Deuxième producteur mondial de pétrole derrière les États-Unis et premier exportateur mondial devant la Russie, l’Arabie saoudite détient les secondes réserves au monde après le Vénézuela. L’exposition de l’Arabie saoudite aux importations en provenance de Russie et d’Ukraine est forte pour les approvisionnements en orge. Globalement, l’Union européenne est un fournisseur de premier plan de céréales de l’Arabie saoudite.

  • Energie (pétrole et gaz)

A fin décembre 2021, les stocks de pétrole de l’Arabie étaient de 135 millions de barils, soit l’équivalent de 13 jours de production. La production de pétrole est affectée à hauteur de 3 M b/j à la consommation de l’économie nationale. Le pays exporte 7,4 M b/j.

L’Arabie saoudite dispose de réserves de gaz, jusqu’à présent peu exploitées. L’évolution du mix électrique prévoit l’augmentation de la part du gaz dans la production d’électricité, en substitution aux combustibles pétroliers. Le développement de l’exploitation du gaz vise à optimiser l’exploitation de de la ressource pétrole, à l’exportation, au développement de la pétrochimie et la production de carburants. L’Arabie saoudite n’a pas d’objectif d’exportation de gaz.

L’Arabie saoudite et la Russie sont les partenaires déterminants de l’alliance OPEP+ constituée des pays membres de l’OPEP et de huit autres pays producteurs. Les deux pays sont très attachés à la cohésion de l’alliance qui a permis une stabilisation de l’approvisionnement des marchés pétroliers et une remontée des cours du pétrole depuis 2017, à l’exception de la forte baisse de 2020 dans le contexte de crise économique mondiale provoquée par la pandémie. La prochaine réunion ministérielle de l’OPEP+ aura lieu le 31 mars 2022.

Dans un scénario de prix du pétrole évoluant autour de 100 USD/baril de manière durable, les recettes pétrolières viendront alimenter un excédent budgétaire 2022 très supérieur à celui de l’estimation initiale. Dans son budget 2022, lorsque les prix du pétrole s’établissaient autour de 78 USD/baril, l’Arabie saoudite faisait état d’une prévision d’excédent budgétaire de 24 Mds USD (+2,5% du PIB). 2022 sera le premier budget en excédent depuis 2013.

Les prix des carburants sont identiques sur l’ensemble du territoire, fixés chaque mois par la compagnie Saudi Aramco, indexés sur le prix du pétrole brut exporté par la compagnie pétrolière. La forte hausse des cours pourrait se traduire par une augmentation des prix des carburants, mais l’Arabie pourrait décider d’en limiter la hausse pour ne pas affecter le pouvoir d’achat de la population. En mars 2022, le prix à la pompe du litre d’essence d’octane 95 était de 62 cents de dollars.

L’Arabie saoudite ne publie pas de données sur la décomposition géographie de ses exportations de pétrole. Néanmoins, sur la base des statistiques des principaux pays clients, on peut reconstituer certaines données. En 2020, les cinq premiers clients de l’Arabie saoudite ont représenté 72% de ses exportations de pétrole brut. Les trois premiers clients (Chine, Japon, Corée du Sud), pour lesquels, l’Arabie saoudite est le premier fournisseur représentent 53% des exportations. L’Inde (11%) et les États-Unis (8%) complètent ce classement. Sur la base des volumes de pétrole brut transitant par l’oléoduc Suez Mediterranean Pipeline (SUMED), les exportations à destination des pays européens représenteraient environ 12% du total des exportations saoudiennes (800 000 b/j en 2020).

En 2021, les importations françaises en provenance d’Arabie saoudite ont atteint 3,3 Mds€, constituées pour 94% de produits pétroliers, dont 59% de produits raffinés et 35% de pétrole brut.

