Actualités économiques Nigéria-Ghana | Semaine du 25 septembre 2023

Nous rappelons à notre cher lectorat que le Service économique régional d’Abuja publie régulièrement sur l’actualité économique franco-nigériane et sur ses activités dans le pays à travers sa page LinkedIn et son compte Twitter. Il en est de même pour le Service économique d’Accra, sur LinkedIn.

Faits saillants :

- Nigéria : Confirmé par la Sénat, le nouveau gouverneur de la CBN Olayemi Cardoso veut en finir avec la crise des changes et accroître la transparence ; Les fournisseurs étrangers rejettent de plus en plus les lettres de crédit des entreprises nigérianes ; La Banque mondiale octroie un prêt de 700 M USD au Nigéria pour faciliter l’accès à l’éducation de 8,6 millions d’adolescentes ; Access Bank a investi plus de 200 Md NGN (260 M USD) dans l'agro-industrie.

- Ghana : Le taux de croissance du deuxième trimestre se réduit à 3,2 % ; Des manifestations contre le coût élevé de la vie ont eu lieu à Accra.

Le chiffre à retenir :

Nigéria

Confirmé par la Sénat, le nouveau gouverneur de la CBN Olayemi Cardoso veut en finir avec la crise des changes et accroître la transparence

M. Cardoso et quatre gouverneurs adjoints de la Banque centrale du Nigéria (CBN) ont été confirmés lundi par le Sénat. Olayemi Cardoso a déclaré que la banque centrale, sous sa direction, mettrait immédiatement en œuvre des mesures à court terme pour résoudre la crise des devises étrangères du pays. La valeur du naira continue en effet de chuter, 1 USD s'échangeant désormais contre environ 1 000 NGN sur le marché parallèle, malgré l'unification de tous les segments du marché des changes en juin. M. Cardoso a déclaré que la crise des changes était préoccupante et qu'il fallait un taux de change stable pour que le pays atteigne la prospérité économique. Il a en outre déclaré que la CBN établirait des règles ouvertes et transparentes, que tous les acteurs comprendraient.

« Nous sommes conscients qu'il existe des obligations non réglées par la CBN. Je ne sais pas s'il s'agit de 4, 5 ou 7 Md USD ; la priorité immédiate est d'en déterminer l'ampleur. Il serait naïf de notre part d'espérer réussir si nous ne sommes pas capables de gérer cet aspect du marché des changes. Deuxièmement, nous devons élaborer des règles transparentes, compréhensibles par tous les acteurs de ce secteur. Ces deux mesures, immédiates, contribueront grandement à atténuer la situation actuelle. Ce sont des mesures à court terme. Je sais que leur impact engendrera une plus grande liquidité sur le marché. Ceux qui semblaient ne pas avoir confiance reviendront. Ils verront que la voie est libre. » - Olayemi Cardoso, gouverneur de la CBN

En ce qui concerne l'inflation et le coût des marchandises, M. Cardoso a rappelé qu'au cours des 10 à 15 dernières années, au moins 50 % de l'inflation était due à la masse monétaire et au financement du déficit. « Il s'agit d'un problème majeur auquel nous devons faire face de manière frontale. » a-t-il déclaré, avant de promettre que la CBN travaillerait en collaboration avec les autorités fiscales pour s'attaquer au financement du déficit. Il a enfin admis que la banque centrale s'était écartée, au cours des dernières années, de ses missions principales, et n'avait pas respecté le CBN Act.

« Nous avons vu les conséquences d'une mauvaise gestion. La nouvelle direction de la CBN appliquera une tolérance zéro pour le non-respect des lignes directrices. » - Olayemi Cardoso, gouverneur de la CBN

Ses annonces ont été bien globalement accueillies par la communauté d’affaires nigériane.

Les fournisseurs étrangers rejettent de plus en plus les lettres de crédit des entreprises nigérianes

Les entreprises nigérianes qui dépendent des importations sont confrontées à de nouvelles perturbations : les fournisseurs étrangers rejettent de plus en plus leurs lettres de crédit et insistent sur des paiements comptants, en raison de l'aggravation de la pénurie de devises étrangères. Dans le même ordre d'idées, Afrexim Bank chercherait à obtenir le soutien des négociants en pétrole pour financer le prêt de 3 Md USD accordé à la compagnie pétrolière nationale du Nigeria (NNPCL) afin de soutenir les efforts déployés par le pays pour soutenir le naira. La monnaie a en effet atteint un niveau record mardi de 1 000 NGN pour 1 USD sur le marché parallèle. Ces difficultés laisseraient penser que le système financier mondial ne croit pas que le Nigeria puisse honorer ses obligations en matière de crédit, dans la mesure où l’économie ne disposerait pas de dollars suffisants pour couvrir ses importations. Toutefois, en raison des prix élevés du pétrole brut, le Nigeria a enregistré une balance commerciale positive de 1 290 Md NGN (1,7 Md USD) au deuxième trimestre 2023, ce qui devrait théoriquement améliorer les réserves extérieures du pays. Le nouveau gouverneur de la CBN a désormais la lourde charge de restaurer la confiance des investisseurs et des parties prenantes internationales dans l'économie nigériane.

