Lettre AGRO Japon – Corée

 N° 69 -avril 2023

 

  drapeau Japon

Sommaire

 

Japon
  • Les importations de produits agricoles et agroalimentaires français au Japon atteignent 457M€ au premier trimestre 2023. 
  • Le gouvernement japonais étend au secteur agricole le régime de séjour de longue durée pour les travailleurs étrangers qualifiés. 
  • La maison de commerce Sumitomo va commercialiser cette année au Japon des aliments à base d'insectes pour les poissons d'élevage. 
  • Le Japon prépare des mesures législatives renforçant les pouvoirs du gouvernement face à une situation d'urgence en matière d'approvisionnement alimentaire.
  • Les entreprises représentent une part croissante de la production agricole au Japon.
Corée
  • Les importations de produits agricoles et agroalimentaires français en Corée progressent de 30% en valeur en glissement annuel et atteignent 223 M€ au premier trimestre 2023.
  • POSCO International devrait devenir l'un des 10 premiers producteurs mondiaux de céréales d'ici 2030.

 

Le chiffre du mois : 457 M€

Importations de produits agricoles et agroalimentaires français au Japon au premier trimestre 2023

 

Japon

Les importations de produits agricoles et agroalimentiares français au Japon atteignent 457 M€ au premier trimestre.

Sur les trois premiers mois de l’année, les importations de produits français par le Japon progressent de 10% en valeur (glissement annuel). La hausse des prix à la consommation alimentaire, qui continue de progresser en mars avec +7,8% en g.a. (après 7,5% en février), soutient les exportations en valeur mais entraîne un effet volume négatif pour de nombreux produits en raison des arbitrages des consommateurs. Sur les 12 derniers mois, le Japon a importé pour 1,967 Mds € de produits agri/agro français (+16%).

Les vins de raisin résistent bien au premier trimestre et progressent de 12% en valeur en g.a. pour atteindre 236 M€, toujours tirés par les vins mousseux (+16% en valeur, 14% en volume) ; les vins tranquilles connaissent un léger recul en volume (-3%) mais restent tirés par l’effet prix (+9% en valeur).

Les préparations à base de céréales (boulangerie, biscuits) sont en revanche pénalisées par les hausses de prix et reculent de 15% en volume et de 2% en valeur, tout comme les produits laitiers : les fromages, s’ils restent stables en valeur (+5%), voient une forte baisse des volumes (-5%), tout comme le beurre
(-38% en volume pour -4% en valeur). Les produits de la pêche connaissent une forte hausse sur le trimestre, tirée par les importations de thon rouge (+79% en volume, +133% en valeur).

La transmission progressive des hausses de coûts vers les prix à la consommation se poursuit au 1er trimestre et vient contrarier la forte dynamique de progression des importations de produits français observée en 2022 dans le contexte de levée progressive des mesures de distanciation sociale au Japon. La France réalise néanmoins un 1er trimestre solide, avec des évolutions proches de celles de l’Italie (qui repasse derrière la France parmi les fournisseurs européens, en raison d’une forte chute de ses exportations de produits à base de tabac). Douanes japonaises

 

Le gouvernement étend au secteur agricole le régime de séjour de longue durée pour les travailleurs étrangers qualifiés.

Dans le cadre du système actuel introduit en 2019, le secteur agricole était éligible au statut de « type 1 », qui permet aux ressortissants étrangers de rester pour une durée maximale de cinq ans. Le statut de type 2, qui permet aux travailleurs hautement qualifiés de rester au Japon indéfiniment et de faire venir les membres de leur famille au Japon, sera étendu à l’agriculture et à la restauration. En février 2023, il y avait environ 146 000 titulaires du type 1 et seulement 10 titulaires du type 2, tous secteurs confondus.

Cette mesure va de pair avec la fin probable du programme de formation professionnelle étrangère, suite à la recommandation d’un groupe d’étude de l’administration. Ce programme, qui portait officiellement sur la formation professionnelle mais consistait de facto à employer de la main-d’œuvre étrangère à bas coût, était l’objet de critiques récurrentes liées aux nombreux abus documentés en matière de conditions d’accueil des travailleurs. Le système de travailleur qualifié rénové a ainsi vocation à lui succéder. Persol Holdings, l'une des plus grandes sociétés de travail temporaire du Japon, y a déjà recours pour le recrutement de travailleurs d'Asie du Sud-Est ayant étudié dans des écoles d'agriculture. Persol espère également recruter des travailleurs dans des pays d'Asie du Sud tels que l'Inde, le Népal et le Sri Lanka et vise à ce que son nouveau service génère un chiffre d'affaires de 1,3 milliard de yens (8,8 millions d’euros) d'ici 2026. Japan Times, Nikkei Asia 1, Nikkei Asia 2

 

La maison de commerce Sumitomo va commercialiser cette année au Japon des aliments à base d'insectes pour les poissons d'élevage.

