La démission du ministre de l’Économie argentin, Martín Guzmán, renforce la nervosité des marchés
Le samedi 2 juillet, le ministre de l’Économie argentin, Martín Guzmán, a démissionné. Pour éviter de renforcer la nervosité du marché financier, déjà largement sous tension depuis la mi-juin, l’exécutif a désigné une nouvelle ministre dès le soir du dimanche 3 juillet : Silvina Batakis. La nouvelle ministre a rapidement pris la parole pour rassurer les marchés financiers. Mais ses déclarations n’ont pas suffi à calmer leur nervosité.
Le samedi 2 juillet, une semaine après avoir achevé la 1ère révision trimestrielle du programme conclu avec le FMI fin mars, dont il avait été l’artisan, le ministre de l’Économie argentin, Martín Guzmán, a démissionné en publiant une lettre adressée au président argentin Alberto Fernández. Celui qui avait pris ses fonctions en décembre 2019 au tout début du mandat présidentiel avec pour objectif, selon lui, de « tranquilliser l’économie », dresse dans sa lettre un bilan de ses trente mois à la tête du ministère : y sont évoquées sa gestion économique de la crise sanitaire et des effets du conflit en Ukraine, ainsi que la restructuration de la dette obligataire en devises de l’Argentine et la renégociation de la dette avec le FMI achevée fin mars, le tout après avoir, selon lui, récupéré un pays éreinté par une crise économique, sociale et de dette souveraine majeure. Le ministre sortant a aussi indiqué au président, au détour d’un paragraphe, que son successeur devra « prendre les rênes du ministère » et qu’il considère, de son expérience, « primordial qu’il travaille à un accord politique au sein de la coalition gouvernementale », mais également qu’il « dispose de la gestion centralisée des instruments de politique macroéconomique » lui permettant de garantir les avancées sociales et économiques du pays.
Pour éviter de renforcer la nervosité du marché financier, déjà largement sous tension depuis la mi-juin, l’exécutif a désigné une nouvelle ministre dès le soir du dimanche 3 juillet. Il s’agit de Silvina Batakis, une économiste qui possède une vaste expérience dans l’administration, ayant occupé le poste de ministre de l’Économie de la province de Buenos Aires, entre 2011 et 2015, sous le mandat de Daniel Scioli – récemment nommé ministre du Développement productif – et travaillant ces dernières années comme secrétaire des Provinces, auprès du ministre de l’Intérieur, Wado de Pedro. La nouvelle ministre a rapidement pris la parole pour rassurer les marchés, en expliquant que le gouvernement poursuivrait le programme économique convenu avec le FMI, notamment pour restaurer les finances publiques et accumuler des réserves internationales. Elle s’est aussi rapidement mise en contact avec les responsables du Fonds.
Mais ces déclarations et ces intentions n’ont pas suffi à empêcher de vives réactions, d’abord du marché financier argentin le lundi 4 juillet au matin, puis des marchés internationaux le lendemain (après le jour férié de l’Independence Day aux États-Unis), qui s’interrogent sur la direction que prendra la politique économique. Ainsi, les titres argentins côtés en bourse ont chuté et le risque pays a brusquement augmenté de 300 points de base (pdb) pour fleurter avec les 2.700 pdb, soit son plus haut niveau depuis le début de la pandémie. Depuis le début des turbulences sur le marché financier argentin début juin, il a ainsi augmenté de 700 pdb. Sur le marché financier argentin, les taux de change parallèles, véritables capteurs des inquiétudes des acteurs économiques, n’ont pas manqué de s’ajuster, tout en faisant preuve tout au long de la semaine d’une grande volatilité. Entre la veille de la démission du ministre Guzmán et le 7 juillet, le taux de change informel « Blue » s’est déprécié de 8%, atteignant 257 pesos pour un dollar américain et creusant le différentiel de change à 103% (contre 70% début juin) avec le taux officiel « Mayorista », à 126,6 pesos pour un dollar. Le taux de change toléré pour les opérations boursières, le « Contado con Liquidación », s’est déprécié de 19%, creusant le différentiel de change à 138% au soir de la clôture de cette édition des Brèves Économiques du Cône Sud (contre 75% début juin). Avec un niveau record de 301,5 pesos pour un dollar – et franchisant la barre symbolique des 300 pesos pour un dollar – ce taux inquiète.
Évolution, par rapport au dollar américain, des taux de change nominaux officiel, informel et toléré pour les opérations boursières
Sources : Banque centrale, Ámbito Financiero, SER Buenos Aires