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Zoom de la semaine : Scénarios macroéconomiques de la Banque de Russie

Le 12 août dernier, la Banque de Russie (BdR) a publié un rapport exposant les principales orientations de la politique monétaire de la Russie en 2022-2025.  Cette dernière est envisagée dans le cadre de trois scénarios macroéconomiques correspondant à différentes évolutions possibles (1) de la conjoncture économique mondiale, (2) de la politique de sanctions à l’égard de la Russie et (3) de la vitesse d’adaptation structurelle de l’économie russe.

1/ Hypothèses macroéconomiques. Dans un scénario dit « de base », la Banque de Russie anticipe une continuité des tendances actuelles, à savoir le maintien des sanctions occidentales affectant le commerce extérieur russe, les technologies et l’investissement. Ce modèle n’envisage pas de montée significative des tensions géopolitiques par rapport à la situation actuelle. Il repose par ailleurs sur des prémisses optimistes quant à l’évolution, d’une part, de l’économie mondiale avec une croissance de 3,3% en 2022 et de 3,1% en 2023[1] ; d’autre part, l’inflation annuelle atteindrait respectivement 4,3% aux Etats-Unis et 3,4% dans la zone euro à la fin de l’année 2022[2]. Le prix du baril d’Urals diminuerait progressivement de 80 USD en moyenne en 2022 à 60/55 USD en 2024-2025. Le deuxième scénario, dit « d’adaptation accélérée », s’appuie sur les mêmes hypothèses macroéconomiques tout en supposant une adaptation plus rapide de l’économie russe en matière de transport, de logistique et de développement des importations parallèles, qui contribuerait à un rétablissement de la demande intérieure et à une atténuation plus forte des chocs d’offre à l’horizon 2023. A contrario, le troisième et dernier scénario de « crise mondiale » prédit une fragmentation accélérée de l’économie mondiale, se traduisant par un resserrement des politiques monétaires plus rapide qu’attendu par les marchés et une récession mondiale majeure. De nouvelles sanctions sur les exportations russes, couplées à la baisse de la demande de pétrole induite par la récession, entraînerait une diminution significative de l’excédent commercial russe et prolongerait la récession jusqu’en 2024.

 

2/ Principaux résultats. Les deux scénarios les plus optimistes prévoient un retour timide de la croissance en 2024, tandis que la récession pourrait se poursuivre jusqu’en 2024 en cas de crise mondiale. L’inflation serait ramenée au niveau de la cible de 4% en 2024, ou en 2025 en cas de crise.

Figure 1. Prévisions économiques par scénario

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L’excédent courant de la Russie, qui devrait atteindre le niveau record de 243 Md USD en 2022, connaîtrait une décrue progressive liée à la baisse du prix des hydrocarbures, à la diminution probable des volumes exportés par la Russie après l’entrée en vigueur de l’embargo européen sur le pétrole russe, mais aussi au rétablissement graduel des importations. Ce processus pourrait intervenir de manière beaucoup plus brutale en cas de crise.

Figure 2. Excédent courant de la Russie par scénario (Md USD)

Grafique

 

Indépendamment du scénario envisagé, plusieurs années seraient nécessaires à l’économie russe pour retrouver son niveau de PIB de 2021. Dans la meilleure configuration possible, ce niveau serait dépassé en 2024 de 0,3 points de pourcentage. En cas de réalisation du scénario standard, le PIB russe en 2025 demeurerait inférieur de 0,1 point de pourcentage à son niveau de 2021. 

 Figure 3. Évolution prospective du PIB russe (2021 = 100)

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[1] Soit respectivement 0,1 et 0,2 point de pourcentage de plus que la dernière prévision en date du FMI (juillet 2022).

[2] Pour mémoire, l’inflation en glissement annuel atteignait 8,5% aux Etats-Unis et 8,9% dans la zone euro en juillet 2022.