Près de deux mois et demi après l’accès de l’Argentine au mécanisme élargi de crédit (31,9 Mds de DTS, équivalent à 44 Mds USD, soit 1.000% de la quote-part), les services du FMI ont annoncé être parvenus à un accord de principe avec les autorités argentines sur la conclusion de la 1ère revue du programme.

Près de deux mois et demi après l’accès de l’Argentine au mécanisme élargi de crédit (31,9 Mds de DTS, équivalent à 44 Mds USD, soit 1.000% de la quote-part), les services du FMI ont annoncé être parvenus à un accord de principe avec les autorités argentines sur la conclusion de la 1ère revue du programme. Dans le cadre de l’évaluation, les services estiment que l’Argentine a atteint l’ensemble des objectifs quantitatifs du 1e trimestre de 2022. Pour rappel, ces objectifs proposés dans le programme avec le FMI concernaient notamment le déficit budgétaire primaire (0,3% du PIB – ou 0,26% du PIB selon certains économistes), le financement monétaire net (1,9 Md USD) ainsi que l’accumulation des réserves internationales (+1,2 Md USD sur trois mois). De la même manière, les services affirment avoir constaté des avancées dans les ajustements structurels, y compris sur l’énergie, conformément aux engagements du programme.

De plus, malgré l’accumulation de facteurs baissiers (conflit en Ukraine, confinement en Chine, chaînes d’approvisionnement très perturbées, tensions inflationnistes, etc.) qui viennent peser sur la croissance mondiale, les services du FMI et les autorités argentines n’ont pas modifié les objectifs annuels du programme afin de renforcer sa crédibilité, une condition nécessaire pour restaurer la confiance. Dans cette optique, le gouvernement s’est engagé à ajuster ses priorités en termes de dépenses publiques dans l’objectif de baisser le déficit budgétaire primaire à 2,5% du PIB en 2022 (versus 3,0% du PIB en 2021) et le financement monétaire net à 1,0% du PIB (versus 3,7% du PIB en 2021) conformément aux cibles établies dans le programme. De leur côté, certains économistes envisagent un déficit primaire à 3,7% du PIB en 2022, à cause de facteurs tels que la stabilité des dépenses liées aux retraites (1,4% du PIB) et l’augmentation de celles qui ont trait aux subventions (0,6% du PIB versus 0,4% du PIB un an plus tôt). Afin d’accroître les revenus de l’État en 2023, le ministère de l’Économie a soumis à la Chambre des députés un projet de loi qui propose d’imposer une taxe exceptionnelle de 15% sur les superprofits, c’est-à-dire ceux supérieurs à 1 Md de pesos (environ 8 MUSD) avec une marge supérieure à 10% ou en hausse de 20% par rapport à 2021. En parallèle, la Banque centrale poursuivra les levées graduelles des taux d'intérêt (notamment Leliq et Baldar) pour les rendre modérément positifs en termes réels, tout en garantissant la compétitivité du taux de change et l’augmentation de 5,8 Mds USD des réserves internationales nettes (contre près de -1,5 Md USD en 2021).

Afin de mieux prendre en compte l’impact des chocs exogènes (conflit en Ukraine, aléas climatiques) et endogènes (saisonnalité des importations) sur les trajectoires budgétaire et monétaire, les services du FMI proposent de réviser les objectifs trimestriels. En effet, le Fonds estime que les dépenses publiques seront alourdies par l’augmentation des aides sociales (+0,3% du PIB liés à la prime ponctuelle qui est versée aux entrepreneurs individuels, aux travailleurs informels et aux retraités selon les économistes) ainsi que des subventions énergétiques, et ce malgré la revalorisation récente des tarifs de l'énergie. Dans ce contexte, les économistes jugent difficile le respect par l’Argentine de la cible de déficit primaire du 2ème trimestre fixée dans le programme, à ce stade, à 0,5% du PIB.

Par ailleurs, les services plaident pour une mise en œuvre déterminée du programme afin d’atteindre ses objectifs, y compris sur le développement du marché financier en pesos, la lutte contre la corruption  ainsi que le blanchiment des capitaux et la promotion des investissements stratégiques. Cette revue du programme de 30 mois sera bientôt soumise au Conseil d'administration du FMI. Si elle est approuvée, l’Argentine recevra 3,0 Mds DTS, soit l’équivalent de 4,0 Mds USD. En parallèle, les échéances dues au FMI au cours des trois prochains mois s’élèvent à 5,2 Mds USD, dont 4,9 Mds USD en capital (2,8 Mds USD en juin et 2,1 Mds USD en juillet) et 297 MUSD en intérêts, qui sont à verser en août. Sauf si l’échéancier est modifié, la 2ème revue du programme se tiendra en septembre, avec un déboursement attendu de 3,0 Mds DTS, soit environ 4,0 Mds USD.