Réflexions hebdomadaires sur les principaux évènements financiers, institutionnels ou règlementaires, aux Etats-Unis.

Sommaire

Visite d’État du Président Emmanuel Macron aux États-Unis

Conjoncture

  • Les prix immobiliers reculent
  • Le Beige Book de la Fed souligne une stabilité de l’activité économique
  • L’inflation PCE baisse légèrement

Politiques macroéconomiques

  • Le président de la Fed signale un ralentissement de la remontée des taux

Services financiers

  • Les répercussions de la faillite de FTX continuent d’attirer l’attention du Sénat

Situation des marchés

Brèves

 

Visite d’Etat du Président Emmanuel Macron

 

Le Président de la République Emmanuel Macron est aux États-Unis du 29 novembre au 2 décembre pour la première visite d’État à l’administration Biden. Le 30 novembre, Emmanuel Macron a participé à une réunion de travail à la NASA sur la coopération spatiale, en présence de la vice-présidente des États-Unis Kamala Harris. Il s’est ensuite rendu au Congrès pour un déjeuner de travail sur la protection de la biodiversité, les possibilités offertes par les transitions énergétique et climatique et les nouveaux modes de financement innovants.

Dans le cadre d’une déclaration conjointe à l’issue de leur rencontre à la Maison-Blanche du 1er décembre, E. Macron et Joe Biden ont réaffirmé leur soutien à l’Ukraine en dénonçant l’agression de la Russie. Ils ont également indiqué renforcer la coopération franco-américaine en matière de défense. S’agissant des mesures de subvention de l’Inflation Reduction Act, ils ont indiqué attendre les résultats du groupe de travail États-Unis - Union européenne.

 

Conjoncture

 

Les prix immobiliers reculent

L’indice Case-Shiller publié par Standard & Poor’s, qui porte sur les prix immobiliers des 20 plus grandes villes américaines, a baissé en septembre (-1,2 % en variation mensuelle après ‑1,3 % en août) et ralenti sur douze mois glissants (+10,4 % après +13,1 %).

Selon l’agence fédérale de financement du logement (Federal Housing Finance Agency - FHFA), l’indice des prix de l’immobilier s’est stabilisé (+0,1 % en septembre après -0,7 % en août). La hausse des prix a progressé sur douze mois glissants, à +12,4 % (après +11,9 %).

Selon l’enquête hebdomadaire publiée le 30 novembre par la Mortgage Bankers Association (MBA), les demandes de crédits immobiliers ont baissé de -41 % sur un an et celles de rachats de crédits immobiliers de -86 % dans le contexte de remontée des taux.

 

Le Beige Book de la Fed souligne une stabilité de l’activité économique

Le Beige Book publié le 30 novembre, qui présente l’évolution de la situation économique dans les 12 districts des Fed régionales, indique une stabilité de l’activité économique et du marché du travail tandis que les pressions inflationnistes persistent.

L’activité économique a fortement ralenti sous l’effet de la hausse des taux d’intérêt. Dans de nombreux districts, les enquêteurs signalent une incertitude et un pessimisme accru quant aux perspectives économiques. La consommation a légèrement progressé, l’inflation ayant poussé les ménages à bas revenus vers des produits à prix plus bas. Toutefois, une grande hétérogénéité sectorielle existe :  le secteur des voyages et du tourisme a progressé, tiré par une demande robuste pour les restaurants et l’hôtellerie de luxe alors que le marché de l’immobilier (résidentiel et commercial) et l’industrie bancaire ont été affectés par un durcissement des conditions de crédit et une demande affaiblie.

Le marché du travail affiche des signes d’amélioration mais demeure tendu. En effet, en dépit d’un ralentissement de l’activité, certaines entreprises se montrent réticentes à licencier des travailleurs en raison des difficultés d’embauche. Les pressions inflationnistes ont diminué avec la modération de la demande et des tensions sur les chaînes logistiques. Selon le Beige Book, l’inflation devrait se stabiliser ou se modérer davantage à l’avenir.

 

L’inflation PCE baisse légèrement

Selon le Bureau of Economic Analysis (BEA), l’indice des prix des dépenses de consommation (Personal Consumption Expenditure, PCE) a progressé de +0,3 % en octobre (au même rythme que le mois précédent) et sa composante sous-jacente (hors alimentation et énergie) de +0,2 % (après +0,5 % en septembre). Sur douze mois glissants, l’inflation PCE a reculé à +6,0 % (après +6,2 %) et sa composante sous-jacente à +5,0 % (après +5,2 %).

