L’accord technique entre les services du FMI et le gouvernement pakistanais reste conditionné à un engagement durable sur la fiscalité et à l’intervention financière de « pays amis ».

La cheffe de la mission résidente du FMI au Pakistan, Esther Perez-Ruiz,  indique que le staff level agreement reste conditionné (i) à un engagement du gouvernement concernant un plan de durabilité (sustainability) fiscale sur plusieurs années et (ii) à un engagement des « pays amis » visant à reconstituer les réserves de change de la banque centrale.  Mme Aisha Ghaus Pasha, la ministre d’Etat des Finances indique que le gouvernement pakistanais s’attend à ce que la Chine renouvelle rapidement son dépôt sécurisé (« Safe deposit ») de 2 Mds USD au sein de la banque centrale (SBP) et espère d’ici peu une annonce saoudienne (dépôt d’au moins 1 Md USD).

La cheffe de la mission résidente du FMI considère comme inquiétant le niveau de la dette à court et moyen terme due par le Pakistan aux entreprises et à l’Etat chinois (dette privée et publique), estimée entre 10 et 15 Mds entre juillet 2023 et juillet 2025.

Par ailleurs, les services du FMI à Washington n’ont toujours pas reçu d’information technique concernant des subventions à l’essence pour la population la plus pauvre annoncées le 22 mars dernier. L’hypothèse que ces annonces de subventions à l’essence pour le plus pauvres soient purement politiques, dans le contexte de la campagne électorale prévue en octobre prochain, ne doit pas être exclue.

Les emprunts du gouvernement auprès des banques commerciales du pays et de la SBP en augmentation de 9,2 Mds USD supplémentaires depuis le début de l’année budgétaire 2022/2023.

Afin de financer son déficit budgétaire, le gouvernement a emprunté au cours des huit premiers mois de l’année budgétaire 2022/2023 au total 9,2 Mds USD auprès du système bancaire pakistanais, dont 2,2 Mds USD (597,43 de PKR) auprès de la SBP et 7 Mds USD (2,6 trilliards de PKR) auprès des banques commerciales pakistanaises. Lors de leur dernière émission à la mi-mars, les emprunts à deux ans du Trésor en PKR auprès des banques commerciales ont atteint leur plus haut niveau en 10 ans à 22 %.

Moody’s abaisse la note des cinq principaux établissements bancaires du Pakistan.

La notation des cinq banques pakistanaises - les deux banques de dépôt les plus importantes : Habib Bank Ltd. (HBL) et National Bank of Pakistan (NBP) - ainsi que des banques de taille moyenne : MCB Bank Limited (MCB), Allied Bank Limited (ABL) et United Bank Ltd a été abaissée par Moody's Investors Service de Caa1 à Caa3.

Moody’s justifie cette dégradation de la notation par une plus forte exposition souveraine de ces banques, principalement sous la forme de titres de dette publique qui varient entre 36% et 61% de leurs actifs totaux.

Moody's note par ailleurs que le taux directeur élevé (actuellement à 20%) a freiné la demande de crédit du secteur privé. Du 1er juillet 2022 à la fin février 2023, les prêts bancaires au secteur privé ont atteint 248 Mds PKR (en diminution de 72 % en g.a.).

Chute des flux sortants d’IDE entre juillet 2022 et février 2023

D’après un rapport de la banque centrale (State Bank of Pakistan – SBP) publié lundi, le niveau des rapatriements en devises effectués par des investisseurs étrangers (IDE et investissements en portefeuille) est en chute de 80% entre juillet 2022 et février 2023, en baisse de 921 M USD, pour s’élever à 225 M USD.

Cette forte baisse enregistrée dans le rapatriement des revenus et dividendes en devises tient à la fois aux mesures de restrictions imposées par la banque centrale sur les sorties de devises dans un contexte de crise des liquidités, mais aussi aux résultats en baisse des entreprises étrangères qui viennent refléter la dégradation de la situation économique. Le montant total des sorties de capitaux en devises actuellement en attente s’élèverait à plus d’1 Md USD pour plusieurs secteurs, notamment la banque, l’agroalimentaire, les télécommunications, la chimie, l'énergie, le tabac, l'automobile et l'exploration pétrolière.

Sur cette même période, les flux entrants d’IDE restent inférieurs aux rapatriements de capitaux (188 M USD contre 225M USD).

 

Le comité de coordination économique (Economic Coordination Committee-ECC) reporte toute décision en réponse à la demande de l’industrie pharmaceutique de réajuster le prix des médicaments.

Les représentants du secteur pharmaceutique (PPMA –   Pakistan Pharmaceutical Manufacturer's Association, association représentant les entreprises pakistanaises et le Pharma Bureau de l’Overseas Investors Chamber of commerce, représentant les intérêts des investisseurs étrangers) ont rencontré le gouvernement pakistanais début mars  pour évoquer les difficultés rencontrées par les producteurs de médicaments en raison de l’absence de mécanisme d’ajustement des prix, régulés par la Drug Authority Pakistan, mettant en cause leur modèle économique. PPMA et le Pharma Bureau insistaient sur le risque de pénurie de médicaments à court terme si une solution n’était pas trouvée rapidement pour ajuster les prix de vente des médicaments pour prendre en compte l’inflation et la dévaluation de la roupie pakistanaise.

D’après le Pharma Bureau, certaines entreprises pharmaceutiques auraient stoppé leur production, ce qui se reflète dans les données statistiques qui témoignent d’une chute de 55% de la production du secteur pharmaceutique depuis juin 2022.

Le comité de coordination économique du ministère des finances a finalement décidé de reporter toute décision sur cette demande de l’industrie.