Le commerce extérieur de Singapour a atteint 990 Mds USD en 2022, en hausse de 17,7% par rapport à 2021. Alors que l’excédent commercial sur les biens a diminué de 11 Mds USD pour atteindre 40 Mds USD, celui sur les services a atteint un niveau record de 33 Mds USD. Les résultats ont toutefois été marqués par un effet prix très favorable à la cité-État, notamment pour ses exportations pétrolières et ses ventes de services de transports (maritime/aérien), dont les variations en valeur et en volume sont particulièrement éloignées. Les principaux partenaires commerciaux de Singapour sont, dans l’ordre, l'ASEAN, la Chine, les États-Unis et l'Union européenne.

I. Les exportations de biens ont poursuivi leur progression en 2022 (+15,6%) mais ont ralenti par rapport à 2021 (+19,1%) du fait d’un contexte mondial moins favorable.

En 2022, les exportations singapouriennes de biens ont atteint 515 Mds USD en valeur, soit une hausse de 15,6% par rapport à 2021. Les exportations domestiques non pétrolières ont représenté 28% du total et les exportations pétrolières, 18%. Singapour ne possède pas de gisements d’hydrocarbures mais procède au raffinage et à la transformation de pétrole importé, qui est ensuite réexporté vers les pays voisins.En lien avec son rôle de hub commercial (2ème plus grand port au monde en nombre de containers), les exportations de Singapour sont composées pour plus de moitié de réexportations (54%).

  • Les exportations domestiques non pétrolières ont augmenté de 3,0%, à 144 Mds USD (après+12,1% l’an dernier), voire reculé en volume (-4,5%). La hausse des ventes a été portée tant par le secteur de l’électronique (+0,5%) que les secteurs non électroniques (+3,8%). En valeur, les ventes se sont en particulier accrues vers les États-Unis (+18,6%), la Malaisie (+11,7%) et l’UE (+10,7%) mais ont reculé vers la Chine (-13,1%) et Hong-Kong (-18,7%) dont la demande a pâti en interne de la politique sanitaire.
  • Les exportations domestiques pétrolières ont progressé de plus de moitié en valeur (+52,4%, après +38,0% en 2021), à 95 Mds USD, mais beaucoup plus modestement en volume (+1,7%), reflétant la hausse des cours internationaux. Par pays, la croissance des ventes a été principalement portée par les pays voisins tels que la Malaisie, l’Indonésie et l’Australie.
  • Les réexportations ont augmenté mais moins qu’en 2021 (276 Mds USD, +13,5% vs +19,2%).

D’un point de vue géographique, le 1er client de Singapour en agrégat redevient l’ASEAN (147 Mds USD, +24,6%) qui représente 29% de ses exportations totales, replaçant la Chine en 2ème position (24%). Viennent ensuite les États-Unis et l’UE (9% et 8% respectivement), en 3ème et 4ème position.

Sur le plan sectoriel, plus des deux tiers des exportations domestiques non pétrolières sont des machines et matériels de transport (42,1% du total) ainsi que des produits chimiques (27,4%). Les produits électroniques représentent 22,6% de cette catégorie, dont principalement des circuits intégrés (51,7%), des ordinateurs (9,1%) et des équipements de télécommunication (7,7%). Toutes exportations comprises, les produits pétroliers représentent près d’un cinquième (18,8%) du total exporté.

Les exportations singapouriennes de services ont, elles, augmenté de 12,1% en 2022 (292 Mds USD), suivant une hausse de 21,2% en 2021. Elles ont été principalement portées par la croissance des services de transport et logistique (+13,0%, avec un fort effet prix), les services de voyage (+195%) et les services divers aux entreprises (+8,3%).

II.  La facture énergétique a fortement contribué à la hausse des importations (+20,4%).

Comme à l’export, le 1er fournisseur de Singapour en agrégat est l’ASEAN (22% des importations totales). Le principal pays exportateur vers Singapour est la Chine, qui concentre 14% des importations, suivie par la Malaisie, Taïwan (12% chacun) et les États-Unis (11%). L’UE est le 5ème fournisseur (9%), au sein duquel la France a la 1ère part de marché (2,7%), devant l’Allemagne (2,1%), en perte de vitesse depuis 2016 (3,0%).Les importations singapouriennes ont atteint 475 Mds USD en 2022, en hausse de 20,1% depuis 2021. L’augmentation a été significative, tant pour les importations non pétrolières (370 Mds USD, +14,6%) que les importations pétrolières (106 Mds USD, +43,9% en valeur mais +3,8% en volume seulement). Les principaux secteurs à l’import ont été les machines/matériels de transport (44% du total) ainsi que les combustibles minéraux (16%), la cité-État étant entre autres un hub pour l’électronique et l’industrie pétrolière (activités de réexportation notamment).

Les importations singapouriennes de services se sont, elles, établies à 259 Mds USD en valeur, soit une hausse de 9,3% par rapport à 2021. Les services de voyage (+279%) ont connu la hausse la plus marquée en 2022, en lien avec la reprise du tourisme international (ouverture confirmée des frontières en avril 2022).

III.  L’excédent commercial sur les biens s’est érodé en 2022 mais la baisse a été en grande partie compensée par l’excédent record enregistré sur les services.

Singapour dégage un excédent commercial (biens et services) structurel chaque année depuis 1998. En 2022, la cité-Etat a enregistré un excédent combiné sur les biens et services de 72 Mds USD (17% du PIB), contre 74 Mds USD en 2021. Les exportations nettes sont un moteur traditionnel de la croissance, ayant contribué en moyenne pour 1,3 point de croissance du PIB entre 2016 et 2022 selon le FMI. Alors que l’excédent commercial sur les biens s’est érodé à 40 Mds USD en 2022 (51 Mds USD en 2021), l’excédent commercial sur les services s’est, lui, élevé à 33 Mds USD (23 Mds USD), soit un niveau historique. Cela s’explique notamment par la forte croissance des recettes du secteur des transports (fret, notamment maritime) et, dans une moindre mesure, du secteur financier.

La cité-Etat continue de bénéficier du dynamisme commercial de la Chine (son 1er excédent commercial bilatéral), dont elle est de plus en plus dépendante pour son commerce extérieur. En vingt ans, son commerce avec la Chine/Hong-Kong a plus que doublé et représente désormais 19% de son commerce, malgré un recul des exportations en 2022 (-2,2%). Avec les États-Unis, la cité-État creuse son déficit commercial bilatéral (-6,6 Mds USD, après -2,2 Mds USD en 2021) après avoir enregistré son 1er excédent bilatéral depuis 2006 en 2020.

Singapour est le 9ème pays exportateur mondial de biens en 2021 (source : Comtrade, dernières données disponibles en USD), devant la France (10ème), mais derrière les Etats-Unis (2ème) et la Chine (1er). Hors réexportations et pétrole, le pays tombe à la 35ème position. Son modèle repose sur une forte ouverture au commerce international s’illustrant par la signature de nombreux accords (ALE avec l’UE entré en vigueur en 2019, RCEP en 2022), qui sont, paradoxalement, quasiment superflus en termes d’accès au marché puisque Singapour applique des droits de douane erga omnes de 0% sur la quasi-totalité des produits.

 

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