BREVES ECONOMIQUES

JAPON COREE

Période du 1er au 29 février 2024

  drapeau Japon

Sommaire

Japon
  1. Macroéconomie et finance
    • Le Japon évite la récession technique.

  2. Politiques économiques
    • Un paquet législatif annoncé pour accompagner les nouvelles règles de temps de travail des chauffeurs routiers.

  3. Entreprises
    • TSMC annonce un second site de production de semi-conducteurs à Kyushu
    • Renesas Electronics, fabricant japonais de puces électroniques, acquiert Altium, éditeur australien de logiciels de conception, pour un montant de 5,9 Mds USD.
    • Le projet de reprise de Lawson par le géant des télécommunications japonais KDDI souligne les défis du modèle commercial des konbini

Corée
  1. Politiques économiques
    • Le rebond des exportations devrait minimiser l’impact du ralentissement de la consommation privée sur la croissance.

    • Le régulateur financier coréen (FSC) dévoilera les conditions de publication des reportings ESG au mois de mars.

    • Sur fond de concurrence avec la Chine et avec Tesla, la Corée du Sud révise son dispositif de subvention à l’achat de véhicules électriques.

  2. Entreprises
    • La Commission européenne donne son feu vert à la fusion entre Korean Air et Asiana.

    • La reprise du secteur des semi-conducteurs coréens fortement aidée par l’intelligence artificielle.

Japon 

 1. Macroéconomie et finance

Après révision à la hausse du Cabinet Office, la croissance du PIB pour le quatrième trimestre de l'année 2023 atteint +0,1 %, contre une première estimation de -0,1 %. Ces résultats permettent à l’économie japonaise d’éviter une récession technique, après un troisième trimestre 2023 marqué par une contraction de -0,8 %. Les dépenses en capital des entreprises japonaises ont augmenté de +2,0 %, tirées par les secteurs des installations et des équipements, alors que les données préliminaires prévoyaient une baisse de -0,1 %. Cependant, la consommation privée a fléchi de -1 % sous le poids de l'inflation. En 2023, l'inflation de base a enregistré sa plus forte augmentation annuelle depuis 1982 (+3,1 %), entraînant la plus forte chute des salaires réels depuis 2014 (-2,5 %), malgré les augmentations salariales record convenues lors des négociations de printemps. Sur l’année, la croissance du PIB s’est élevée à +1,9 %, confirmant le recul de l'économie japonaise au 4e rang mondial, derrière l'Allemagne, pour la première fois depuis 1968. NikkeiThe Asahi Shimbun

 

 2. Politiques économiques

yUn paquet législatif annoncé pour accompagner les nouvelles règles de temps de travail des chauffeurs routiers. L’application de la loi de 2019, relative à l’amélioration des conditions de travail et plafonnant le volume d’heures supplémentaires qu’un travailleur peut effectuer, avait été différée au 1er avril 2024 afin de permettre aux entreprises du secteur des transports de s’organiser. Néanmoins, les transporteurs ne se sont toujours pas parfaitement prêts, suscitant une inquiétude importante chez leurs clients. Le nouveau paquet législatif vise à « améliorer la rentabilité du secteur de la logistique routière » et l’attractivité du métier de chauffeur, notamment en encadrant la sous-traitance en cascade, pratique fréquente au Japon et exerçant une forte pression sur les salaires. Les entreprises de transport devront également produire des plans visant à réduire le volume horaire des chauffeurs et pourront se voir prononcer des amendes si leurs efforts en ce sens sont jugés insuffisants. Par ailleurs, afin de faciliter les discussions en cours, le « taux de fret standard », publié par les autorités japonaises et qui régule le prix du transport en fonction de la distance et du type de camion, sera augmenté de 8 %, réglant en partie le problème de rentabilité de cette activité. Nikkei 

 

