Quel rôle pour les banques de développement en Argentine ?
En 2021, les bailleurs de fonds internationaux auxquels la France contribue – à savoir la Banque interaméricaine de développement (BID), la Banque mondiale et la Banque européenne d’investissement (BEI) – ont accordé 3,8 Mds USD supplémentaires à l’Argentine pour financer un total de 19 projets sectoriels.
En 2021, les bailleurs de fonds internationaux auxquels la France contribue – à savoir la Banque interaméricaine de développement (BID), la Banque mondiale et la Banque européenne d’investissement (BEI) – ont accordé 3,8 Mds USD supplémentaires à l’Argentine pour financer un total de 19 projets sectoriels. Ils couvrent les secteurs de la santé, des infrastructures de transport, de la résilience climatique, de l’éducation, du numérique, de l’accès à l’eau et l’assainissement, de l’agriculture ainsi que pour la promotion de l’activité économique, notamment dans le cadre de la reprise post-pandémie.
Les banques de développement multilatérales continuent d’investir de façon importante (près de 1% du PIB) dans tous les secteurs du développement malgré une situation macroéconomique défavorable. En effet, compte tenu de son besoin de développement, de sa difficulté à accéder aux financements sur les marchés des capitaux internationaux et du fait qu’aucun autre bailleur de fonds ne l’aidera à se financer (S&P, Moody’s et Fitch accordent respectivement à la dette souveraine argentine une note de CCC+, Ca et CCC soit un risque très élevé voire spéculatif, le seul échelon avant le défaut), l’Argentine a besoin d’être soutenue par les institutions financières internationales, et donc les banques de développement.
Au-delà du FMI, la Banque mondiale y a par exemple un portefeuille actif de projets de 7,4 Mds USD, auxquels s’ajoute une facilité de garantie de 466 MUSD, et la Banque interaméricaine de développement (BID) y détient 11,4 Mds USD d’actifs de prêts. Les banques de développement multilatérales sont donc présentes et importantes, puisqu’elles constituent une des rares solutions au financement souverain, qui a en plus l’avantage d’être concessionnelle. Elles cherchent aujourd’hui à promouvoir les Objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU et à encourager les pays à atteindre un développement juste, inclusif et durable. C’est pourquoi elles continuent d’agir en Argentine malgré le risque élevé, afin de donner au pays les moyens de mener des politiques ambitieuses en matière de climat et de justice sociale. En outre, l’attribution de crédits via la Banque mondiale ou la BID permet d’établir un cadre d’action structuré et conforme aux normes internationales, en articulation avec les programmes du FMI.
Toutefois, en 2019, l’Argentine a reçu une aide publique au développement nette de seulement 18,2 MUSD et, avec 1 Md USD de remboursement annuel à la BID entre 2022 et 2027. Les flux nets seront très faibles voire négatifs sur la période sans une implication croissante de cette dernière, ce qui paraît très peu probable compte tenu des différends entre son président Mauricio Claver-Carone et les autorités argentines. D’ailleurs, malgré l’incitation forte du FMI, la Banque mondiale et la BID n’ont pas souhaité accroître leurs engagements dans le pays, les limitant donc à 0,4% du PIB (à titre de comparaison, en 2022, l’apport du FMI est de 1,2% du PIB argentin). Finalement, si un plus grand engagement est essentiel pour le développement du pays, il augmenterait en même temps son endettement : les projets menés à bien ont dès lors une obligation de résultats pour qu’ils participent efficacement à la génération de revenus in fine.
Échéances dues aux organismes internationaux hors FMI (en MUSD)
Sources : Ministère de l'Économie, SER Buenos Aires