Sumitomo a récemment acquis les droits de distribution exclusifs au Japon de la start-up Nutrition Technologies, basée à Singapour, qui produit une poudre destinée à l’alimentation des poissons et des animaux de compagnie à base de larves de mouches soldat noires. Nutrition Technologies produit environ 3 000 tonnes pour insectes par an, ce qui en fait le deuxième plus gros volume au monde et Sumitomo a pour objectif d'importer et de vendre 30 000 tonnes d'aliments pour insectes d'ici à 2030, soit 7,5 % des 400 000 tonnes de nourriture pour poissons consommées au Japon. Le prix sera d'environ 200 000 yens (environ 1 300 euros) par tonne, proche de celui des farines pour poissons classiques.

Cette annonce fait suite à la conclusion, en mars dernier, d’un partenariat pour l’alimentation animale au Japon entre Marubeni, autre géant du négoce japonais, et l’entreprise française Ynsect, spécialisée dans l’exploitation de fermes d’insectes (Cf. lettre agro n°68). Elle confirme l’intérêt croissant des acteurs japonais pour l’alimentation à base d’insectes : encore confidentielle dans le domaine de l’alimentation animale, elle pourrait constituer une alternative intéressante aux produits traditionnels importés, tout en affichant une empreinte carbone réduite selon ses promoteurs. Nikkei Asia

 

Le Japon prépare des mesures législatives renforçant les pouvoirs du gouvernement face à une situation d'urgence en matière d'approvisionnement alimentaire.

En 2012, le Ministère de l'Agriculture, des Forêts et de la Pêche (MAFF) avait établi des lignes directrices pour expliquer les mesures à prendre en cas de crise alimentaire (mauvaise récolte, rupture des approvisionnements) mais en l’absence de base législative, celles-ci ne sont pas contraignantes. La prochaine révision de la loi fondamentale sur l’agriculture en cours de préparation devrait être l’occasion de clarifier les dispositions applicables en cas d’urgence. Parmi les nouvelles mesures envisagées lorsque le gouvernement déclare une « situation d’urgence » figurent le stockage obligatoire privé, la réquisition des terres agricoles pour cultiver des céréales ou des pommes de terre, le contrôle des prix et les mesures de régulation des stocks de la distribution pour éviter les mouvements de panique des consommateurs. Ces mesures pourraient être soumises au Parlement dès l'année prochaine.

Le taux d’autosuffisance du Japon s’élève seulement à 38 % en termes de calories, soit le niveau le plus bas parmi les pays du Groupe des Sept. En 2022, la moitié des importations alimentaires du Japon, en valeur, provenait de quatre partenaires commerciaux : les États-Unis, l'Union européenne, la Chine et l'Australie. Le Japon est particulièrement dépendant d'un petit nombre de fournisseurs pour le blé, le soja, les céréales fourragères et d'autres produits de base et cette vulnérabilité est particulièrement mise en exergue depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui a entraîné une hausse des prix du blé et des engrais. Les tensions autour du détroit de Taïwan, point de transit pour les navires chargés de denrées alimentaires à destination du Japon, constituent un risque de difficulté d’approvisionnement. Enfin, le changement climatique, qui exacerbe les mauvaises récoltes dans le monde entier, représente également un risque pour la production et l’approvisionnement alimentaire.  Agrinews, Nikkei

 

Les entreprises représentent une part croissante de la production agricole au Japon.

Selon le Ministère de l'Agriculture, des Forêts et de la Pêche (MAFF), tandis que le nombre d’agriculteurs individuels a chuté de 20%, le nombre d'entreprises engagées dans la production agricole a augmenté de 30 % au cours des cinq dernières années pour atteindre 32 200. Les sociétés agricoles ont vendu pour environ 3 000 milliards de yens (20 milliards d’euros) de produits agricoles en 2020, soit une augmentation de 50 % par rapport à la décennie précédente, ce qui représente 40 % des ventes nationales totales. Nombre d'entre elles fabriquent des produits à forte valeur ajoutée, tels que des légumes issus de l'agriculture biologique et des tomates à forte teneur en sucre, et 30 % des entreprises réalisent des bénéfices de plus de 50 millions de yens (environ 330 000 €) par an. La plupart des entreprises restent de taille relativement modeste : ainsi, Aeon Agri Create, filiale du géant de la distribution Aeon, qui exploite 20 fermes au Japon pour une superficie totale de 400 hectares, est l'un des plus grands producteurs agricoles du pays.

