Programme de l’EFF (facilité élargie de crédits) du FMI :

C’est la Ministre d’Etat aux Finances et au Revenu Dr Aisha Ghous Pacha qui représente le Pakistan aux assemblées de Printemps de Bretton Woods.

Mme Aisha Ghous Pacha assiste physiquement aux réunions alors que l’ambassadeur du Pakistan aux Etats-Unis Masood Ahmad Khan, le gouverneur SBP Jamil Ahmad, le secrétaire aux finances et le secrétaire EAD étaient présents en personne.

Le fait que le ministre en titre M. Dar ne soit pas présent en personne à Washington (il n’assiste aux réunions que dans le cadre de vidéo-conférence) est apprécié à Islamabad comme un désaveu par le Premier ministre.

M. Dar a assisté aux vidéo-conférences entouré de deux conseillers spéciaux du Premier ministre :  le conseiller spécial aux Finances Tariq Bajwa, et le conseiller spécial sur le Revenu Tariq Mehmood Pacha.

Des avancées concernant l’augmentation des réserves de la Banque centrale (SBP) : après les promesses chinoises, des rumeurs concernant des promesses saoudiennes.

On rappellera que l’intervention financière des « pays amis » constituent l’une des deux exigences essentielles du FMI pour finaliser la 9ème revue de l’EFF et verser environ 1,1 Md USD au gouvernement pakistanais.

1/ Le ministère des finances a annoncé que la Chine avait donné son assurance concernant le renouvellement de son dépôt sécurisé (« Safe deposit ») de 2 Mds USD au sein de la SBP.

2/ Le quotidien pakistanais News International annonce que le FMI aurait reçu l’assurance que la SBP allait recevoir prochainement un dépôt de 2 Mds USD lors du petit pèlerinage de 10 jours à la Mecque qu’effectue actuellement le Premier ministre.

3/ Aucune information ne provient de la partie émirienne ou pakistanaise concernant le dépôt que les Emirats arabes unis pourrait verser à la SBP.

Alors que le ministre des finances sera à Washington pour les sessions de printemps des institutions de Bretton Woods, le gouvernement pakistanais n’a pas annoncé de nouveaux engagements « durables » sur la fiscalité demandés par le FMI.

Alors que Mme Esther Perez, la Cheffe de la mission résidente du FMI au Pakistan avait indiqué il y a deux semaines que le SLA du FMI restait conditionné à un engagement du gouvernement concernant un plan de durabilité (sustainability) fiscale sur plusieurs années, le ministère des finances pakistanais n’a pas annoncé d’avancée majeure dans cette direction. A cet égard, certaines des pistes dégagées dans le « Pakistan Development Update 2023» (voir ci-dessous) pourront à coup sûr constituer une base intéressante de discussion.

« Pakistan Development Update 2023 » de la Banque mondiale :

La Banque mondiale (BM) revoit la croissance économique du Pakistan de 2 à 0,4% pour l’année 2022/2023.

Dans son rapport intitulé « Expanding opportunities: toward inclusive growth », la BM revoit ses prévisions de croissance du PIB en 2022/2023 à 0,4% (contre une estimation de croissance révisée à 2 % en novembre) et elle indique que « cela signifie une croissance négative du PIB par habitant ». De son côté, dans son rapport régional sur l’économie, la Banque asiatique de développement a révisé la croissance économique à 0,6 % pour l’année budgétaire qui se termine le 30 juin prochain (contre une croissance révisée à 2,5%-3% en novembre dernier).

La BM estime que le taux de pauvreté touche désormais 37,2% des Pakistanais.

La BM estime dans son « Pakistan Development Update 2023 » que 37,2% des Pakistanais vivent en dessous du seuil de pauvreté qui est établi à 3,2 USD par jour soit 9 millions de Pakistanais de plus par rapport à ses estimations effectuées en 2021/2022. Le seuil de pauvreté établi à 3,6 USD par jour. La Banque mondiale considère que cette forte augmentation de la pauvreté est due au fait que le bas de la classe moyenne a été confrontée à la crise des inondations et à la crise économique avec un taux d'épargne trop faible pour en atténuer les impacts à court terme.

Selon la BM, le coût budgétaire des doublons administratifs serait de l’ordre de 705 Mds PKR (2,44 Mds USD).

Selon Derek Chen, l'un des économistes de la Banque mondiale basés à Islamabad qui présentait le rapport « Pakistan Development Update 2023»,

Le cout financier du maintien d’un ministères fédéral de l’éducation, en dépit du 18e amendement constitutionnel de 2010 qui a dévolu cette fonction au niveau fédéré, en parallèle avec des ministères provinciaux de l’éducation avait entraîné des pertes financières estimées à 315 Mds PKR (1,1 Md USD). M. Derek Chen appelle notamment à ce que la « National Commission for Human Development » et que la « Higher Education Commission » (le cout des doublons entre le niveau fédéral et le niveau provincial est estimés ici à 240 MUSD par la BM) qui sont aujourd’hui gérés au niveau fédéral et fédéré soient fondus dans les ministères de l’éducation provinciaux.