3. Entreprises

oTSMC annonce un second site de production de semiconducteurs à Kyushu, dont la construction devrait commencer à la fin de l’année. L'annonce de Taiwan Semiconductor Manufacturing Co. (TSMC) a été faite le 24 février, dans la foulée de l’inauguration du premier site à Kumamoto. Le projet est porté par la même co-entreprise Japan Advanced Semiconductor Manufacturing (JASM), qui rassemble TSMC (86,5 %) aux côtés de Sony Group (6 %), Denso (5,5 %) et Toyota (2,2 %). Une subvention pouvant s’élever à 5,2 Mds USD a été budgétée par le gouvernement, contre 3,2 Mds USD pour le premier site. De plus, le Japon offre des coûts de construction considérés comme compétitifs par rapport aux États-Unis et à l'Europe. La nouvelle usine doit produire, à partir de 2027, des puces de 6 nanomètres, plus avancées que le premier site de production. L’investissement cumulé des deux projets pourrait dépasser 20 Mds USD, avec un fort soutien du gouvernement japonais, dont 5,26 Mds apportés par TSMC. Avec ses deux sites, TSMC disposera d’une capacité totale de production mensuelle de plus de 100 000 wafers de 12 pouces (soit 7,5 % de sa capacité mondiale, et près de trois fois plus que le franco-italien ST Micro), destinés à l'automobile, à l'industrie, à l’électronique grand public et aux applications informatiques de haute performance. Nikkei

 

Renesas Electronics, fabricant japonais de puces électroniques, a acquis Altium, éditeur australien de logiciels de conception, pour un montant de 5,9 Mds USD. Comme l’ont fait récemment plusieurs de ses concurrents, Renesas remonte ainsi dans la chaîne de valeur et pourra intervenir davantage, dès le début du processus, dans la conception des produits de ses clients. Il renforce en même temps son activité logicielle. Issu en 2010 de la fusion des activités de semi-conducteurs de Mitsubishi, Hitachi et NEC, Renesas a conduit une série d’acquisitions depuis 2019 pour un total de 11 Mds USD pour développer son offre de produits analogiques, en complément de son activité principale et ainsi diversifier son portefeuille. Nikkei

 

BRALe projet de reprise de Lawson par le géant des télécommunications japonais KDDI souligne les défis du modèle commercial des konbini. L’opérateur KDDI a annoncé son intention d’augmenter ses parts dans Lawson (de 2,5 % à 50 %) en s’associant à Mitsubishi Corp., actionnaire majoritaire actuel, afin de gérer conjointement la chaîne. La mutualisation de leurs services devrait leur permettre de constituer une des principales plateformes de données clients au Japon. Le développement des services d'achat en ligne est affiché comme une priorité de l’opération, dans un contexte de manque de main-d’œuvre, dans un marché de la vente au détail saturé et marqué par une concurrence intense. Le modèle du convenience store ou « konbini », commerce de proximité ouvert 24h/24 et distribuant des produits de consommation courante et offrants une large gamme de services – dont le nombre de magasins a triplé au cours des 30 dernières années mais est désormais en phase de consolidation. Avec environ 14 000 points de vente, Lawson occupe la troisième place derrière Seven & I Holdings (21 000 magasins) et FamilyMart (16 000 magasins ; racheté par Itochu en 2020). Pour renouer avec la croissance, l’exportation du modèle à l’étranger est la voie privilégiée par le secteur. Japan Times, Japan Times  

 

Corée

 

1. Politiques économiques

 

okLe rebond des exportations coréennes devrait minimiser l’impact du ralentissement de la consommation privée sur la croissance. Début février, le Korean Developement Institute (think tank public) a maintenu sa projection de croissance 2024 pour la Corée du Sud à 2,2 % (2,1 % pour la Banque de Corée) malgré un abaissement de 0,1 point, à 1,7 %, de sa projection pour les dépenses privées. Selon l’institut, les faibles dépenses de consommation de biens et services, en baisse depuis le début d’année sur fond de taux d’intérêts élevés, seront contrebalancées par la contribution positive des exportations (+4,7 % en 2024 soit 0,9 point de plus que sa précédente projection) sur la croissance. La hausse des exportations de semi-conducteurs et d’automobiles devrait favoriser la dynamique du marché du travail sur lequel près de 220 000 emplois supplémentaires sont attendus. Parallèlement, la hausse de +2,3 % des investissements liés à ces secteurs devrait compenser la baisse des investissements dans la construction (-1,4 %, contre -1 % initialement projeté). Toutefois le KDI souligne que plusieurs facteurs, notamment géopolitiques (conflit au Moyen-Orient), risquaient de miner la consommation privée. KDI, Business Korea, Korea Times, Pulse News, The Korea Herald

 

