Toute l'actualité économique et financière hebdomadaire de l'Arabie Saoudite, du Bahrein, des Emirats arabes unis, du Koweit, d'Oman, du Qatar et du Yémen.

SER AD

 

Edito - Abu Delhi, New Dhabi

2022 a marqué une nouvelle étape dans le renforcement des relations économiques bilatérales entre les Emirats et l’Inde, qui n’ont jamais été aussi fortes.

Concernant les enjeux financiers, les flux d’IDEs en provenance de la Fédération continuent de croître en Inde. L’exposition des investisseurs émiriens y augmente, ces derniers pariant sur une croissance forte et soutenable portée par l’émergence d’une importante classe moyenne. En 2022, Mubadala a par exemple pris aux côtés du géant BlackRock une participation de 10 % au capital de Tata Power Renewables, l'un des principaux acteurs des énergies renouvelables en Inde.

Sur les sujets plus commerciaux, un traité de libre-échange CEPA a été signé en 2022 avec l’objectif d’augmenter les échanges bilatéraux à 100 Md sous cinq ans (contre environ 60 Md actuellement), alors même que l’Inde capte déjà 15 % des exportations de pétrole de la Fédération. A contrario, l’Inde est un important fournisseur de denrées alimentaires. Pour mémoire, les Emirats ont d’ailleurs communiqué mi-2022 sur 2 Md USD d’investissements dans des parcs agroalimentaires indiens afin de renforcer la sécurité alimentaire en Asie et au Moyen-Orient dans le cadre de la nouvelle alliance diplomatique I2U2 (Inde, Israël, UAE et USA).

Sans parler de la diaspora indienne, fortement présente dans le pays (3,4 M d’indiens non-résidents avant la pandémie), on imagine donc aisément pourquoi les grands titres indiens sont suivis de près par les Emiriens. C’est le cas cette semaine pour le puissant groupe Adani (alors 4e fortune mondiale), actuellement sous le feu des projecteurs à la suite d’un rapport d’Hindenburg Research, un fonds activiste américain spécialiste de la vente à découvert. Ce dernier accuse le groupe Adani de manipuler sa comptabilité et ses cours de bourse, allégation directement réfutée par le principal intéressé. Or, ces accusations interviennent alors qu’Adani Enterprises, la société phare du conglomérat, s’apprête à émettre 2,45 Md USD de nouvelles obligations (pour lesquelles les émiriens ADIA et IHC semblaient manifester un fort intérêt, ce dernier ayant d’ailleurs investi 2 Md USD dans le groupe indien en 2022). Résultat : le titre Adani est en baisse. Fraude démasquée ou opportunité dorée ?

Toujours est-il que ces allégations témoignent d’un malaise chez certains financiers concernant le décalage, parfois important, entre les capitalisations boursières de grands conglomérats asiatiques (Golfe inclus) et les fondamentaux économiques observés. Une question qui pourrait se poser davantage dans la Péninsule arabique à l’avenir, alors que les bourses régionales (ADX, DFM, Tawadul) font actuellement preuve d’un véritable dynamisme en matière d’IPOs.

 

Graphique de la semaine - Flux d'investissements en capital (FDI equity) Emiriens en Inde 

La direction indienne pour la promotion de l'industrie et du commerce international publie les chiffres des IDEs entrants en capital (FDI equity) (hors dette et désinvestissement). 

2022 = sept 2021-sept 2022

ide

Source : Department for Promotion of Industry and Internal Trade (Inde), SER

Brent (cours au 27/01/2023 à 18h GST) :  88 USD 
Tendance haussière depuis début 2023

Les prix pétroliers augmentent légèrement sur les sept derniers jours. Les prix à terme du Brent s’affichent actuellement, jeudi 26 janvier à 18h30 GST, à 88 USD le baril. Pour mémoire, ces derniers évoluaient aux environs de 87 USD vendredi dernier, avant de dépasser le seuil de 89 USD lundi en fin de journée.  

Pas d’information structurante nouvelle à relever cette semaine : la réouverture de l’économie chinoise et les incertitudes sur le vieux continent en raison des prochaines sanctions européennes à l’égard des produits pétroliers russes continuent d’agir à la hausse sur les prix tout en rendant l’environnement des marchés pétroliers particulièrement volatile. Les données de l’agence américaine EIA, qui ont souligné une hausse hebdomadaire des réserves américaines de bruts de moitié plus faible que prévu, ainsi que la faiblesse du dollar, ont pu soutenir marginalement la légère tendance haussière des sept derniers jours.