Selon la BM, une dévolution complète de l’action de l’Etat vers les provinces dans le seul domaine de l’éducation entrainerait une économie de l'ordre de 315 Mds de PKR, soit 0,5 % du PIB de l'exercice budgétaire 2021/2022.

Les trois autres postes importants qui sont à l’origine de double-emploi se trouvent essentiellement dans l’agriculture, la santé et dans les politiques visant à attirer les investissements étrangers.

Concernant la politique agricole provinciale, la BM conseille aux provinces de mettre en place des taxes foncières et agricoles qui permettront aux provinces d’assumer toutes leurs responsabilités en matière de dépenses et de réduire la dépendance des provinces par rapport au gouvernement fédéral.

La BM recommande une indexation automatique du prix du tabac sur l'inflation

La BM a également recommandé l'indexation automatique du prix du tabac sur l'inflation. Si un tel changement avait été effectué dans la loi de fin     ance 2022/2023, il se serait traduit selon la BM par des recettes supplémentaires de l’ordre de 270 Mds PKR (930 MUSD).

 

Politique monétaire :

Inflation : l’IPC à 35,37% en g.a.

L'indice des prix à la consommation a atteint 35,37% en g.a. en mars (contre 31,5 % en février), un niveau comparable à celui de 1965 lors de l’offensive militaire indienne sur le Pendjab pakistanais. L’augmentation des prix concernant l’alimentation connait une augmentation moyenne en g.a. de 50,2% dans les zones rurales et de 47,1% dans les villes.

Dans son « Asian Development Outlook », la BAsD estime que l’IPC devrait redescendre progressivement et terminer l’année budgétaire à 27,5 % en g.a. au 30 juin.

Le taux directeur de la banque centrale passe de 20 à 21 %

La Banque centrale (SBP) a augmenté le taux directeur de 100 points de base pour atteindre 21 %, son niveau le plus élevé, selon un communiqué de presse publié mardi. Etatnt donné le haut niveau d’inflation, les analystes ont été étonnés que l’augmentation du taux directeur n’ait pas été plus élevée.

Légère baisse du Forex

La baisse des réserves de la SBP à 4,208 Mds USD (29 jours d’importations) contre 4,244 Mds USD d’une semaine sur l’autre s’explique par le remboursement de la dette extérieure. Le 24 mars, les réserves se situaient et 4, 319 Mds USD milliards de dollars après le dernier dépôt chinois de l’ICPC.

 

ENERGIE :

Les importations en contrebande de carburant Diesel iranien entrainent :

  1. La suspension provisoire des importations de carburant Diesel

L’importateur quasi-monopolistique Pakistan State Oil (PSO) a annoncé qu’il venait de suspendre l’importation du Koweit de deux tankers de carburant Diesel (deux fois 50 000 tonnes) qui était prévue d’ici à la fin avril.

La vente mensuelle totale de carburant Diesel par le secteur légal serait d'environ 15 500 tonnes, ce qui est inférieur à la demande réelle (>25 000 tonnes). La chute des ventes légales de carburant Diesel constatée ces dernières semaines a eu pour effet de gonfler les stocks totaux de Diesel dans le pays qui s’établiraient désormais à 44 jours de consommation.

La baisse de la vente du Diesel raffiné par les reseaux de distribution légaux pakistanais est liée à son prix élevé  (293 PKR le litre, soit 1,02 USD) alors que le prix du diesel iranien de contrebande est vendu entre 230 et 235 PKR (soit entre 0,80 USD et 0,82 USD).

  1. la baisse de production de la première raffinerie pakistanaise.

Dans ce contexte de sous-utilisation de son appareil de production, la “Pak Arab Refinery Limited (PARCO)”, la plus grande raffinerie du pays, a fermé temporairement sa raffinerie du 7 au 11 avril en annonçant des opérations de maintenance. Elle a repris depuis son activité le 12 avril à 50% de son activité. Un éditorialiste du quotidien “News International” considère que la raffinerie a cessé de fonctionner du fait de la baisse nette des « importations de carburant Diesel.

La sous-activité des raffineries pakistanaises a amené la semaine dernière les représentants locaux de l'industrie pétrolière à soulever, dans une reunion avec le minister du pétrole qui a eu lieu la semaine dernière, la question des risques pour le secteur du raffinage que représentent les importations en contrebande de Diesel iranien. A ce stade, il ne semble pas que le gouvernement pakistanais ait pris des mesures spécifiques pour lutter contre les acteurs de la contrebande.