Edito

Dans le sillage du précédent numéro de la lettre trimestrielle d’Asie du Sud, relatif aux modalités de financement des économies de la zone, la présente édition est consacrée à l’un des volets de ce financement, à savoir le développement et l’évolution des marchés financiers dans la zone sous revue. Au-delà du fait que les économies de la région recourent essentiellement à des financements intermédiés, le rôle des marchés financiers demeure marginal en Asie du sud, ce qui résulte de la faible inclusion financière de la zone et du degré élevé d’informalité de l’économie, et conduit à une stérilisation de l’épargne. Dans ce contexte, il n’est guère surprenant que les deux économies les plus pauvres de la région, Afghanistan et Bhoutan, ne disposent pas d’un marché organisé des capitaux.

Les autres pays présentent des caractéristiques communes, liées à leur trop forte dépendance à des financements bancaires, qui ne leur permet pas de financer dans des conditions satisfaisantes leur déficit en infrastructures. Les marchés obligataires (hors dette négociable de l’Etat), qui représentent une faible part du PIB, à quelque 0,13% au Bangladesh, 1% au Pakistan, 0,5% à Sri Lanka, et 16% en Inde, ne peuvent jouer ce rôle, d’autant plus que dans la plupart des pays, à l’exception de l’Inde, ce sont les institutions financières qui constituent les principaux émetteurs sur ce marché.

A l’exception des marchés boursiers indiens beaucoup plus sophistiqués, les autres places financières pâtissent sur le plan structurel d’une base d’actions cotées trop étroite, faiblement diversifiée au niveau sectoriel et d’une base d’investisseurs réduite à des petits porteurs, à l’exception de noyaux durs qui peuvent espérer optimiser leur recours ponctuel au marché boursier.

Enfin, les évolutions boursières récentes ont épousé les inflexions de politiques monétaires menées dans la zone au cours des dernières années, notamment dans le sillage des injections de liquidité massives conduites par les banques centrales pendant le Covid, celles-ci paraissant l’emporter aux yeux des investisseurs sur les fragilités intrinsèques du risque-pays. Au cours des derniers mois, dans une zone marquée par l’incidence du resserrement monétaire américain sur l’évolution du taux de change et dans un cadre de resserrement de la liquidité, les facteurs intrinsèques reprennent le dessus et expliquent la chute des cours de bourse dans les économies sous programme (Népal, Pakistan, Sri Lanka). L’Inde semble une exception toutefois, même si les niveaux de PER (Price-Earnings Ratio) actuels incitent à la prudence, dans un contexte où les non-résidents ont procédé à des ventes massives d’actions indiennes depuis janvier.

 

Benoit GAUTHIER

Chef du service économique régional de New Delhi

Benoit.gauthier@dgtresor.gouv.fr