Le rebond du commerce bilatéral France-Canada se confirme en 2022 : avec 8,3 Md€ de marchandises échangées, soit 15% de plus qu’en 2021, le commerce bilatéral établit un nouveau record en battant le niveau de 2019. Les exportations françaises vers le Canada (4,3 Md€ ; +20%) ont augmenté plus rapidement que les importations depuis le Canada (4 Md€ ; +3%), permettant à la France de retrouver une position excédentaire (296 M€) après un déficit de 290 M€ en 2021. Malgré ces résultats positifs, la France perd une place au classement des principaux partenaires européens du Canada (4ème), au profit des Pays-Bas.

 

 

Les exportations françaises au Canada augmentent encore en 2022, établissant un nouveau record

Après le rebond observé en 2021, les exportations françaises vers le Canada ont dépassé en 2022 leur niveau de 2019. Selon les Douanes françaises, les exportations françaises de biens à destination du Canada ont atteint 4,3 Md€ en 2022, en hausse de 20% par rapport à 2021. Il s’agit de la deuxième hausse consécutive (+14,8% entre 2020 et 2021), après la chute de 16% en 2020 provoquée par la pandémie. Les exportations françaises vers le Canada dépassent ainsi leur niveau prépandémie et se situent désormais 15% au-dessus du niveau de 2019 (Annexe I).

Les exportations augmentent dans tous les secteurs, permettant à la plupart des filières de retrouver leur niveau pré-pandémie. Premier poste d’exportations françaises au Canada (973 M€, soit 23% du total), les produits agroalimentaires ont connu une augmentation de 12% de leurs exportations par rapport à 2021, grâce aux boissons (+13,2% ; 72% du poste produits agroalimentaires[1]). Les exportations d’équipements mécaniques, électriques, électroniques et informatiques suivent (840 M€,19% du total), avec une hausse de 15% sur un an, puis celle des produits chimiques, parfums et cosmétiques (509 M€, 12% des exportations), en hausse de 25% (Annexe II, Fig.1). Les matériels de transports (+69% en 2022 ; 466 M€), des produits métallurgiques (+33% ; 280 M€) et des produits en plastique et caoutchouc (+18% ; 164 M€) enregistrent quant à eux les niveaux de croissance les plus importants en 2022. A l’exception des matériels de transports (-37% par rapport à 2019), des produits de bois, papier et carton (- 14%) et des produits pétroliers raffinés et coke (-55%), tous les secteurs ont retrouvé ou dépassé leur niveau d’exportation de 2019 : les exportations de produits alimentaires sont ainsi 28% supérieures à leur niveau de 2019 ; 37% pour les produits chimiques, parfums et cosmétiques ou encore 16% pour les équipements mécaniques, électriques, électroniques et informatiques (Annexe II, Fig. 1).

Le Canada récupère le 27ème rang des clients de la France, perdu en 2021. Selon les Douanes françaises, le Canada était en 2022 le 27ème débouché de la France, en progression d’une place, devant le Brésil (4,1 Md€) et l’Arabie Saoudite (4 Md€) mais derrière la Hongrie (4,4 Md€) ou l’Algérie (4,5 Md€). Au total le Canada représente 0,7% du total des exportations françaises, un niveau stable par rapport à 2021. Selon Statistique Canada, qui utilise une méthode de calcul différente des Douanes françaises, le Québec est la première destination de nos exportations au Canada (46% ; 3,5 Md CAD/2,4 Md€), suivi de l’Ontario (37% ; 2,8 Md CAD/1,9Md€) et de la Colombie-Britannique (6% ; 498 M CAD/343M€), des parts de marché par province stables par rapport à la situation pré-pandémique (Annexe III, Fig.1).

 
 
Les importations françaises en provenance du Canada continuent de progresser, à un rythme toutefois moindre qu’en 2021

 

Après le rebond enregistré en 2021 (+24,2%), la croissance des importations françaises en provenance du Canada n’a été que de 3% en 2022. Les importations françaises en provenance du Canada ont atteint 4 Md€ en 2022, en hausse de 3% par rapport à 2021. Cette 2ème hausse consécutive est toutefois bien inférieure à celle observée entre 2020 et 2021 (+24,2%), qui avait permis de dépasser dès cette année-là le niveau d’importation atteint en 2019. En 2022, les importations françaises depuis le Canada sont 30% au-dessus du niveau de 2019 (Annexe I).