La Banque mondiale octroie un prêt de 700 M USD au Nigéria pour faciliter l’accès à l’éducation de 8,6 millions d’adolescentes

L’Initiative pour l’autonomisation et l’éducation des adolescentes (AGILE) bénéficiera de 700 M USD supplémentaires de la Banque mondiale. Lancé en 2020 avec une dotation initiale de 500 M USD, ce programme vise à améliorer les conditions d’éducation secondaire pour les filles. Plus particulièrement les fonds sont destinés à construire des lieux d’apprentissage sûrs, à rénover des infrastructures de l’enseignement secondaire, à sensibiliser la population à l’importance de l’accès à l’éducation pour les filles, à contribuer à l’autonomisation de ses dernières et à soutenir financièrement les familles les plus vulnérables. Le nouveau financement permettra d’étendre le projet dans onze Etats supplémentaires et d’élargir la cible des bénéficiaires, qui inclura désormais les filles déscolarisées, mariées ou porteuses d’un handicap. La Banque mondiale espère permettre à 8,6 millions d’adolescentes d’achever leurs études secondaires. Pour rappel, au Nigéria, entre 12 et 15 millions d’enfants sont déscolarisés, principalement dans le Nord du pays. Enfin, la Banque mondiale estime que 1 million d’enfants sont privés d’école en raison de l’insécurité.

Access Bank a investi plus de 200 Md NGN (260 M USD) dans l'agro-industrie

La directrice générale d’Access Bank, Mme Hadiza Ambursa, a déclaré lors d’une conférence de presse de la banque que celle-ci investit plus de 200 Md NGN (260 M USD) dans l’agro-industrie, profitant à plus de 10 000 entreprises agro-industrielles. Ces investissements concernent plus particulièrement les petites exploitations agricoles, les petites et moyennes entreprises, et les associations et coopératives agricoles. Le département agricole de la banque soutient l'agro-industrie afin de renforcer la sécurité alimentaire dans le pays, d’accélérer la croissance du secteur et d’améliorer les moyens de subsistance des agriculteurs et des agro-entrepreneurs.

Ghana

Le taux de croissance du deuxième trimestre baisse à 3,2 %

Le Service statistique du Ghana (GSS) a publié les chiffres de la croissance économique au deuxième trimestre 2023, qui s’élève à 3,2%, en ralentissement par rapport aux 3,5 % enregistrés au cours de la même période en 2022. Le taux de croissance du PIB réel au premier trimestre 2023 a également été révisé à la baisse par le GSS, le ramenant à 3,3 % au lieu des 4,2 % annoncés. Le PIB réel non pétrolier a augmenté de 3,2 % au cours du deuxième trimestre (+4,8 % enregistré au cours de la même période en 2022). Le secteur des services est resté le principal moteur de la croissance au deuxième trimestre, enregistrant un taux de croissance de 6,3 %, suivi par le secteur agricole, avec un taux de croissance de 6,0 %. En revanche, le secteur industriel s’est contracté pour le troisième trimestre consécutif à 1,9 % de croissance au deuxième trimestre 2023. Le sous-secteur de la construction s'est quant à lui contracté de 11,7 %, soit la plus forte baisse en cinq ans. En 2023, si la tendance positive se poursuit, la croissance du produit intérieur brut du Ghana pourrait s’avérer bien supérieure aux prévisions de croissance du FMI, établies à 1,5 % pour l’année.

Des manifestations contre le coût élevé de la vie ont eu lieu à Accra

Des manifestations antigouvernementales ont eu lieu à Accra pendant 3 jours à partir du jeudi 21 septembre, coïncidant avec le Founder’s Day, la journée commémorative du premier président du Ghana, Kwame Nkrumah. Sous la bannière #OccupyJulorbiHouse, des centaines de manifestants ont fait entendre leurs revendications en se dirigeant vers le Golden Jubilee House, le palais présidentiel d’Accra, face aux difficultés économiques que traverse le Ghana, au coût de la vie élevé ainsi qu’au manque d’opportunités d’emploi. Selon les manifestants, les améliorations économiques annoncées par le gouvernement, notamment la baisse du taux d’inflation 40,1 % en août 2023, ne sont pas perçues dans leur vie quotidienne. La manifestation trouve son origine dans le mouvement « Fix the Country » qui a vu le jour en 2021, organisée par Democracy Hub, un groupe de défense de la gouvernance. Au Ghana, les manifestations sont rares et généralement pacifiques.