’accord de confirmation avec le FMI.
Au T2 2024, la croissance du PIB ralentit pour s’établir à +1%, après une croissance de 2,5% au T1 2024, selon les chiffres révisés par le NAC, contre +2,13% estimés initialement, et une croissance de 2,2% au T2 2023. • Agriculture : Croissance de 5,02% au T2 2024, grâce à de bon rendements agricoles (les productions de coton, riz et maïs progressent de 8,12%, le blé de 6,7%) • Industrie : en baisse de -0,84% au T2 2024 (les industries minières enregistrent une baisse de 4,17%, l’indice de production industrielle progresse légèrement de 0,35%, la plus forte baisse est enregistrée par le secteur de la construction -17,59%, reflétant une baisse de la production de ciment et conséquence de la baisse des dépenses publiques). • Services : croissance de 0,01%
Au cours de l’exercice budgétaire 2023, les provinces du pays ont connu un excédent budgétaire de 157 Mds PKR (560 MUSD).
En 2022-23, les dépenses fédérales (dont subventions et aide sociale financés par la fédération et distribué au niveau provincial) représentaient 12,9 % du PIB. Les dépenses cumulées des quatre provinces par rapport au PIB se situaient à 6,1 %.
L’excédent budgétaire des provinces est constant depuis 12 ans. Les excédents des provinces ne sont pas reversés dans les caisses de l’Etat fédéral ce qui permettrait de participer à la baisse du déficit budgétaire qui s’établissait à 5,8 % du PIB en 2022/2024 mais sont bloqués sur des compte-séquestres à la Banque centrale (State Bank of Pakistan- SBP). Les impôts perçus par les quatre provinces ne représentaient que 9 % des revenus budgétaires (1% du PIB) pour un montant défini par la loi qui équivaut à 57,5% des dépenses budgétaires totales. Le versement par l’Etat aux provinces a représenté 87,1% des dépenses des provinces. Les dépenses budgétaires du pays se sont situées à 5 038 Mds PKR.
Même si elles sont largement insuffisantes, les recettes des provinces ont augmenté. Les recettes de la GST sur les services du Sindh sont passées de 15 Mds PKR en 2009 à 285 Mds PKR en 2022/2023. Les recettes du Baloutchistan sont passées de 700 M PKR à 3 Mds PKR malgré une assiette fiscale extrêmement faible. On note que les dépenses du Sindh ont augmenté de + 19 % du PIB (effet des aides post-inondations catastrophiques de l’été 2022).
Au cours de l’exercice budgétaire 2023 (juillet 2022 à juin 2023), l’écart entre les recettes potentielles de l'assiette fiscale et les recettes effectives (écart dit « de conformité fiscale ») s’est établi à 20,8 Mds USD.
Le manque à gagner fiscal de la partie de la GST (TVA non déductible) qui est prélevée par l’agence fiscale fédérale (le FBR) pour le compte de l’Etat fédéral auprès des commerces et des douanes se serait élevé à 2 900 Mds PKR (10,4 Mds USD) ce qui représente la moitié de l’écart de conformité fiscal constaté. Les produits passés en sous-facturation et en contrebande représentent 900 Mds PKR (3,24 Mds USD), le solde de 2 000 Mds PKR (7,2 Mds USD) est lié au refus par la majorité des commerçants du pays à mettre en oeuvre la GST.
Le gouvernement fédéral a approuvé la décision de privatiser la Pakistan International Airlines (PIA) proposée par son conseil d’administration.
Le conseil d’administration de PIA indique que le plan de privatisation devrait être prochainement déposé auprès du SECP (la commission des opérations de bourse pakistanaise). Pour certains analystes, la privatisation n’en est encore qu’au stade préliminaire et le processus de privatisation devrait prendre au moins un an.
Il convient en effet (i) que les 35 banques créditrices de PIA approuvent le plan de restruc(elles ont besoin d’être rassurées sur les conditions financières qu’offrira la structure de défaisance qui recevra les dettes actuelles de la PIA) ; (ii) que le FMI approuve le coût budgétaire lié à structure de défaisance -qui n’est pas encore précisément évaluée- qui sera mise en place dans le cadre de la préparation de la future facilité étendue de crédit (EFF) que le FMI est en train de préparer avec ses partenaires du ministère des finances ; (iii) que la délicate question des ressources humaines soit abordée.
La société publique OGDCL annonce la réussite d’un premier forage concernant un gisement de gaz associé à des condensats.
Le gisement se situe dans le district de Kohat, à une cinquantaine de kilomètres de Peshawar, la capitale de la province du Khyber Pakhtunkhwa. Le puits de 2600 mètres de profondeur est exploité conjointement par OGDCL (75 %) et Saif Energy Limited (SEL) (25 %). Les premiers jours de production, le nouveau gisement produisait en moyenne 2,842 millions de pieds cubes par jour (mmscfd) de gaz et de 28 barils de condensat par jour.
Répercussions de l’attentat terroriste de Shangla sur la coopération économique entre le Pakistan et la Chine ?
L’attentat terroriste de Shangla – dont le bilan s’élève à 5 morts parmi les ressortissants chinois- a été commis un jour après que le Premier ministre Shehbaz Sharif a indiqué son intention de signer un accord avec la Chine pour la deuxième phase du CPEC (China–Pakistan Economic Corridor dont la première phase a été signée en avril 2015). La seconde phase du CPEC prévoit le démarrage du projet ferroviaire ML-I (ligne devant relier Karachi à Peshawar) et le renforcement des zones franches économiques avec des investissements industriels chinois, notamment dans le textile ou l’électronique. Le gouvernement craint que ces plans, mais aussi le projet de lancement d’obligations depuis la Chine (« obligations Panda » d’un montant en équivalent renminbi de 300 MUSD (récemment évoquées par le ministre des finances) soient perturbés suite à cet attentat terroriste.
Les États-Unis s’expriment officiellement sur le projet de gazoduc Iran-Pakistan
Suite aux déclarations du ministre pakistanais de l’Energie et du Pétrole, Musadik Malik, annonçant que le nouveau gouvernement chercherait à obtenir des exemptions aux sanctions américaines sur le projet de gazoduc Iran-Pakistan, un représentant du Département d’Etat américain a rappelé : « “We do not support this pipeline going forward,”, « “We always advise everyone that doing business with Iran runs the risk of touching upon and coming in contact with our sanctions, and would advise everyone to consider that very carefully,”.