Toute l'actualité économique et financière hebdomadaire de l'Arabie Saoudite, du Bahreïn, des Emirats arabes unis, du Koweït, d'Oman, du Qatar et du Yémen

SERAD

 

Pourquoi vous verrez sans doute plus de banques du Golfe en France 

Chez les rois du pétrole, l’argent est Sheikh ? Alors que les banques américaines et européennes ont fait face aux faillites les plus importantes depuis la crise de 2008-2009, les banques du CCEAG enregistrent des résultats en hausse au cours des derniers mois.

Les banques de la région ont commencé à publier leurs résultats du S1 2023 et la bonne dynamique de 2022 semble se poursuivre. Parmi celles qui ont déjà publié leurs chiffres, la plupart enregistrent de fortes hausses de leurs revenus d’intérêts nets (jusqu’à 101% pour Mashreq en glissement annuel), soutenues par la hausse des taux américains — que la FED a encore remonté cette semaine.

Plusieurs cerises sur le gâteau :

  • Les gains de change sur les actifs en devises étrangères ont permis d’encaisser des revenus supplémentaires (1,4 Md AED pour FAB contre 23 M un an plus tôt, 1,7 Md QAR pour QNB contre 890 M l’année dernière);
  • Reflet de l’amélioration de la situation macroéconomique, le coût du risque est en baisse significative dans de nombreuses banques (-88 % pour Mashreq Bank, -50% pour Emirates NBD, -42 % pour KFH) ; à quelques exceptions notables : FAB (+42 %), QNB (+27 %) et NBK (+129 %!).

Bottomline, les bénéfices nets des banques progressent (jusqu’à +144 % pour Mashreq Bank et 121 % pour KFH). Même SNB, qui a perdu 1,5 Md USD avec Crédit suisse, enregistre un bénéfice net en hausse de 10,4 %.

Parmi les grandes banques de la région, la principale contreperformance — toute relative — est celle de la banque islamique saoudienne, Al Rajhi Bank, dont les bénéfices reculent de 1,2 % (à 8,4 Md SAR).

Le secteur bancaire est l’un des secteurs prioritaires des politiques de diversification économique dans la région. Compte tenu de leurs bons résultats, il faut s’attendre à ce que les banques accélèrent leur stratégie de développement.

Illustration dans un article des Echos qui revenait cette semaine sur les investissements parisiens de FAB. Comme les grandes américaines, la banque d’Abu Dhabi veut faire de Paris sa porte d’entrée pour le marché européen.

Un mois après les fuites sur les discussions entre FAB et Lazard, l’hypothèse d’une grande opération d’acquisition en Europe ou aux Etats-Unis, comme nous l’écrivions en mars, reste donc plus que jamais d’actualité.

A la faveur de l'automne ?

 

Le rendement des banques émiriennes et saoudiennes se redresse (ROA, %)

 ROA UAE KSA

Sources: CBUAE, SAMA, SER

 

Pétrole et gaz 

Brent 28/07/2023 à 12h20 GST : 84 USD

Les prix du pétrole sont en hausse cette semaine. Les contrats à terme du Brent s’échangent actuellement, vendredi 28 juillet à 12h20 GST, à environ 84 USD le baril contre 80-81 USD la semaine dernière. Le mois de juillet se termine bientôt et aura donc été marqué par une reprise des cours pétroliers. A titre d’illustration, le baril de Brent aura augmenté, si les niveaux restent similaires d’ici la fin du mois, de presque 9 USD (+12%).

Le resserrement de l’offre mondiale ainsi que l’amélioration des perspectives autour de la future demande chinoise de pétrole (voir les brèves de la semaine passée) ont continué à soutenir les prix de l’or noir durant les sept derniers jours. Plus récemment, les cours pétroliers ont également été stimulés par la lecture dovish des investisseurs concernant la hausse des taux outre-Atlantique. Certes la FED a relevé sa fourchette de taux d'intérêt de référence de 25 pbs, mais la déclaration du président Powell a été considérée par certains comme un signe que le cycle de hausse des taux touchait à sa fin.

Dans le même temps et selon Bloomberg, la valeur des exportations pétrolières de l’Arabie saoudite a atteint en mai 2022 son plus bas niveau depuis septembre 2021 (- 38% en g.a.). Cette chute des exportations est due à la fois à des prix pétroliers plus faibles et à une production bien moindre.

