L’inflation s’accélère de nouveau en juin et pourrait encore s’intensifier au cours des prochains mois
Selon l’institut des statistiques (INDEC), l’inflation mensuelle atteint 5,3% en juin, après 5,1% en mai et 6,0% en avril. Depuis le début de l’année, les prix augmentent de 36,2%. En rythme annuel, ils progressent de 64%, dont 84,5% pour les produits saisonniers et 46,9% pour ceux régulés. Malgré une accalmie des prix mondiaux des produits alimentaires et énergétiques, les poussées inflationnistes pourraient encore s’intensifier au cours des prochains mois.
Selon l’institut des statistiques (INDEC), l’inflation mensuelle atteint 5,3% en juin, après 5,1% en mai et 6,0% en avril. A ce rythme, la hausse des prix est proche des anticipations du marché pour le mois (5,2%). Durant la période, les prix régulés et ceux des produits saisonniers augmentent de 5,3% et 6,6% sur un mois. De son côté, la composante sous-jacente progresse de 5,1% sur un mois.
Depuis le début de l’année, les prix augmentent de 36,2%. En rythme annuel, ils progressent de 64%, dont 84,5% pour les produits saisonniers et 46,9% pour ceux régulés. De son côté, l’évolution de la composante sous-jacente qui indique la tendance de fond de l’évolution des prix, demeure particulièrement soutenue (+65,5%). Parmi les secteurs qui connaissant une augmentation marquée des prix en juin, se trouvent l’habillement (+83,6%), l’hôtellerie et restauration (+81,9%) et l’alimentaire (+66,4%).
Évolution de l’inflation
Sources : INDEC, SER Buenos Aires
Malgré une accalmie des prix mondiaux des produits alimentaires et énergétiques, les poussées inflationnistes pourraient encore s’intensifier au cours des prochains mois, suite notamment à la montée de l’incertitude après la démission surprise de Martín Guzmán début juillet. En effet, le changement brusque à la tête du ministère de l’Economie s’est accompagné d’une chute du peso et d’une hausse préventive des prix comprise entre 10 et 30%. En sus de la montée de l’incertitude, la forte volatilité du peso a entrainé des pénuries ponctuelles dans plusieurs magasins, en raison d’une forte demande des consommateurs pour constituer des stocks de précaution et d’un ralentissement des livraisons des fournisseurs en attendant la stabilisation du cours de la devise argentine.
Dans ce contexte, l’accélération des tensions inflationnistes relance les demandes de nouveaux ajustements salariaux et réévaluations des transferts sociaux afin de préserver le pouvoir d’achat. Alors que les négociations salariales prévoient une revalorisation des salaires de 65% en moyenne, la clause de revoyure inscrite dans la plupart des accords pourrait entraîner une réouverture des négociations salariales dès le mois de septembre. A ce titre, l'Union des travailleurs de la métallurgie (UOM) demande d’avancer à juillet l'augmentation de 12% prévue en octobre et de prévoir une revalorisation supplémentaire de 20% en octobre pour permettre une hausse cumulée des salaires d’au moins 65% dans cette branche d’activité. Dans ces circonstances, le ministre du Travail, Claudio Moroni, prévoit de convoquer le Conseil des salaires pour définir une nouvelle hausse du salaire minimum, au-delà de la revalorisation de 45% prévue pour l’ensemble de l’année, ce qui aura des effets d’entrainement sur les transferts sociaux et les retraites.
Face au risque d’une accélération de la spirale inflationniste, la nouvelle ministre de l’Economie s’est attelée lors de sa conférence de presse, à rassurer les marchés en réaffirmant son engagement à atteindre les objectifs fixés dans le programme avec le FMI.
De son côté, la Banque centrale a décidé d’établir un corridor pour les taux courts de marché en prenant comme taux plancher, celui des prêts interbancaires au jour-le-jour dit « pases », actuellement fixé à 40,5%, et comme taux plafond, celui des titres Leliq à 28 jours, à 52%. A travers ce nouveau pilotage de la politique monétaire, le Banquier central espère rendre les taux d'intérêt progressivement positifs en termes réels afin d’améliorer la transmission de la politique monétaire, d’approfondir le marché de la dette publique en pesos et d’accroître l'utilisation des titres du Trésor dans le financement de l’Etat.
Malgré ces gages de bonnes volontés, le consensus du marché continue de tabler sur une accélération de l’inflation qui pourrait atteindre 90% en fin d’année selon certains économistes.
Évolution de l'inflation (fin de période, glissement annuel)
Sources : FMI, SER Buenos Aires