Cela fait 20 ans que le concept de Smart City s’est développé en Corée, fondé sur la prédisposition du pays en matière de nouvelles technologies et le besoin de traiter la saturation de la métropole de Séoul via des solutions innovantes. Le gouvernement coréen a mis en place une politique affirmée dans ce domaine, renforçant le rôle du ministère des Territoires, des Infrastructures et des Transports (MOLIT) et favorisant les mesures favorables à l’innovation et à l’intégration des technologies.

Les Smart Cities, un choix logique de développement urbain pour la Corée

Le ministère coréen des Territoires, des Infrastructures et des Transports (MOLIT) définit la Smart City comme une plateforme qui améliore la qualité de vie des citoyens et la durabilité des villes, en utilisant les technologies innovantes : recours massif aux technologies de l’information, utilisation de capteurs, mise en réseau des données, automatisation des flux logistiques, etc. Selon la Banque Mondiale, les principales thématiques couvertes par les projets Smart City en Corée sont le transport, la sécurité, l’accès à l’information et l’administration publique, ainsi que l’environnement.

Les Smart Cities sont vues à la fois comme une réponse aux enjeux d’urbanisation du pays et comme un outil d’attractivité. Une première vision servicielle des Smart Cities découle de la surpopulation de la métropole de Séoul qui accueille la moitié des habitants du pays, à travers des technologies innovantes. Une vision plus réputationnelle porte sur la création de villes « vitrines », conformes à la réputation technologique de la Corée (meilleur taux de pénétration Internet et 5G au monde) et à même d’attirer des entreprises et structures de rang international, comme le Fonds vert pour le climat installé à Songdo en 2012, ou le pôle biotech de cette même ville.

On compte ainsi une quinzaine de Smart Cities en Corée du Sud (cf. annexe 1) que l’on peut classer en deux catégories : (1) les greenfields (projets ex-nihilo épousant le concept de Smart City), tels que les quartiers de Songdo à Incheon, Unjeong à Paju ou « 5-1 » à Sejong et (2) les brownfields (villes existantes dans lesquelles on introduit des services ou infrastructures « smart »), parmi lesquels les plus grandes villes comme Séoul et Busan.

Une stratégie gouvernementale affirmée

Les Smart Cities apparaissent en Corée au début des années 2000 sous la dénomination « u-Cities » (ubiquitous cities). Elles sont d’abord centrées sur les villes nouvelles de Dongtan et Songdo, avant d’être introduites à Busan puis Séoul. Ces initiatives comprennent notamment la multiplication de caméras de surveillance, la mise en place de panneaux d’information en temps réel sur les transports en commun ou encore le déploiement de cartes de transport universelles.

Le cadre institutionnel et le soutien budgétaire ont été renforcés au fil des années, notamment avec le « Smart City Act » 2008, confiant au MOLIT un rôle d’évaluation des projets présentés par les municipalités en vue de prétendre à des subventions nationales. Le MOLIT a progressivement mis en place plusieurs comités et plans d’actions dédiés, et a fait des Smart Cities une de ses 7 politiques prioritaires à partir de 2016. Dans ce sillage, le budget du MOLIT alloué aux Smart Cities a fortement augmenté.

La relation avec le secteur privé a été structurée en vue de soutenir l’innovation et l’intégration des technologies sous forme de plateforme. A partir de 2015, le MOLIT et le ministère des sciences et technologies assurent la mise en commun des données de caméras de surveillance pour l’ensemble des autorités publiques (ex. policiers, pompiers, voirie), puis à partir de 2018, autorisent les autorités publiques à faire appel à des réseaux et installations de télécommunications fournis par des entreprises privées. De manière générale, les données deviennent également accessibles aux citoyens à partir de 2012, via le Seoul Open Data Plaza (SODP). Plusieurs « bacs à sables réglementaires » (dérogations temporaires aux règlementations habituelles) ont été mis en place dans les Smart Cities pour le test et la mise en service de nouvelles technologies (ex. autorisation de chauffeurs VTC à Songdo et Sejong, véhicule autonome).

La Corée nourrit maintenant l’ambition d’exporter son modèle de Smart City à l’étranger. Les Smart Cities font partie des thématiques prioritaires de la politique d’aide au développement de la Corée (Vietnam, Kenya), et la Corée accueille de multiples conférences académiques et un grand salon annuel, la « World Smart City Expo ».