Les investisseurs attendent donc patiemment la semaine prochaine, qui s’annonce particulièrement riche. Concernant l’offre, l’OPEP+ réunira les principaux ministres le 1er février pour un comité de suivi (la prochaine réunion plénière étant toujours prévue début juin). La politique du cartel de producteurs devrait toutefois rester inchangée sur les prochains mois. Concernant la demande, les prochaines réunions de la FED et de la BCE sont toutes deux prévues le 2 février. Les investisseurs semblent actuellement privilégier une hausse de 25 pbs du côté de Washington et de 50 pbs du côté de Francfort. Pour rappel, le resserrement des conditions de crédit agit traditionnellement à la baisse sur les prix pétroliers.

Brèves économiques

Région

Le MENA IPO Summit a eu lieu cette semaine à Dubaï, après une année 2022 particulièrement dynamique pour la région (à contrecourant de la tendance internationale). L’heure était donc aussi un bilan. Selon EFG Hermes, sur les 91 Md USD levés par des introductions en bourse dans le monde en 2022, environ 21 Md USD (23 %), ont été levés par des entreprises du CCG (contre seulement 2 % en 2021). Environ 70% des 48 IPOs enregistrés dans la région par Kamco Invest ont été effectuées à Riyad. Les IPOs enregistrées aux EAU, moins nombreuses qu’à Riyad donc, ont toutefois permis de lever plus de la moitié des montants au niveau régional (6 Md pour la seule IPO de DEWA à Dubaï). La dynamique, notamment liée aux stratégies étatiques du Golfe de monétisations des actifs, devrait se poursuivre : dans un récent rapport, Kamco Invest anticipe d’ailleurs entre 27 et 39 IPOs dans le CCG en 2023.

Le Fonds OPEP pour le développement international vient de lever 1 Md USD via une obligation soutenable, une première. Les montants levés par cette obligation à taux fixe (maturité 3 ans) seront utilisés pour financer ou refinancer des projets ciblés et liés au développement durable. Selon la communication du fonds, le prix de l'obligation a été fixé à l'aide de son cadre pour les obligations liées aux Objectifs de développement durable (ODD) et pour lequel Crédit Agricole a agi en tant que conseiller développement durable. Cette opération intervient quelques mois après les premières émissions du green bonds (pour 3 Md USD) du fonds souverain saoudien.

Arabie saoudite

L'Arabie saoudite demeure le premier fournisseur de brut de la Chine en 2022. Selon des données de l'Administration générale des douanes saoudiennes, le pays a expédié 87,5 M de tonnes de brut vers Pékin en 2022, soit l'équivalent de 1,75 Mb/j, à égalité avec le niveau de 2021. L'Arabie saoudite devrait rester un exportateur de brut clé pour la Chine après la visite médiatisée du président chinois à Riyad en décembre dernier, visite au cours de laquelle Xi Jinping a déclaré aux dirigeants du Golfe que la Chine s'efforcerait d'acheter du pétrole en yuan chinois plutôt qu'en dollars américains dans le futur.

Le pays a enregistré plus d'arrivées internationales que toute autre nation arabe au cours des neuf premiers mois de 2022, alors que les responsables gouvernementaux visent à atteindre 100 millions de visiteurs annuels d'ici la fin de la décennie. Au cours des trois premiers trimestres de 2022, l'Arabie saoudite a accueilli plus de 18 millions de visiteurs. Les dépenses touristiques ont atteint 7,2 Md USD au premier semestre 2022, selon les données du gouvernement.

Technip Energies a remporté un contrat auprès de Saudi Aramco pour la modernisation des installations de récupération du soufre de la raffinerie de Riyadh. L'entrepreneur français a obtenu un contrat EPC d’une valeur estimée à 250 M EUR. Le contrat comprend la mise en œuvre de trois nouvelles unités de traitement des gaz de queue (TGTU), qui amélioreront les performances des trois unités de récupération du soufre (SRU) existantes afin de se conformer aux réglementations plus strictes sur les émissions de soufre. Selon MEED, l'efficacité de la récupération atteindra plus de 99,9 % une fois le projet achevé.

