La grève des camionneurs contre la pénurie de diesel paralyse la chaîne logistique argentine
Face à la pénurie de diesel en Argentine et l’augmentation des prix du carburant du fait du conflit en Ukraine, une grève nationale de plusieurs syndicats de transporteurs routiers argentins a débuté le 22 juin pour une durée indéterminée. Cette grève met en péril la chaîne logistique de l’Argentine et donc sa chaîne productive, car 90% de l’économie serait transportée en camion, selon les estimations de la FADEEAC.
Face à la pénurie de diesel en Argentine et l’augmentation des prix du carburant du fait du conflit en Ukraine, une grève nationale de plusieurs syndicats de transporteurs routiers argentins a débuté le 22 juin pour une durée indéterminée. Cette protestation provenait à l’origine de l’Association des transporteurs routiers de Tucumán, qui souhaitait obtenir un alignement des prix avec ceux de la ville de Buenos Aires, mais elle s’est désormais étendue à tout le pays, alors que la pénurie touche toutes les provinces du pays hormis la province de Terre de Feu. La grève et le blocage des routes sont des initiatives de syndicats de transporteurs ayant formé un groupe afin de coordonner leur action.
Les transporteurs routiers réclament ainsi la sécurisation de l’approvisionnement et des tarifs uniformes dans tout le pays, alors que les prix du litre de gasoil peuvent varier de 120 à 250 pesos (0,90 à 1,90 euros au taux de change officiel) et que les différences de prix entre les provinces peuvent atteindre jusqu’à 78%. Ils demandent aussi l'application de l'article de la loi sur l'approvisionnement qui garantit une subvention à ceux qui ne peuvent pas travailler à cause du manque de certains intrants, les transporteurs affirmant qu'ils ne peuvent pas effectuer leur travail du fait du manque de diesel. Enfin, ils sollicitent une aide financière de l’État pour surmonter la crise qu’ils traversent, notamment via des allègements fiscaux.
Le 28 juin, les grévistes se sont rendus dans la ville de Buenos Aires pour faire entendre leur voix, mais un barrage policier les a empêchés d’atteindre le centre de la capitale avec leurs camions. Après avoir annulé une rencontre prévue le 22 juin en raison de l’absence du ministre des Transports, Alexis Guerrera, différentes chambres de transport ont ainsi finalement rencontré des représentants du ministère le 29 juin, avec pour objectif de réviser le taux de référence du fret, l'approvisionnement et les prix du diesel dépendant du secrétariat à l'Énergie. Après près de cinq heures de débat, le comité de négociation participatif s'est mis d'accord sur une hausse de 25% du tarif de référence, qui vient compléter une augmentation de 46% sur le semestre, avec une augmentation de 10% en février et de 11% pendant le week-end de Pâques. Darío Martínez, le secrétaire à l’Énergie, a cepedant accusé le ministre des Transports d'être responsable des barrages routiers alors qu’au même moment, le secteur estimait qu'il y avait entre 50 et 60 barrages et grèves dans les provinces, en particulier à Buenos Aires, à Santa Fe, à Entre Ríos, à Río Negro, puis à Córdoba, Neuquén, Tucumán et Corrientes.
La Chambre de l'industrie oléagineuse de la République argentine (Ciara pour son sigle en espagnol), qui gère les ports sur l’Hídrovia (grande voie navigable permettant le transport des marchandises), a rappelé que si la protestation se poursuit, « les ports seront hors service, affectant les exportations et les devises ». Le 23 juin, le nombre de camions qui sont entrés au port de Rosario, principal port de céréales, avait déjà chuté de près de 87% et, le 28 juin, la mobilisation avait déjà retardé l’entrée aux ports de plus de 350.000 tonnes de céréales, représentant un montant de 200 MUSD.
Le ministre des Transports a assuré que la situation devrait s’améliorer substantiellement d’ici 15 à 20 jours grâce à l’arrivée de navires pétroliers. En attendant, le président Alberto Fernández a déclaré que les Argentins « doivent comprendre qu'il y a une pénurie de diesel dans le monde entier » et que « ce problème ne peut être résolu par une grève ». Il a aussi mis en cause la forte croissance récente de la consommation de carburant et mis en avant comme solution l’utilisation d’une plus grande proportion de biodiesel.
Cette grève met en péril la chaîne logistique de l’Argentine et donc sa chaîne productive, car 90% de l’économie serait transportée en camion, selon les estimations de la FADEEAC (sigle qui désigne la Fédération argentine des entreprises du transport de marchandises). Ainsi, les représentants du secteur agricole ont annoncé une grève nationale du secteur le 13 juillet. Si l’option de bloquer le trafic routier n’a pas été retenue, aucune vente ne devrait être réalisée et des manifestations auront lieu dans tout le pays.