Lettre AGRO Japon – Corée

 N° 68 -mars 2023

 

  drapeau Japon

Sommaire

 

riz 
Japon
  • Le secteur de l’alimentation continue de soutenir l’inflation au Japon.
  • Les faibles rendements pèsent sur le taux d’autosuffisance du Japon pour le soja.
  • Le Français Ynsect conclut un partenariat avec la maison de commerce Marubeni pour l’alimentation animale au Japon.
  • Le géant Kubota investit dans deux PME françaises d’agroéquipements.
Corée
  • Le déficit commercial agricole et agroalimentaire coréen continue de se creuser en février.
  • POSCO International et Daesang Corporation s’associent dans la filière sucre amidon.
  • La Corée tente de restructurer sa filière rizicole pour s’adapter à la diminution de la consommation.

 

Le chiffre du mois : +7,5%

Hausse de l'indice des prix alimentaires à la consommation au Japon en février (g.a.)

 

Japon

Le secteur de l’alimentation continue de soutenir l’inflation au Japon.

L’inflation alimentaire poursuit sa progression en février pour atteindre +7,5% en g.a., alors que l’inflation globale ralentit (+3,3% en g.a. après +4,3% en janvier). Après la forte progression de janvier (+1,4% en glissement mensuel) liée aux hausses de prix nombreuses annoncées en début d’année pour les produits de grande consommation, la diffusion des hausses de prix à la production et à l’importation sur les consommateurs se poursuit à un rythme plus modéré en février (+0,4%). Les postes enregistrant la plus forte progression en un mois sont les huiles (+1,3%), les fruits (+0,9%) et les produits laitiers et œufs (+2%) – ces dernier étant tirés à la hausse par l’épisode d’influenza aviaire sans précédent qui touche le pays et a déjà conduit à abattre 16 millions de poules pondeuses, soit 9% du cheptel japonais. A l’inverse, les prix des produits de la pêche et des légumes se détendent. De nombreux producteurs ont d’ores et déjà annoncé des nouvelles hausses conséquentes au 1er avril, comme par exemple la mayonnaise Kewpie dont le prix augmentera de 21%. e-stat, Nikkei Asia

 

Les faibles rendements pèsent sur le taux d’autosuffisance du Japon pour le soja.

Les rendements du soja au Japon ont diminué de 21% depuis 2000 et le taux d’autosuffisance en soja sur base calorique au Japon est de 7%. A titre de comparaison, les rendements des Etats-Unis et du Brésil ont augmenté sur la même période d’environ 30% en raison de l’amélioration des variétés et des techniques de culture et de 15% en Chine. Ces dernières années, la demande de soja japonais a augmenté parallèlement à la croissance des ventes de tofu, de tourteaux de soja et de natto à base de soja japonais. L’organisation nationale de recherche sur l’agriculture et l’alimentation (NARO) explique cette faible productivité japonaise à la fois par les effets de la saison des pluies, le rendement des cultures d’hiver en rizière limité par l’humidité élevée et l’orientation pour la consommation humaine, qui impose une plus grande prudence dans les méthodes afin de ne pas altérer le goût des produits.

Le renforcement de la production domestique est donc une priorité de la stratégie japonaise de renforcement de son autonomie alimentaire (taux d’autosuffisance calorique de 38% en 2021). Le Ministère de l’Agriculture, de la Forêt et des Pêches japonais (MAFF) a fixé à cette fin un objectif de développement de la production de soja à 34 000 tonnes en 2030 (contre 21 000 tonnes en 2018) et mis en place des aides à la conversion de rizières en grandes culture (20 000 yens, soit environ 140 € par 10 ares par an, pendant cinq ans). Agrinews

 

Le Français Ynsect conclut un partenariat avec la maison de commerce Marubeni pour l’alimentation animale au Japon.

La maison de commerce Marubeni a signé un accord avec la start-up française Ynsect, qui exploite des fermes d'insectes élevant des larves de vers de farine riches en nutriments, afin de développer des aliments adaptés aux poissons élevés au Japon (daurade, sériole). Cette collaboration intervient dans un contexte de forte hausse des prix des denrées alimentaires fragilisant l’industrie piscicole japonaise :  les aliments pour poissons, généralement constitués de farine de soja ou de poissons, représentent 70 à 80 % des coûts dans le secteur de l'aquaculture. L'augmentation du coût des ingrédients et la faiblesse du yen ont fait grimper le prix de la farine de poisson (+ 32 % en 2022 par rapport à 2021) et réduit l’écart de coût avec les farines d’insecte, qui pourraient apporter une source alternative à la filière. Le partenariat porte sur la R&D (limitation de la teneur en huile des produits) ; une implantation d’un site de production au Japon pourrait être envisagée dans un second temps.

Ynsect, qui compte des sites de production en France, aux Etats-Unis et aux Pays-Bas, avait conclu en 2021 un accord avec le groupe alimentaire Lotte en Corée portant sur la recherche en matière d’alimentation humaine. Il pourra s’appuyer au Japon sur les ressources de Marubeni, géant du négoce Japonais présent dans une large gamme de secteurs et qui avait notamment investi en 2020 dans l’entreprise d’aquaculture Danish Salmon (investissement conjoint avec Nippon Suisan, géant des produits de la mer japonais et propriétaire en France de Cité Marine). Nikkei Asia

Le géant Kubota investit dans deux PME françaises d’agroéquipements.