Wa'ed Ventures (200 M d’actifs sous gestion, appartenant à Saudi Aramco) a investi dans la start-up parisienne PASQAL, spécialisée dans les ordinateurs quantiques, qui a levé 108 M USD. La récente levée de fonds a été menée par la société singapourienne Temasek et a bénéficié de la participation du Fonds du Conseil européen de l'innovation (EIC) et de Bpifrance. L'entreprise française utilisera les nouveaux capitaux pour étendre sa présence dans le monde et prévoit d'ouvrir des bureaux au Moyen-Orient et en Asie cette année.

L'Arabie saoudite a lancé un nouveau fonds d'investissement, l'Events Investment Fund (EIF), pour soutenir les industries de la culture, du tourisme, du divertissement et du sport dans tout le royaume. Le fonds vise à développer des infrastructures durables de classe mondiale pour ces secteurs et à créer des partenariats stratégiques pour stimuler l'industrie locale et les investissements étrangers. Le fonds a également comme objectif de développer des partenariats entre les secteurs privé et public.

A l’occasion du forum de Davos, le ministère de l'investissement saoudien a signé un accord d'investissement avec la société indienne UPL pour la fabrication de produits chimiques spécialisés et agricoles en Arabie saoudite. Le projet a une valeur estimée à 1 Md USD et s'inscrit dans le cadre des efforts déployés par le pays du Golfe pour soutenir les investissements qualitatifs et la diversification économique.

EAU

Trois des quatre principales banques émiriennes (FAB, Emirates NBD et Dubai Islamic Bank) ont récemment publié leurs bons résultats de 2022. FAB, la principale banque du pays en termes d’actifs, a communiqué un profit net de 13,4 Md AED (3,7 Md USD, +7 % par rapport à 2021), le plus élevé du groupe à ce jour. Concernant Emirates NBD, la première banque de Dubaï en termes d’actifs a publié un profit net annuel de 13 Md AED (3,5 Md USD, +40 % par rapport à 2021). Quant à Dubai Islamic Bank, son profit net en 2022 s’établit à 5,6 Md AED en 2022 (1,5 Md USD, +26 % par rapport à 2021). Les banques émiriennes ont pleinement profité du dynamisme économique retrouvé en 2022 sur le marché national (croissance anticipée à 7,6 % par la Banque centrale en décembre dernier) et de la hausse des taux d’intérêt étant donné que les banques du pays possèdent globalement une large partie d’actifs non/peu rémunérés et des actifs pouvant être repricés. En février 2022, l’agence de notation S&P avait ainsi estimé à 15 % la hausse des revenus des banques émiriennes à la suite d’une augmentation de 100 points de base des taux d’intérêt.

Le groupe d’Abu Dhabi AD Ports a inauguré le premier terminal de croisière d'Aqaba, en Jordanie. Cette inauguration marque le lancement du premier des cinq mégaprojets prévus entre AD Ports et Aqaba Development Corporation pour développer le secteur du tourisme, de la logistique et du transport de la ville côtière, située à proximité de nombreuses zones touristiques à haut potentiel (notamment Petra et le désert de Wadi Rum). Dans le cadre de cette alliance, AD Ports gèrera et exploitera le terminal de croisière.

Le groupe immobilier Al Habtoor envisage d'investir entre 2,8 Md et 3 Md USD dans l'immobilier cette année, se tournant notamment vers l'Europe centrale. Le milliardaireKhalaf Al Habtoor, basé à Dubaï et propriétaire du groupe, a également déclaré à Bloomberg avoir reporté de trois ou quatre ans son projet d'introduction en bourse du groupe, afin de continuer à consolider et assainir son bilan comptable en amont. Pour rappel, la bourse de Dubaï (DFM) a été particulièrement active en 2022 avec les IPOs notables de DEWA, Salik, Taalem ou encore Tecom.

Koweït

Cinquième démission du gouvernement en seulement 2 ans. Suite à la crise qui opposait le gouvernement koweïtien et le parlement en raison de propositions de lois bloquées par le gouvernement, ce dernier a soumis sa démission à l’émir lundi matin, moins de trois mois après sa constitution. Cette démission s’explique également par les demandes d’interpellations du Ministre des Finances, Abdul Wahhab Al-Rashid, et du ministre d'État chargé des affaires du Cabinet, Barak Al-Shitan, qui avaient déjà entaché le gouvernement.