Les industries extractives et le matériel de transport comptent pour près de la moitié des importations françaises en provenance du Canada (49%). Les importations de matériels de transport, premier poste d’importation depuis le Canada (1,1 Md€, soit 29% du total), ont augmenté de 26% en 2022, principalement grâce aux livraisons de A220 à Air France (qui représentent environ 50% des importations du secteur). Les importations d’équipements mécaniques, électriques, électroniques et informatiques (3ème poste d’importation ; +8% ; 539 M€) et des produits chimiques, parfums et cosmétiques (4ème ; +27% ; 282 M€) suivent également une tendance à la hausse. A contrario, les importations de produits énergétiques, deuxième poste d’importation français depuis le Canada (815 M€), ont reculé en 2022 (-19%), nonobstant la crise énergétique provoquée par l’invasion de l’Ukraine[1], tout comme les produits agricoles (5ème ; -32 %; 277 M€), et les produits pharmaceutiques (6ème ; -8% ; 265 M€) (Annexe VII). Au total, 4 secteurs n’ont toujours pas retrouvé les niveaux d’importation prépandémiques : les produits agricoles (-2%), les produits pétroliers raffinés et coke (-30%), les produits de l’industrie de l’habillement (-25%) et les produits divers manufacturés (-14%) (Annexe IV, Fig.1).

Le Canada chute au 36ème rang des pays fournisseurs de la France en 2022. D’après les Douanes françaises, le Canada, qui était 28ème en 2021, chute au 36ème rang des fournisseurs de la France, devant le Qatar (3,8 Md€) et la Thaïlande (3,7 Md€) mais derrière le Brésil (4,2 Md€) et la Malaisie (4,1 Md€). Le Canada compte ainsi pour 0,5% du total des importations françaises de 2022. Selon Statistique Canada, la moitié des exportations canadiennes à destination de la France proviennent du Québec (1,8 Md CAD/1,2 Md), suivi de l’Ontario (20% ; 730 M CAD/503 M€) et de Terre-Neuve-et-Labrador (8% ; 300 M CAD/200 M€), soit une structure très différente de la structure provinciale d’exportation (cf note du SER sur le bilan 2022 du commerce canadien). L’importance de Terre-Neuve-et-Labrador dans les exportations canadiennes vers la France s’explique par l’augmentation des exportations énergétiques canadiennes depuis cette province, inexistantes avant la pandémie et passées à près de 200 M CAD (140 M€) (Annexe III, Fig.2).

 

La France renoue avec l’excédent commercial à l’égard du Canada, notamment grâce à l’allégement de la « facture énergétique »  

La hausse globale du volume d’échanges (8,3 Md€ en 2022, contre 7,5 Md€ en 2021 et 6,8 Md€ en 2019) s’est accompagnée d’un retour de l’excédent commercial. En 2022, les échanges bilatéraux de biens France-Canada ont progressé de 11,3%, contre 19,5% en 2021. Grâce à la forte progression des exportations à destination du Canada, la France a résorbé le déficit commercial enregistré en 2021 vis-à-vis du Canada (-290 M€) et a même réussi à dégager un excédent de 296 M€ (Annexe V, Fig. 1).

La France présente un excédent dans les grands secteurs exportateurs, tout en restant pénalisée par la « facture énergétique » et les matériels de transport. Avec un excédent de 774 M€, en hausse de 10%, l’industrie agroalimentaire demeure le secteur le plus porteur à l’export. Les équipements mécaniques, électriques et informatiques suivent avec un excédent bilatéral de 301 M€, en augmentation de 28% par rapport à 2021 (234 M€). Enfin, les produits de textiles et de l’habillement sont au troisième rang avec 293 M€, soit une hausse de 24% sur un an. A l’inverse, la France enregistre toujours en 2022 un déficit important dans le secteur des hydrocarbures et des minerais (- 809 M€), des matériels de transport (-683 M€) et agricole (-255 M€). Ces déficits se sont toutefois légèrement résorbés pour les produits énergétiques (-19%) et les produits agricoles (-36%), tandis qu’il continue de se creuser pour les matériels de transport (+8% ; 633 M€ en 2021). Le déficit sur les hydrocarbures et l’industrie extractive équivaut à 45% du total du déficit commercial de la France vis-à-vis du Canada ; hors hydrocarbures, la France aurait eu un excédent de 1,9 Md€ vis-à-vis du Canada (Annexe V, Fig.2).

La France perd une place au classement des principaux partenaires européens du Canada. Selon Statistique Canada, la France était en 2022, avec 11,6 Md CAD (8 Md€) de commerce bilatéral, le 4ème partenaire européen du Canada, derrière l’Allemagne (29,9 Md CAD/20,6 Md€), l’Italie (15 Md CAD/10,3 Md€) et le Pays-Bas (11,9 Md CAD/8,2 Md€) mais devant la Belgique (9,1 Md CAD/6,3 Md€) et l’Espagne (6,7 Md CAD/4,6 Md€). La France perd ainsi sa 3ème place au classement des pays européens fournisseurs du Canada au profit des Pays-Bas[1] (Annexe VI).