Le Pakistan évite le défaut de paiement en remboursant le Sukuk d’1 Md USD avant l’échéance. Programme FMI – pas d’avancées en vue pour la 9ème revue du programme. Le Pakistan demande un soutien financier à l’Arabie saoudite.

Le Pakistan évite le défaut de paiement en remboursant le Sukuk d’1 Md USD avant l’échéance.


Après plusieurs semaines de fébrilité des marchés au sujet d’un éventuel défaut de paiement et de forte hausse des Credit default swap (CDS), le Pakistan a finalement réussi à rembourser le Sukuk (obligation islamique) de 1 Md USD sur 5 ans le vendredi 2 décembre, soit trois jours avant la date d’échéance. La banque centrale du Pakistan (State Bank of Pakistan – SBP) a effectué le paiement à Citigroup, chargée ensuite du transfert des fonds aux investisseurs. D’après le Gouverneur de la SBP, le financement provient de sources multilatérales et bilatérales pour garantir que le remboursement n'affectera pas les réserves de change.

Si le remboursement anticipé a permis d'éviter le risque d'un défaut à court terme, des inquiétudes subsistent quant à la capacité du Pakistan à rembourser sa dette à long terme.

Programme FMI – pas d’avancées en vue pour la 9ème revue du programme

La 9ème revue du programme FMI, qui devait avoir lieu le 3 novembre, n’est toujours pas officiellement programmée. Pour mémoire, le Pakistan a déjà obtenu 3,018 M DTS (4 Mds USD) dans le cadre de la facilité élargie de crédit, le programme ayant fait l’objet d’un accord pour être étendu jusqu’à fin juin 2023 et augmenté de 720 M DTS, ce qui porte le montant total à 6,5 Mds USD. La 9ème revue doit s’accompagner d’un décaissement de 1,1 Md USD, mais conditionne également le soutien des autres bailleurs bilatéraux et multilatéraux.  Les discussions se poursuivent depuis plus d’un mois mais achoppent actuellement sur la mise en place des réformes structurelles et les objectifs quantitatifs, ainsi qu’une vision détaillée des dépenses et recettes jusqu’à juin 2023, prenant en compte les dépenses supplémentaires liées à la reconstruction post-inondations. Le fonds demande également des mesures budgétaires compensatoires aux subventions mises en place dans les secteurs de l’agriculture et en soutien aux industries exportatrices, subventions qui vont à l’encontre de l’esprit du programme. De son côté, le Ministre des Finances, Ishaq Dar, estime que le Pakistan a rempli toutes les conditions de la 9ème revue, que « le Fonds se comportait de manière anormale dans sa relation avec le Pakistan » et que « le Fonds ne devait pas dicter ses conditions au gouvernement ». En parallèle, le Ministre des Finances a reçu les Ambassadeurs des principaux contributeurs au Fonds (US, UK, Chine) pour demander leur soutien dans ses discussions avec le Fonds.

Le Pakistan demande un soutien financier à l’Arabie saoudite

A l’occasion d’un entretien entre le Ministre des Finances, Ishaq Dar, et l’Ambassadeur d’Arabie saoudite à Islamabad, le Pakistan a renouvelé sa demande de soutien financier alors que le pays traverse une crise de liquidité et une forte diminution de ses réserves de changes, et ne parvient pas à trouver un accord avec les services du FMI dans le cadre de la 9ème revue du programme FMI. Cette demande intervient alors que l’Arabie saoudite vient de prolonger la durée d'un dépôt à la banque centrale (SBP) de 3 Mds USD via le Fonds saoudien pour le développement (SFD) et que le nouveau Chief of Army Staff (COAS), le général Syed Asim Munir doit se rendre prochainement à Riyad. Les demandes pakistanaises portent sur un soutien financier de 3 Mds USD, auquel viendrait s’ajouter une augmentation de la facilité de paiement sur le pétrole saoudien actuellement fixée à 1,2 Mds USD. 

L’indice de confiance des entreprises (BCI – Business Confidence Index) en baisse de 21% sur la période septembre-octobre 2022

La chambre de commerce et d'industrie des investisseurs étrangers (OICCI) a annoncé les résultats de son enquête sur la confiance des entreprises (BCI), réalisée sur la période septembre-octobre 2022. L’indice est désormais négatif (-4%), en forte chute de 21% par rapport au dernier rapport d’avril 2022. La plus forte baisse de confiance a été enregistrée dans le secteur des services (24 %), suivi du commerce de détail et de gros (22 %) et du secteur manufacturier (20 %). Les trois principales menaces qui pèsent sur la croissance des entreprises identifiées dans l'enquête sont l'inflation à 78 %, la fiscalité élevée à 71 % et la dévaluation de la monnaie à 70 %.

Les difficultés de paiements et de rapatriements de devises se multiplient tous secteurs confondus.

Les mesures imposées par la Banque centrale (SBP) pour maintenir le niveau de ses réserves de changes se traduisent par de nombreuses difficultés à l’importation et pour le rapatriement de devises par des entreprises étrangères. L’Association du transport aérien international (IATA) a ainsi rapporté que le Pakistan bloquait 225 M USD dus aux compagnies aériennes (au premier rang desquelles figurent les sociétés émiriennes et qatarienne) et appelait le gouvernement à supprimer tous les obstacles empêchant les compagnies aériennes de rapatrier les revenus de la vente de billets et d'autres activités conformément aux accords internationaux. De son côté, l’Association des entreprises de fruits et légumes pakistanaise (PFVA) annonçait que 417 containers d’un montant de 5,4 M USD transportant des denrées alimentaires étaient bloqués au port de Karachi, les lettres de crédit n’ayant pas pu être ouvertes par les banques commerciales. L’association des entreprises du secteur pharmaceutique (PPMA) alerte également sur le risque de pénurie de médicaments si l’ouverture de lettres de crédit pour l’importation de matières premières n’était pas autorisée rapidement par la banque centrale. L’accès aux devises et leur rapatriement touche également les entreprises chinoises.

La Russie et le Pakistan en discussion sur la livraison de pétrole à un tarif préférentiel.

Le Ministre du pétrole, Musadik Malik, a annoncé à l’issue d’un déplacement à Moscou que des discussions étaient en cours avec la Russie pour fournir le Pakistan en pétrole brut russe à hauteur de 100 barils/jour à un tarif préférentiel. Les discussions doivent se poursuivre avec la visite d’une délégation russe prévue en janvier 2023 à Islamabad.

Les discussions ont également porté sur la fourniture de LNG et les projets de pipeline -Pakistan Stream Gas Pipeline.