  • Céréales

En 2020, les sources d’approvisionnement de l’Arabie saoudite pour les principales céréales ont été les suivantes (source International Trade Center) :

  • orge : 7,2 Mt, Russie (39%), Ukraine (11%), Roumaine (10%), Allemagne (10%) ;
  • maïs : 4,2 Mt, Argentine (53%), États-Unis (20%), Brésil (19%) ;
  • blé : 3,1 Mt : Pologne (54%), Allemagne (11%), Lettonie (10%), Russie (8%), Lituanie (6%) ;
  • riz : 1,6 Mt : Inde (78%), États-Unis (8%) et Pakistan (8%) ;

Les sources d’approvisionnement et les volumes importés varient de manière importante d’une année sur l’autre. Information provisoires pour 2021 :

  • blé : la Russie aurait été le premier fournisseur de l’Arabie saoudite, avec près de 0,6 Mt, suivie de l’Australie (0,5 Mt), du Brésil (0,4 Mt) et de la Lettonie (0,1 Mt).
  • orge : l’Australie aurait exporté 3,2 Mt vers l’Arabie saoudite, suivie de la Russie (1 Mt), et de l’Estonie (0,3 Mt).

Les achats de céréales sont un pilier de la stratégie nationale de sécurité alimentaire de l’Arabie saoudite. Les capacités de stockage de blé et de farine sont les plus importantes du Moyen-Orient, avec plus de 3,3 Mt.

Selon l’Organisation saoudienne des céréales (SAGO), organisation sous tutelle du ministère de l’Agriculture, les besoins annuels en blé sont estimés à 3,5 millions de tonnes. SAGO a pour missions les achats de céréales via des appels d’offres internationaux, leur stockage, transformation et commercialisation. L’Arabie saoudite avait, par le passé, lancé un vaste programme de développement de la production locale de blé. Cette initiative a été abandonnée en raison des besoins colossaux en eau pour l’irrigation des surfaces.

En substitution, le pays a décidé d’investir à l’étranger pour assurer sa sécurité alimentaire dans le cadre de l’Agricultural Investment Abroad Initiative. SALIC (Saudi Agricultural and Livestock Investment Company), société saoudienne de l’agriculture et de l’élevage, filiale à 100% du fonds souverain (PIF), a été créée par décret royal en 2009 pour développer un portefeuille d’investissements destinés à contribuer à la sécurité alimentaire du pays, tant au niveau national qu’à l’international. A travers ses filiales dans le monde, SALIC, produit 1 Mt de céréales par an.

SALIC a débuté ses investissements à l’international en 2012, dans l’agriculture, le commerce des céréales et l’élevage, en particulier en Australie, au Brésil, au Canada, en Inde et en Ukraine. En 2019, SALIC a par exemple acheté 200 000 ha dans l’ouest de l’Australie pour la culture de blé. Via ses filiales SALIC répond aux appels d’offres d’achats de céréales lancés par la SAGO. En janvier 2022, la part réservée aux filiales de SALIC dans les acquisitions de blé a été augmentée de 10% à 20%.

En Ukraine, SALIC a acquis 195 000 hectares (ha) de terres agricoles dans l’ouest du pays via Continental Farms Group, filiale détenue à 100%. L’entreprise produit du blé, de l’orge, du maïs et de l’huile de tournesol. En novembre 2021, Continental Farms Group a réalisé deux expéditions de blé, pour un total de 121 000 tonnes de blé, dans le cadre d’un appel d’offres lancé par la SAGO.

L’Arabie saoudite importe près de 80% de ses besoins alimentaires. Certains segments sont à l’abri d’un renchérissement au niveau mondial des produits agricoles et agroalimentaires du fait d’une production nationale autosuffisante. C’est le cas de certains produits laitiers, des œufs et des dattes. A contrario, d’autres secteurs sont très exposés aux importations : les céréales, les fruits et légumes, les viandes rouges, les volailles et les produits de la mer.

L’inflation des prix des produits alimentaires est faible. A fin janvier 2022, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 1,2% en glissement annuel. Les produits alimentaires et boissons ont augmenté de 2,1%. Dans le contexte des fortes augmentations de prix des matières premières agricoles au niveau mondial, le risque d’inflation est faible en raison des capacités financières importantes de l’Arabie saoudite. Le pays a les moyens, en cas de besoin, d’augmenter ses subventions à certains produits alimentaires de base, dont les céréales pour limiter la hausse éventuelle des prix de ces produits.