L’indice des prix des biens a progressé (+0,3 %) après trois mois de baisses consécutives. Celui des services a continué de progresser de +0,4 %. En glissement annuel, l’inflation des biens a reculé à +7,2 % (après +8,0 % en septembre) alors que celle des services a progressé à +5,4 % (après +5,3 %). L’inflation, tirée par l’augmentation du prix des biens au cours de 2021 et début 2022, est désormais tirée par celle des services.

 

 

Politiques macroéconomiques

 

Le président de la Fed signale un ralentissement de la remontée des taux

Lors d’une conférence organisée par Brookings, Jerome Powell, président de la Fed, s’est montré favorable à un ralentissement de la remontée des taux dès la prochaine réunion qui se tiendra les 13 et 14 décembre, eu égard au ralentissement des prix et du marché du travail et au taux fed funds qui a considérablement augmenté au cours de l’année. Il a toutefois indiqué que l’attention devrait être portée non pas sur le rythme de la remontée mais sur le niveau terminal et la durée de cette politique monétaire restrictive.

Sur la situation économique, J. Powell a salué la baisse de l’inflation d’octobre (+7,7 % après +8,2 %) qu’il a toutefois nuancé en rappelant la surprise à la hausse des deux mois précédents. Il a indiqué souhaiter observer plus de données avant de confirmer la tendance baissière de l’inflation. Pour cela, il a réaffirmé la nécessité de relever le taux fed funds à un niveau « suffisamment restrictif » qui devrait être supérieur à celui communiqué dans la projection économique de la Fed de septembre.

S’agissant du marché du travail, J. Powell a cité des études récentes de la Fed selon lesquelles outre les effets durables de la Covid-19 (« long-Covid »), la pénurie de main d’œuvre serait liée à la retraite anticipée, en excès par rapport à la tendance démographique naturelle, et au fléchissement de la croissance de la population en âge de travailler. Par ailleurs, J. Powell a indiqué surveiller la dynamique des salaires qui constitue l’un des facteurs déterminants du prix des services et évolue à des niveaux bien supérieurs à ceux qui seraient compatibles avec une inflation à 2 %.

 

 

Services financiers

 

Les répercussions de la faillite de FTX continuent d’attirer l’attention du Sénat

Le 1er décembre, la commission pour l’agriculture du Sénat a auditionné le président de la Commodity Futures Trading Commission (CFTC, régulateur des marchés de dérivés), Rostin Behnam, sur la faillite de la plateforme d’échange de crypto-actifs FTX. La présidente de la commission, Debbie Stabenow (D – Michigan) a évoqué la gestion catastrophique de FTX, mise à jour par la procédure de faillite. Elle a toutefois souligné que LedgerX, filiale de FTX enregistrée auprès de la CFTC, constituait une exception, et que sa solvabilité comme sa gestion adéquate témoignait du bénéfice d’une supervision. Le chef de l’opposition républicaine au sein de la commission, John Boozman (R–Arkansas), a souligné l’importance d’une domiciliation des acteurs des marchés de crypto-actifs aux États‑Unis afin d’assurer une supervision adéquate. Selon J. Boozman, les États-Unis doivent clarifier la régulation applicable, en particulier pour la conservation des actifs.

R. Behnam a regretté que la CFTC ne dispose aujourd’hui que d’une autorité limitée, qui lui permet de poursuivre les responsables de fraudes, mais qui ne lui donne pas de mandat spécifique de supervision des marchés des crypto-actifs. Il a appelé le Congrès à adopter une législation conférant à la CFTC une autorité normative et de supervision des marchés de crypto-actifs au comptant. Il a également appelé à une séparation plus stricte des différentes fonctions (échanges, prêts, conservation, et courtage) sur les marchés de crypto-actifs.

Le 30 novembre, le président de la commission des affaires bancaires du Sénat, Sherrod Brown (D–Ohio) a adressé une lettre à la Secrétaire du Treasury, Janet Yellen. S. Brown demande au Treasury de coordonner des travaux avec les agences de régulation afin d’élaborer une proposition législative leur donnant l’autorité pour superviser les marchés de crypto‑actifs.