La réforme agraire conduite après la Seconde Guerre mondiale avait limité à 1 hectare la surface agricole attribuée à chaque agriculteur, créant ainsi une structure atomisée de nombreux petits riziculteurs soutenus par des mesures protectionnistes. Pour faire face au vieillissement de la population agricole (au Japon, 70 % des agriculteurs sont âgés de 65 ans ou plus) et augmenter la productivité, le gouvernement privilégie désormais le développement d’entreprises agricoles de plus grande taille, qui ont notamment pu bénéficier de la dérèglementation de la location des terres agricoles introduite en 2009. Actuellement, les sociétés gèrent environ 30 % des terres arables du pays, la superficie moyenne par société étant de 28 hectares en 2022, soit neuf fois plus que la moyenne nationale. Ce modèle sociétaire semble attirer particulièrement les jeunes qui entrent en agriculture et a attiré près de la moitié des nouveaux actifs agricoles de moins de 50 ans en 2021. Ce développement ne se traduit pas à ce jour par une hausse de la productivité globale, qui reste faible : selon l’OCDE, la productivité de la main-d'œuvre japonaise dans l'agriculture, la sylviculture et la pêche a même baissé en moyenne de 0,5 % par an entre 2000 et 2020. Le gouvernement japonais mise sur le développement d’entreprises agricoles pour favoriser la diffusion des nouvelles technologies, dont le coût reste souvent trop élevé pour les micro-exploitations.  Nikkei Asia

 

Corée du Sud

Les importations de produits agricoles et agroalimentaires français en Corée progressent de 30% en valeur en glissement annuel et atteignent 223 M€ au premier trimestre 2023.

Cette hausse repose essentiellement sur un effet prix, en particulier pour les importations de vins français qui augmentent de 18% en valeur alors qu’elles diminuent de 11% en volume, en glissement annuel. Les vins tranquilles, qui constituent les ¾ des volumes de vins importés de France, reculent de 23% ; à l’inverse, les vins pétillants poursuivent leur bonne dynamique avec +48% en volume et +37% en valeur. Les produits de la pêche (filets de thon rouge essentiellement) enregistrent une hausse de 152% en valeur et 87% en volume en g.a. et constituent le 2e poste sur le trimestre (42 M€). Les produits laitiers progressent également en valeur (+36%), tirés par la bonne tenue des importations de beurre, dont la France est le 2e fournisseur de la Corée (+65% en valeur et +42% en volume en g.a.) et le lait et la crème non concentrés (+55% en valeur et +29% en volume). Les importations de fromages semblent en revanche particulièrement pénalisées par la hausse des prix, avec une valeur quasiment stable mais une diminution des volumes de 33%. Les préparations à base de céréales poursuivent leur recul (-11% en volume, -13% en valeur sur le trimestre), tout comme la viande (-20% en volume, -15% en valeur). Douanes coréennes

 

POSCO International deviendra l'un des 10 premiers producteurs mondiaux de céréales d'ici 2030.

La maison de commerce, filiale de l’aciériste POSCO et qui possède déjà un terminal de chargement de céréales en Ukraine, prévoit d’investir massivement dans trois directions d’ici 2030 : sécuriser un système mondial d'approvisionnement en matières premières, établir une chaîne de valeur alimentaire stable et encourager de nouvelles entreprises Agro Tech. L'objectif est d'obtenir 860 000 hectares de terres agricoles, 7,1 M de tonnes de production et 2,34 M de tonnes de produits transformés par le biais de coentreprises avec des sociétés agricoles dans les principales zones productrices tels que l'Australie, l'Amérique du Nord et l'Amérique du Sud.  Selon POSCO International, l'établissement d'une capacité de production annuelle de 7,1 M de tonnes est nécessaire pour atteindre la sécurité alimentaire en Corée, et l'entreprise prévoit d'assurer une production annuelle de 5 M de tonnes grâce à des actifs agricoles dans la région de la mer Noire, 1 M de tonnes en Amérique du Nord et en Australie, et 600 000 tonnes dans d'autres régions telles que l'Asie centrale et l'Asie du Sud-Est.

POSCO International a déjà établi un partenariat avec Hancock Prospecting en Australie pour obtenir un site de culture du blé de 250 000 hectares et prévoit d'obtenir 500 000 hectares supplémentaires d'actifs agricoles par le biais d'acquisitions d'entreprises agricoles de qualité supérieure dans la région de la mer Noire. Aux Etats-Unis, premier producteur mondial de céréales, POSCO International prévoit d’établir un système d'approvisionnement local avec des entreprises de premier plan afin de garantir un approvisionnement annuel de 3 M de tonnes.  Korea Times

 

 

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 Rédigé par : Le pôle agriculture et alimentation du Service économique régional de Tokyo et le Service économique de Séoul.

Contacts : Jérôme PERDREAU, Conseiller agricole, jerome.perdreau@dgtresor.gouv.fr 
Claudine GIRARDO, Conseillère réfèrente SPS claudine.girardo@dgtresor.gouv.fr
Ryoko ISODA, Attachée sectorielle au pôle agriculture et alimentation, ryoko.isoda@dgtresor.gouv.fr                                      Flora FADDA-KIM,  Chargée de mission  flora.fadda-kim@dgtresor.gouv.fr
Jina AHN, Attachée économique, en charge des questions agricoles au sein du SE de Séoul jina.ahn@dgtresor.gouv.fr