Brèves économiques  

Région

Les Banques centrales du CCEAG rehaussent leurs taux directeurs, suivant ainsi la décision similaire de la FED américaine. A noter que les six banques centrales ont cette fois-ci réagi et augmenté de 25bps leurs principaux taux. Le Koweït, dont le dinar est fixé à un panier de devises et pas seulement au dollar américain, a donc suivi la politique monétaire de Washington pour la première fois depuis plusieurs mois. Pour mémoire, il s’agit de la 11e hausse de taux de la FED depuis mars 2022, après avoir décidé de maintenir le statuquo le mois dernier. L’objectif des politiques monétaires du CCEAG est, ici, surtout de soutenir leur régime de change fixe avec le dollar américain et d’éviter les sorties de capitaux.

Des résultats globalement bons pour les banques du Golfe en ce premier semestre 2023. Les structures commencent à publier leurs résultats du S1 2023 et la bonne dynamique de 2022 semble se poursuivre. Les prix pétroliers et la croissance économique ne sont plus aussi élevés qu’en 2022 mais les banques du CCEAG continuent – globalement – de bénéficier de la conjoncture actuelle (hausse des taux, inflation régionale relativement faible). À titre d'exemple, les banques des Émirats arabes unis tirent profit de la hausse des taux d'intérêt compte tenu de la structure de leurs bilans avec d’importants dépôts non-rémunérés. Sans être exhaustif, les profits (Net Profit) de Emirates NBD ont bondi de 130% et de 144% pour Mashreq Bank au S1 2023. Ces résultats très positifs se retrouvent chez plusieurs des voisins dont les banques saoudiennes Albilad (+14% au S1), Saudi Fransi (+26% au S1), Alinma Bank (+25%) ou encore qataries comme QIB (+16% au T2) et koweitiennes comme KFH (+122% au S1). Toujours en glissement annuel. Certains bénéfices sont toutefois en baisse sur le premier semestre de l’année, c’est le cas pour la banque saoudienne Al Rajhi ou la banque qatarie Masraf al Rayan.

Les deux fonds souverains de l’Arabie saoudite (le PIF) et d’Oman (OIA) ont signé un protocole d’accord afin de coopérer davantage dans de futurs investissements et élargir le portefeuille du PIF à Oman. Ce protocole d’accord fait suite à la création par le PIF de la Saudi Omani Investment Company (SOIC) qui vise à investir jusqu’à 5 Md USD chez son voisin Omanais.

Arabie saoudite

Le FMI réduit à 1,9 % sa prévision de croissance du PIB de l'Arabie saoudite pour 2023 (contre 3,1% en mai dernier). Cette estimation en baisse est principalement liée à la réduction de production pétrolière du Royaume décidée à la fois dans le cadre de l’OPEP+ et volontairement. L’organisation internationale précise toutefois que l'investissement privé, y compris la mise en œuvre de "giga-projets", continue de soutenir la croissance du PIB non pétrolier.

L’Arabie saoudite va accorder à la Tunisie un prêt concessionnel de 400 M USD et un don de 100 M USD. Cette aide financière vise à soutenir l’économie tunisienne. L'accord a été signé par le ministre saoudien des Finances Mohammed Al-Jadaan et son homologue tunisien Siham Al-Boughdiri.

Le Bangladesh sollicite des prêts de 900 M USD auprès de l'International Islamic Trade Finance Corp (ITFC), basée à Djedda, pour ses importations d'énergie. Dans le détail et selon Bloomberg, Bangladesh Petroleum Corp (BPC) prévoit d'emprunter 400 M USD pour importer des produits pétroliers et Petrobangla 500 M USD pour importer du gaz naturel liquéfié (GNL).

L'Arabie saoudite accueillera la semaine du climat « MENA 2023 » en octobre 2023. L’objectif de cette semaine sera de discuter des progrès accomplis dans la réalisation des objectifs de l'Accord de Paris en matière de changement climatique, en coopération avec les Nations unies. Le thème central abordé sera le "Global Stocktake" (bilan mondial).

Le fonds souverain Public Investment Fund (PIF) signe un protocole d’accord avec le japonais JERA afin de développer l’hydrogène vert. JERA est le plus grand producteur d'électricité du Japon. Ce protocole d'accord ouvre la voie aux deux parties pour entamer des études de faisabilité afin de développer des projets d'hydrogène vert et de produits dérivés.

L'Arabie saoudite s'oppose à la proposition du G20 de tripler la capacité de production d'énergie verte d’ici à 2030. La Chine, premier émetteur mondial de dioxyde de carbone, l'Afrique du Sud et l'Indonésie, exportateurs de charbon, ainsi que la Russie se sont également opposés à ce projet. L'Inde, qui assure actuellement la présidence du G20, a adopté une position neutre sur la question.