 

Situation des marchés

 

Sur la semaine écoulée (de vendredi à jeudi), l’indice S&P 500 (500 plus grandes capitalisations boursières aux États-Unis) a progressé de +1,3 %, à 4 077. Ce rebond s’explique par (i) un discours de J. Powell sur un ralentissement du resserrement dès la prochaine réunion FOMC de décembre et (ii) un apaisement progressif des tensions sur le marché du travail (JOLTS et ADP).

Le rendement des obligations d’État américaines (Treasuries) à 2 ans a diminué sur 5 jours à 4,2 % (‑0,3 point) et celui des Treasuries à 10 ans a à 3,5 % (-0,2 point). La volatilité implicite sur le marché des Treasuries (MOVE Index) a continué de diminuer (120 le 1er décembre contre 130 une semaine avant, 150 en octobre 2022 et 50 en moyenne annuelle 2021).

 

Brèves

 

-Selon la 2ème estimation du BEA, la croissance du PIB au 3ème trimestre 2022 a été révisée à la hausse de de +0,1 point, à +0,7 % contre +0,6 %, porté par une consommation plus dynamique qu’initialement mesurée et un recul moins marqué de l’investissement en construction. Au T3 2022, le PIB américain est supérieur de +4,2 % à son niveau de T4 2019.

-La plateforme de crypto-actifs BlockFi s’est placée le 28 novembre sous le régime des faillites (Chapter 11) devant le tribunal du New Jersey. La société avait déjà suspendu ses opérations à la suite de de la faillite de FTX. Lors de l’ouverture de la procédure, BlockFi a souligné sa forte exposition à FTX et à Alameda Research via des prêts consentis par BockFi à ces deux entités et, réciproquement, via une ligne de financement de FTX à BlockFi ouverte cet été, lors des premières difficultés rencontrées par BlockFi.

-La plateforme de crypto-actifs Kraken a accepté le 28 novembre de payer une sanction d’environ 360 000 USD au Treasury face aux poursuites engagées pour violation du régime des sanctions contre l’Iran. Kraken a par ailleurs annoncé un plan de licenciements de 1 100 salariés, soit 30 % de ses effectifs, face à la situation des marchés de crypto-actifs.

-Les sénateurs républicains John Boozman et Michael Braun ont déposé une proposition de loi qui interdirait à la Securities and Exchange Commission (SEC), l’autorité des marchés financiers, d’imposer des exigences de transparence sur les émissions de gaz à effet de serre liées aux activités agricoles.

-La Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC), chargée de la garantie des dépôts, a publié le 1er décembre les résultats agrégés des banques américaines pour le T3 2022.  Le résultat net agrégé est en hausse de +11 % par rapport au T2 2021 et de +3% par rapport au T3 2021, principalement porté par la croissance de la marge nette d’intérêt.

-Michael Barr, vice-président de la Fed chargé de la supervision, a présenté le 1er décembre ses premières pistes de réflexion dans le cadre de la « revue holistique » engagée par la Fed sur les exigences de fonds propres bancaires. Faisant référence à la crise sanitaire, il a souligné l’importance d’adopter une approche prudente et évolutive face à la difficulté à anticiper les chocs financiers. Dans cette perspective, il a évoqué la piste de stress-tests renouvelés plus régulièrement, reposant sur des scenarios multiples et prenant en compte l’interconnexion entre les banques et les institutions financières non bancaires.  Il a également indiqué que la transposition des règles de Bâle III en droit américain conduirait à une moindre dépendance aux modèles internes et à une meilleure mesure des risques opérationnels et de marché.

-Les indices PMI du secteur manufacturier, publiés par l’Institute for Supply Management (ISM) sont passés en zone de contraction (inférieur à 50) passant à 49,0 en novembre contre 50,2 en octobre. Cette baisse a été tirée par l’allègement de commandes nouvelles et existantes et le recul de l’emploi.

-Selon la publication JOLTS du Bureau of Labor Statistics (BLS), le nombre d’ouvertures de postes vacants a baissé en octobre à 10,3 millions (après 10,7 millions en septembre). Les démissions ont également reculé à 4,0 millions en octobre (après 4,1 millions). Par ailleurs, en novembre, les créations d’emplois publiées par l’ADP se sont établies à 127 000 en novembre, en-deçà des attentes du marché (190 000), soulignant le ralentissement du marché du travail.