Le blé canadien est majoritairement produit dans les Prairies (Alberta, Saskatchewan et Manitoba), et plus marginalement en Ontario et au Québec. Les éléments ci-dessous indiquent les derniers chiffres et prévisions publiés fin juin 2023 par les autorités canadiennes pour la production de blé (blé dur[1] et hors blé dur) au Canada pour les campagnes agricoles 2022-2023 et 2023-2024[2].

 

1 – A l’instar de la campagne en cours, la campagne 2023-2024 s’annonce excellente pour la production de blé canadien (hors blé dur), qui alimente traditionnellement les marchés asiatiques (Chine, Indonésie, Bangladesh, Japon) et américains (Etats-Unis, Pérou, Colombie). Pour 2022-2023, les dernières perspectives publiées fin juin par Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) indiquent que la production canadienne de blé a augmenté de 46 % par rapport à 2021-2022, pour atteindre 28,4 millions de tonnes (Mt), ce qui a conduit à un une offre globale également en nette augmentation (+28 %, à 31,6 Mt) malgré la poursuite d’une stratégie de stockage après plusieurs années difficiles. Une part importante de cette production a pris le chemin de l’exportation : celles-ci totalisent 15,7 Mt entre août 2022 à avril 2023, soit 76 % de plus que pour la même période l’an passé et 22 % de plus que le volume moyen des exportations pour cette période. Les exportations totales devraient ainsi avoisiner les 19,65 Mt à la fin de la campagne en cours (fin juillet 2023). Les prévisions pour la campagne 2023-2024 indiquent que la production de blé (hors blé dur) devrait encore augmenter de 5 %, à 29,9 Mt, de même que l’offre globale (+ 6 %, à 33,5 Mt, avec une hypothèse de rendement moyen). Les exportations suivraient la même dynamique, à 20 Mt, en raison notamment des manques de grain à combler dans la région de la mer Noire et en Australie.

 

2 – Les perspectives sont également très bonnes pour le blé dur canadien, produit d’excellence destiné en particulier au marché européen (Italie). Pour 2022-2023, les données indiquent que la production a augmenté de 80% pour atteindre 5,4 Mt et l’offre globale de 57% pour atteindre 6,0 Mt. Les exportations entre août 2022 et fin d’avril 2023 s’élèvent à 4,2 Mt, soit 118 % de plus qu’en 2021-2022 et 26 % de plus que la moyenne quinquennale. Toujours pour la période en cours et selon les dernières estimations, les exportations devraient poursuivre leur augmentation pour parvenir à 4,8 Mt, compte tenu de la demande accrue en Italie, Algérie, Maroc et aux États-Unis. Les prévisions pour la campagne 2023-2024 sont également très optimistes avec une production qui devrait poursuivre sa progression et atteindre 5,8 Mt. Les autorités canadiennes prévoient une légère baisse des exportations par rapport à 2022-2023, à 4,75 Mt, anticipant notamment « l’effet de la concurrence accrue livrée par la France où la production de blé dur affiche une croissance positive ».

 

3 – Plusieurs facteurs, dont l’augmentation des superficies ensemencées et des conditions climatiques propices, expliquent cette performance.  AAC identifie le retour aux rendements tendanciels après la sécheresse de 2021 ainsi que l’augmentation des superficies ensemencées comme les principaux facteurs expliquant l’augmentation de la production de blé au Canada. Publiées le 28 juin, les estimations définitives des superficies ensemencées en grandes cultures montrent en effet une croissance de 6,7% par rapport à 2022, à 26,9 millions d’acres de blé semés en 2023, soit le niveau le plus élevé au Canada depuis plus de deux décennies. Cette augmentation de la superficie totale de blé traduit elle-même une conjoncture très porteuse, marquée notamment par un niveau élevé des prix et une forte demande mondiale. Le retour aux rendements tendanciels s’explique de leur côté par des conditions climatiques plus clémentes, après une année 2021 de sinistre mémoire du fait du « dôme de chaleur ».


[1] Le blé a vocation à être utilisé pour la fabrication de pain alors que le blé dur permet la fabrication de pâtes alimentaires et de semoule.

[2] La campagne agricole débute le 1er août et se termine le 31 juillet pour le blé au Canada