Bahreïn

La plateforme d’échange de crypto-monnaies Rain, basé à Bahreïn, a reçu l'autorisation d'opérer aux Émirats arabes unis. Plus précisément, les résidents émiriens pourront désormais échanger des actifs virtuels via Rain qui a donc obtenu une autorisation d’Abu Dhabi Global Market (ADGM). Un nouvel exemple de la récente montée en puissance des Emirats sur la scène des cryptoactifs. Bahreïn est également une place importante dans le Moyen-Orient pour les monnaies virtuelles. Pour rappel, le Novotal Bahreïn Al Dana Resort de Manama avait annoncé en février dernier accepter les paiements via EazyPay et Binance Pay.

EAU

Les recettes publiques des EAU atteignent 31,5 Md USD au T1 2023 et les dépenses 25,2 Md USD. Des chiffres qui permettent donc aux Emirats de dégager un surplus de 6,3 Md USD. Les revenus sont cependant en baisse par rapport au T1 2022 (33,7 Md USD), un trimestre marqué par des prix du pétrole plus élevés. Les revenus non-pétroliers devraient toutefois augmenter en 2023 compte tenu de l’impôt sur les sociétés, instauré en juin dernier.

Offset8 Capital prévoit de clôturer sa levée de 250 M USD pour son fonds carbone au cours du T3 2023. Une fois achevé sous réserve des approbations réglementaires, le fonds devrait se concentrer sur des projets de réduction des gaz à effet de serre en Afrique, Asie du Sud-Est et Moyen-Orient. Pour rappel, Abu Dhabi Global Market a lancé en 2022 le premier marché réglementé d’échange volontaire du carbone dans la région MENA avec l’entreprise singapourienne ACX.

Un consortium de fonds émiriens mené par le fonds souverain ADQ a annulé un projet d'achat dans la société israélienne de services financiers Phoenix Holdings.  Selon Bloomberg, cette annulation est liée à des questions réglementaires. Les fonds émiriens souhaitaient acheter entre 25 et 30% de Phoenix Holdings (une participation majoritaire), une structure cotée à la bourse de Tel Aviv et dont la capitalisation boursière est d’environ 2,6 Md USD.

Masdar va investir dans l’éolien offshore allemand aux côtés de l’espagnol Iberdrola. Baltic Eagle, le parc éolien en question, comptera 50 éoliennes pour une capacité totale de 476 MW et est évalué à environ 1,6 Md EUR (selon les deux entreprises). La mise en service du parc est prévue pour fin 2024 et sa production est attendue à environ 1,9 TWh par an. Pour mémoire, Masdar est le fer de lance de la transition énergétique émirienne. L’entreprise, fondée en 2006 par le fonds souverain Mubadala, est présente dans une quarantaine de pays et a comme objectif de porter sa capacité d’énergie renouvelables à 100 GW d’ici 2030 (contre 20 GW en 2022).

First Abu Dhabi Bank (FAB) fait de Paris son hub européen. La CEO de la principale banque des Emirats en termes d’actifs (312 Md USD au T2 2023), Hana Al Rostamani, était de passage en France ce mois-ci et en a profité pour désigner Paris comme futur hub européen. La capitale française couvrira bientôt la zone européenne, actuellement sous giron de l’équipe londonienne. Selon Les Echos, FAB a formulé la demande aux autorités compétentes pour devenir une filiale de plein exercice (contre une simple succursale de FAB Abu Dhabi aujourd’hui).

Les Émirats ont rejoint l'Alliance mondiale pour les biocarburants. Fondée par l'Inde aux côtés des États-Unis et du Royaume-Uni en février dernier, cette organisation vise à développer et à promouvoir l'utilisation de biocarburants. Selon le récent rapport "Biofuel Policy in Brazil, India and the United States" de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), la production mondiale de biocarburants devrait tripler d’ici 2030 afin de réaliser le scénario Net Zéro Emissions en 2050.

Le fonds souverain ADIA va ouvrir un bureau en Inde. Le principal fonds souverain émirien (850-990 Md d’actifs sous gestion selon les estimations) ouvrira son bureau dans Gujarat International Finance Tec-City, une zone économique spéciale située dans le nord-ouest du pays. Historiquement, ADIA n’est pas très présent sur les marchés émergents. Le fonds souverain investit seulement entre 10-20% de son portefeuille dans les économies émergentes, contre 45-60% en Amérique du Nord.