Le constructeur japonais de matériel agricole a annoncé début février deux investissements dans les agroéquipements en France. Via sa filière anglo-norvégienne Kverneland, Kubota a acquis la société B.C. technique agro-organique SAS, qui produit des appareils de désherbage mécanique. Kubota a également annoncé un investissement dans la start-up française d’Agtech Chouette, qui propose des services d’agriculture de précision aux viticulteurs basés sur l’IA (phénotypage / détection les maladies des vignes, estimation de rendements, conseil en utilisation de produits phytosanitaires et fertilisants). Kubota

 

Corée du Sud

 

Actualité politique et économique

Le déficit commercial agricole et agroalimentaire coréen continue de se creuser en février.

Sur les deux premiers mois de l’année, le coût des importations agricoles et agroalimentaires progresse de 10% pour atteindre 6,7 Mds€, tandis que les exportations coréennes progressent de 6%, à 1,5 Mds€, avec une hausse marquée vers le Japon et la Chine (+13%), deux premiers débouchés pour les produits coréens, et un recul vers les Etats-Unis (-7%).

Les importations de produits français progressent de 35% en glissement annuel sur janvier-février, à 148 M€. On observe une forte hausse des produits de la pêche sur janvier-février (+159% en valeur, +78% en volume, en glissement annuel). Tirées par les champagnes, les boissons enregistrent de fortes progressions en valeur (+27%) comme en volume (+19%) alors que les produits laitiers augmentent en valeur (+30%) mais reculent en volume (-3%), avec une progression du beurre, une stabilité sur les fromages et une diminution sur le lactosérum et le lait concentré ; les viandes (porc exclusivement) reculent de 14% en valeur sur la période, tout comme les préparations à base de céréales (-12%). Douanes coréennes

 

POSCO International et Daesang Corporation s’associent dans la filière sucre amidon.

POSCO International, principale société de commerce coréenne intervenant notamment dans le négoce des céréales, a annoncé un accord commercial avec le groupe agroalimentaire Daesang Corporation. Ce partenariat prévoit notamment des plans d'investissement conjoints dans de nouvelles entreprises de sucre d'amidon et un approvisionnement stable en ingrédients. Le sucre d'amidon est une substance naturelle extraite de cultures telles que le maïs, la pomme de terre, le blé et le tapioca. Il est transformé sous forme de sirop d'amidon et de glucose etutilisé dans le domaine alimentaire (boulangerie et confiserie) mais également dans diverses industries telles que les adhésifs, les cosmétiques et les produits pharmaceutiques. Le partage d’informations et la collaboration avec des filiales d'outre-mer par l'intermédiaire d'un réseau mondial font également partie de l’accord, qui vise à améliorer la compétitivité et renforcer la position dominante des deux entreprises sur le marché de l'Asie du Sud-Est. The Korea Economic Daily

 

La Corée tente de restructurer sa filière rizicole pour s’adapter à la diminution de la consommation.

Le Parlement coréen, contrôlé par le parti démocrate (DP), a adopté un projet de loi prévoyant une obligation d’achat public de riz lorsque certains seuils de baisse des cours ou de déséquilibre entre l’offre et la demande sont atteints. Le gouvernement est fortement opposé à ce projet, jugé coûteux et de nature à aggraver les déséquilibres structurels du marché du riz en Corée ; le président Yoon y a opposé son veto le 4 avril. Des mesures structurelles sont privilégiées par le ministère de l’agriculture et des affaires rurales (MAFRA), qui prévoit de réduire la surface de culture de riz d'environ 5% cette année (de 727 000 hectares à 690 000). Le riz est un aliment de base essentiel pour les Coréens, mais sa consommation n'a cessé de diminuer au cours des dernières décennies du fait des changements de régime et d'habitudes alimentaires, tandis que la production en 2021 a augmenté de 7,5%, provoquant une baisse sans précédent des prix. En 2022, le gouvernement a acheté 450 000 tonnes de riz pour 1 000 milliards de wons (environ 700 M€) afin de soutenir les prix.

L’introduction de paiements directs pour les cultures stratégiques et le renforcement du soutien aux autres cultures par le MAFRA devrait permettre de réduire l’offre excédentaire structurelle et de garantir la stabilité des prix du riz. Selon les instituts de recherche spécialisés, si l’objectif est atteint, le prix du riz produit pendant la saison des récoltes devrait augmenter d’environ 5% par rapport à la production de riz à la tendance actuelle. La transformation du riz en poudre et le renforcement d’autres cultures telles que le soja devraient également permettre d’augmenter l’autosuffisance alimentaire du pays. MAFRA, The Korea Times, Yonhap

 

 

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 Rédigé par : Le pôle agriculture et alimentation du Service économique régional de Tokyo et le Service économique de Séoul.

Contacts : Jérôme PERDREAU, Conseiller agricole, jerome.perdreau@dgtresor.gouv.fr 
Claudine GIRARDO, Conseillère réfèrente SPS claudine.girardo@dgtresor.gouv.fr
Ryoko ISODA, Attachée sectorielle au pôle agriculture et alimentation, ryoko.isoda@dgtresor.gouv.fr                                      Flora FADDA-KIM,  Chargée de mission  flora.fadda-kim@dgtresor.gouv.fr
Jina AHN, Attachée économique, en charge des questions agricoles au sein du SE de Séoul jina.ahn@dgtresor.gouv.fr