Le régulateur financier coréen (FSC) dévoilera les conditions de publication des reportings ESG au mois de mars. Le 14 février, la FSC a annoncé qu’elle dévoilera un ensemble de ligne directrices sur la communication publique des performances environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) des investissements réalisés par les entreprises cotées à la Bourse de Corée. Dans son communiqué, le régulateur a affirmé que cette première version servira uniquement de base de négociations avec l’ensemble des parties prenantes (investisseurs, entreprises et experts) avant la diffusion d’une version finale en 2025. L’objectif de la FSC restera de proposer un reporting aligné sur les normes de publications internationales (notamment de l’Union européenne et des États-Unis), tout en incluant les spécificités industrielles de la Corée afin de limiter l’impact potentiel sur la perte de compétitivité des entreprises coréennes. De leur côté, les associations professionnelles soutiennent l’objectif d’alignement entre les orientations réglementaires, en assurant que cela leur permettra de minimiser les coûts associés à la diffusion de ces nouveaux reportings. Korea Times, Korea Herald, YonHap

 

koSur fond de concurrence avec la Chine et avec Tesla, la Corée du Sud révise son dispositif de subvention à l’achat de véhicules électriques. Le 6 février, le ministère coréen de l’Environnement a annoncé une révision des règles de subvention à l’achat de véhicules électriques. Celles-ci prévoient notamment une subvention plus généreuse pour les batteries au nickel, spécialité des fabricants coréens qui équipe notamment les véhicules Hyundai et KIA, plutôt que pour les batteries dites « LFP ». Les LFP, spécialité des fabricants chinois équipant notamment les véhicules Tesla, ont longtemps été considérées de moindre qualité que les batteries au nickel, mais des améliorations récentes de leur performance préoccupent fortement les fabricants coréens, qui commencent eux-mêmes à développer une capacité de production sur ce segment. Un autre critère favorise les véhicules équipés de systèmes d’autodiagnostic, proposé par les constructeurs coréens et non par Tesla. Au final, la presse estime à 2 800 dollars l’écart de subvention accordée à l’achat entre une Hyundai Ioniq 5 et une Tesla Model Y.  Korea Times, Chosun Ilbo, Korea Herald

 

2. Entreprises

 

mmLa Commission européenne donne son feu vert à la fusion entre Korean Air et Asiana. Le 13 février, la Commission européenne a levé les réserves qui avaient été exprimées sur la fusion au titre du contrôle des concentrations, suite à des propositions de mesures correctrices par Korean Air. Celle-ci cédera l'activité mondiale de transport de marchandises d'Asiana à une compagnie tierce (la presse évoque quatre potentiels repreneurs coréens, dont la compagnie à bas coût Jeju Air). Concernant le transport de passagers, Korean Air cédera une partie de ses dessertes vers l’Europe, notamment vers Paris, à la compagnie à bas coût coréenne T’Way, qui effectuera ainsi son entrée sur le marché européen (une liaison inaugurale vers la Croatie est attendue prochainement). Après ce feu vert, la seule autorisation encore en suspens est celle du Département américain de la Justice. Des cessions de liaisons sont également à attendre dans ce cadre, la compagnie coréenne à bas coût Air Premia ayant fait part de son intérêt pour la reprise de dessertes vers les États-Unis. Commission européenne, Korea Times, The Load Star, Korea Economic Daily, Korea Herald.

 

aaaLa reprise du secteur des semi-conducteurs coréen fortement aidée par l’intelligence artificielle. Les derniers chiffres de ventes de semi-conducteurs par Samsung Electronics et SK Hynix montrent que les deux groupes se sont quasiment extraits du cycle bas entamé fin 2022. Si Samsung a vu son activité de semi-conducteurs rester déficitaire sur l’ensemble de l’année 2023, le groupe prévoit un retour dans le vert à partir du premier trimestre 2024, soutenu par la demande de puces mémoires de type HBM, utilisées notamment dans l’IA générative. De son côté, SK Hynix est parvenu à dégager un bénéfice d’exploitation au 4e trimestre 2023, bénéficiant là aussi de la demande pour des puces mémoires associées à l’IA. SK, qui revendique la place de leader sur les puces HBM, a annoncé début février la formation d’une alliance avec TSMC, basée sur la complémentarité entre ses puces mémoires et les puces logiques du fabricant taïwanais, et présentée par la presse comme un important défi posé au concurrent Samsung. Korea Times, Yonhap, Business Korea

 

Les informations présentées dans cette revue d'actualité bimensuelle sont identifiées par le SER de Tokyo et le SE de Séoul. Elles n'ont aucune vocation d'exhaustivité. Les avis exprimés sont les résumés des articles sources.

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