Depuis 2017, Saudi Aramco a engagé une stratégie d’investissements à l’international dans le secteur aval qui vise sur le long terme à sécuriser des ventes de pétrole dans des zones géographiques stratégiques à fort potentiel et à diversifier son portefeuille d’activités dans la pétrochimie. Saudi Aramco investit dans des raffineries associées à des complexes pétrochimiques chez ses principaux clients, Chine (1er client) et Corée du Sud, et sur de nouveaux marchés (Malaisie, Pologne).

Selon le rapport annuel de Saudi Aramco, la capacité totale de raffinage de l’entreprise s’élevait à 4,1 millions de barils par jour (Mb/j) en 2022, dont 63% en Arabie saoudite. En 2022, 26% de la production de pétrole d’Aramco a été traitée dans les raffineries saoudiennes. La capacité de raffinage détenue par Saudi Aramco à l’étranger est de 1,5 Mb/j, soit plus du tiers de sa capacité totale. Depuis 2017, Saudi Aramco a engagé une stratégie d’investissements à l’international dans le secteur aval qui vise sur le long terme à sécuriser des ventes de pétrole dans des zones géographiques stratégiques à fort potentiel et à diversifier son portefeuille d’activités sur l’ensemble de la chaîne de valeur des hydrocarbures.

Un premier investissement était intervenu dès 1989, avec la prise de participation par Aramco de 50% dans la raffinerie de Port Arthur au Texas aux côtés de Shell. En 2017, Aramco a acheté la participation de Shell, devenant actionnaire à 100% de la raffinerie, la plus importante d’Amérique du Nord avec une capacité de 635 000 b/j.

Saudi Aramco a investi dans deux projets stratégiques en Chine. Un premier accord avait été signé en 2017 à l’occasion de la visite du Roi Salman à Pékin, portant sur la construction d’une raffinerie et d’un complexe pétrochimique dans la province de Liaoning. La réalisation des projets avait été interrompue en 2020 suite à la pandémie de Covid-19. Les négociations ont été relancées en 2022 et en mars 2023, la reprise de la construction du complexe de Liaoning a été annoncée. La décomposition de l’actionnariat est la suivante : Saudi Aramco (30%), China North Group Corp (Norinco Group) (51%) par l’intermédiaire de sa filiale North Huajin Chemical, et Panjin Xincheng Industrial Group (19%). Le coût total des investissements est de 12,2 Mds USD. La raffinerie aura une capacité de traitement de 300 000 b/j et le complexe pétrochimique une capacité de production annuelle de 1,65 million de tonnes (Mt) d’éthylène et de 2 Mt de paraxylène. Aramco fournira jusqu’à 210 000 b/j de pétrole à la raffinerie. L’entrée en production des deux sites est attendue pour 2026. Depuis 2017, les exportations saoudiennes de pétrole vers la Chine ont augmenté en volume de 75%. Premier client de l’Arabie saoudite, la Chine représentait en 2022 près de 24% des exportations saoudiennes de pétrole.

En mars 2023, Aramco a signé un accord pour une prise de participation de 10% dans le groupe chinois Rongsheng Petrochemical qui détient 51% de Zhejiang Petroleum and Chemical Co Ltd (ZPC), principal complexe intégré de raffinage et de produits chimiques chinois, d’une capacité de traitement de 800 000 b/j de pétrole et de 4,2 Mt d’éthylène par an. L’accord avec Rongsheng Petrochemical inclut un contrat de vente de long terme de 480 000b/j de pétrole à ZPC. Le montant de l’investissement de l’entreprise saoudienne est de 3,6 Mds USD.

En 2018, Saudi Aramco a investi en co-entreprise avec la compagnie pétrolière malaisienne Petronas, dans une raffinerie et un complexe pétrochimique connus sous le nom de PRefChem Refining et PRefChem Petrochemical respectivement, dans le complexe industriel de Pengerang au sud de la Malaisie, à proximité de Singapour, plate-forme du commerce de produits raffinés en Asie. Après avoir été fermé en mars 2020, suite à un incendie, le site a repris sa production en mai 2022. Saudi Aramco fournit 50% de l’approvisionnement en pétrole de la raffinerie avec la possibilité de porter cette part à 70%.

En novembre 2022, Saudi Aramco a conclu trois transactions avec l’entreprise polonaise de raffinage et de distribution de carburants PKN Orlen, par l’intermédiaire de sa filiale Aramco Overseas Company B.V., basée aux Pays-Bas. Aramco a acquis une participation de : (1) 30% dans une raffinerie à Gdansk d’une capacité de production de 210 000 b/j ; (2) 100% dans une activité associée de vente de produits raffinés ; et (3) 50% dans une coentreprise de commercialisation de carburants pour l’aviation avec BP Europa SE qui opère dans sept aéroports en Pologne.

Aramco et PKN Orlen ont également conclu un accord par lequel le groupe saoudien fournira environ 45% des besoins en pétrole de la société polonaise, équivalent à quelque 370 000 b/j.

Par ailleurs, Aramco, sa filiale pétrochimique SABIC (détenue à 70%) et PKN Orlen ont signé un accord pour évaluer la faisabilité technique et économique d’un potentiel projet pétrochimique à Gdansk.

En novembre 2022, Saudi Aramco a annoncé sa décision définitive d’investissement en Corée du Sud, via sa filiale S-OIL, pour développer un vapocraqueur pétrochimique intégré à une raffinerie. Le projet, intitulé Shaheen et d’une valeur de 7 Mds USD, devrait être achevé en 2026. La nouvelle usine, située à Ulsan en Corée du Sud, produira jusqu’à 3,2 Mt de produits pétrochimiques par an. L’Arabie saoudite est le premier fournisseur de pétrole de la Corée ave plus de 35% du total de ses importations.

Enfin, en mars dernier, Aramco a acquis l’ensemble des activités de Valvoline Inc., société américaine spécialisée dans les huiles moteur, pour un montant de 2,65 Mds USD. L’entreprise saoudienne renforce ainsi sa présence sur le marché des lubrifiants grâce à la renommée de cette marque historique.