Koweït

La Kuwait National Petroleum Company (KNPC) a réalisé un bénéfice très élevé pendant l'exercice fiscal 2022-2023, à 1,02 Md KWD (3,32 Md USD). La PDG de la société, Wadha Al-Khatib, a exprimé sa fierté d'avoir réalisé cette « réalisation extraordinaire », notant que les bénéfices de la société ont enregistré une augmentation de 675 M KWD au cours cet exercice. Elle a également annoncé avoir exporté la première cargaison de carburant à indice d’octane 95 vers les marchés européens. Un volume de 35 000 tonnes a été exporté à bord du pétrolier Pacific Sarah.

La séance du Parlement, qui visait à discuter du programme d'action du gouvernement, s'est transformée en arène de critiques, sur fond de demandes parlementaires de retrait du programme. Les députés ont renouvelé leur refus d'imposer des taxes et des redevances aux citoyens, et leur opposition à l'approbation de la loi sur la dette publique, critiquant l'absence de lois de réforme politique et l'absence d'inclusion dans le programme de ce qui est lié à l'amélioration de la vie des citoyens parmi les priorités du programme. Les représentants ont appelé à retirer le programme et à le reconsidérer, estimant qu'il “ne répond pas aux aspirations des citoyens, et n'est pas conforme aux demandes de corriger le cap".

Heavy Engineering Industries & Shipbuilding Company (Heisco) engagé par KNPC pour des travaux de maintenance à hauteur de 300 M USD. Dans le détail, Heisco fournira des services de maintenance dans la raffinerie Mina Abdullah pendant cinq ans. Pour rappel, le Koweït a de fortes ambitions sur le downstream. Selon les informations de MEED, la dernière unité de distillation de brut (CDU) de la raffinerie d'Al Zour (dont la capacité totale est de 615 000 bj, une des plus importantes dans le monde) est récemment entrée en service et devrait tourner à plein régime d’ici fin septembre.  

Oman

Faible inflation à Oman en juin : +0,7% en g.a. Dans le détail, cette hausse générale des prix a été principalement alimentée par l’augmentation du prix : i) des services d’hôtellerie et de restauration (+3,7%) ; ii) des équipements ménagers et quotidiens (+2,9%) et iii) de la nourriture (+2,2%), en particulier les produits laitiers, les produits de la mer et les matières grasses.

Le Sultan S.M. Haïtham bin Tariq a promulgué la nouvelle loi travail – l’ancienne datant de 2003. Le texte de loi couvre les conditions de travail, de contrats ainsi que les obligations entre employeurs et salariés. Outre des mesures visant à protéger le salarié – par exemple l’augmentation des droits aux congés maternité, paternité et maladie, la loi améliore également le climat des affaires pour l’employeur (clause de non-concurrence, etc.).

Qatar

Le Qatar promet 100M USD d’aide humanitaire à l’Ukraine. Les fonds seront consacrés à la réhabilitation des infrastructures de santé et d'éducation, à l'approvisionnement en eau potable et aux services humanitaires, ainsi qu'à l'octroi de 50 bourses d’étudiants ukrainiens inscrits dans des universités qatariennes.

Qatar Airways annonce un bénéfice de 1,2 Md USD pour le dernier exercice fiscal. Ce chiffre est donc en légère baisse par rapport au 1,5 Md USD de l’exercice précédent, en raison notamment de la hausse des prix de l’énergie. En revanche, la Coupe du monde de football, organisée en décembre dernier au Qatar, a été très bénéfique pour la compagnie aérienne. Pour mémoire, en mai 2023, Qatar Airways disposait d’une flotte de 260 appareils et proposait plus de 160 destinations.

La compagnie aérienne espagnole Iberia rejoint Qatar Airways et British Airways pour former le plus grand partenariat de ce type dans le monde. La première application de ce rapprochement inédit interviendra avec le lancement à partir du 11 décembre 2023 d’un vol quotidien Iberia entre Doha et Madrid.

Le fonds souverain du Qatar (QIA) envisage de prendre une participation minoritaire dans l’activité de vente au détail du géant indien de la pétrochimie Reliance Industries Limited (RIL), selon le Financial Times. RIL appartient au conglomérat du milliardaire indien Ambani. Le cas échéant, QIA ne serait pas le premier fonds souverain du Golfe à investir dans Reliance Retail Venture. Toujours selon le Financial Times, les fonds souverains émiriens Mubadala et ADIA auraient chacun un peu plus de 1% des parts et le PIF saoudien 2%.

Kering acquiert une participation de 30 % dans Valentino, détenu par le fonds qatarien Mayhoola, pour 1,7 milliard d'euros. L'accord comprend une option permettant à Kering d'acheter la totalité du capital de Valentino jusqu’en 2028.