Les prix à la consommation ont augmenté de 3,15 % en 2022, par rapport à 2021, selon une publication du KCSB (« State of Kuwait Central Statistic Bureau »). Dans son communiqué, le KCSB précise que les prix ont augmenté de 0,17% en décembre 2022, en comparaison avec le mois précédent. On note en particulier que les produits inclus dans la catégorie « Aliments & Boissons » ont augmenté de 7,48 % en glissement annuel. Du côté de l’immobilier, plusieurs experts dont Qais Al-Ghanim (ancien secrétaire de la fédération de l'immobilier koweïtienne) soutiennent que ce secteur restera stable en 2023 au Koweït, et cela jusque 2025. Les investisseurs s’intéressent en effet de moins en moins à l'achat de biens immobiliers dans le pays en raison notamment du manque de terrains abordables, du coût de la construction et de l’envolée des taux d’intérêts.

Abdul Wahhab Al-Rasheed, Ministre des Finances du gouvernement qui vient de démissionner, a révélé que les membres du comité chargé du programme de privatisation avaient finalisé des études préliminaires sur les projets publics proposés à la privatisation. Cela comprend, pour le moment, 12 entreprises ou infrastructures, dont le projet de Shuaiba nord (station de désalinisation et centrale électrique), les principaux secteurs du Ministère de l'Electricité et de l'Eau, KASCO (Kuwait Aviation Services), ainsi que d’autres services publics, tels que les ports, la poste koweïtienne, le service d’imprimerie nationale, KIPIC (pétrochimie), ou encore KAFCO (carburant pour avions). Pour rappel, le projet du Shuaiba nord est déjà en cours de privatisation, en collaboration avec le Ministère de l’Electricité et de l’Eau.

Oman

La compagnie pétrolière omanaise OQ devrait introduire en bourse sa filiale de services de forage Abraj Energy. A date, l’opération concernerait 49 % des parts d’Abraj, la première société de forage du pays, et devrait être réalisée en mars prochain. Pour mémoire, l’entreprise OQ est détenue par le fonds souverain OIA qui possède un programme de désinvestissement en 2023 afin de générer des liquidités.  

Qatar

Selon le dernier rapport de la Banque mondiale, l'économie du Qatar devrait connaître une croissance de 3,4 % en 2023, qui sera plus élevée que celle des autres pays exportateurs de pétrole du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord. La Banque mondiale estime que le Qatar a enregistré une croissance de 4 % en 2022 (contre 1,5 % en 2021 et 3,6 % en 2020).

Selon Moody’s, le Qatar devrait réduire son ratio dette/PIB de 25 à 35 points de pourcentage du PIB d'ici à la fin de 2023. La dette publique est passée de 58 % du PIB en 2021 à environ 44,5 % en 2022. Cette tendance reflète notamment la hausse du PIB nominal portée par la progression des cours des hydrocarbures.

La Qatar Investment Authority (QIA) a porté sa participation dans le groupe Credit Suisse Group à 6,87 % (contre environ 5,6 % précédemment). Cela fait suite à l’émission par le Credit Suisse de nouvelles actions dans le cadre d'une augmentation de capital de 4,3 milliards de dollars en décembre dernier. Avec cet achat, QIA devient le deuxième plus grand actionnaire de la banque suisse, juste derrière la Saudi National Bank.

Le Ministère des communications et des technologies de l'information et HEC Paris au Qatar ont signé un MoU visant à renforcer la coopération en faveur de la transformation numérique du Qatar, conformément à la Vision nationale 2030 du Qatar. En vertu de ce MoU, les deux parties soutiendront les plans nationaux et stratégiques pour le développement du secteur numérique, ainsi que les initiatives du Qatar Digital Government et du programme Smart Qatar qui visent à la digitalisation des services publics et privés qatariens.

La Commercial Bank of Qatar a annoncé avoir enregistré une hausse de 22 % de leurs profits nets en 2022 par rapport à 2021. Fin 2022, S&P Global Ratings avait relevé la note de la banque commerciale de BBB+ à A-.