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Zoom de la semaine : Kazakhstan - Annonces économiques

Le 1er septembre 2021, le Président Kassym-Jomart Tokaïev a prononcé son discours annuel sur l’état de la Nation devant les deux Chambres du Parlement en présentant les grandes lignes du développement socio-économique du pays. Les mesures et initiatives socio-économiques évoquées confirment plusieurs orientations antérieures et s’inscrivent dans la lignée des programmes précédents en apportant quelques nouveautés.

1/ Une sortie en douceur des programmes de soutien à l’économie adoptés en 2020. Dans un premier temps, pour maintenir le soutien à l’économie et à la population, Kassym-Jomart Tokaïev a annoncé la prolongation en 2022 de certains programmes de soutien mis en place en 2020-2021 : « Economie des choses simple » (70 000 emplois créés) et «Feuille de route pour les entreprises » (150 000 emplois créés). Le coût de cette mesure est estimé à 2,3 Md USD.  Ensuite, une baisse des charges salariales de 34% à 25% devrait être mise en œuvre à partir du 1er janvier 2023.  Des augmentations de salaires ont également été annoncées. Ces dernières constituent en réalité un rattrapage ou un alignement sur le rythme de progression des salaires nominaux. Ainsi, l’augmentation du salaire minimum, qui passera de 42 500 KZT (100 USD) actuellement à 60 000 KZT (140 USD) à partir du 1er janvier 2022 est à nuancer. Le salaire minimum est en effet resté inchangé depuis le 1er janvier 2019 or, entre le 4ème trimestre 2019 et le 2ème trimestre 2021, les salaires nominaux ont augmenté d’environ 55%. Il en va de même pour l’augmentation du salaire moyen annuel de 20 % de 2022 à 2025 des catégories de fonctionnaires n’ayant pas encore été augmentées (fonctionnaires hors enseignants, médecins et travailleurs sociaux), soit environ 600 000 personnes. Comme pour le salaire minimum, cette augmentation est comparable à la progression annuelle du salaire moyen nominal (+18,6% au deuxième trimestre 2021 en g.a.). Enfin, les programmes de prêts immobiliers à taux avantageux arrivant à leur terme, le Président a demandé de développer un programme de logement administré par la banque publique « Otbassy bank ».

2/ Refonte à venir des finances publiques. Les mesures proposées pour réformer le cadre légal sont probablement les plus conséquentes. Le Président a notamment demandé L’élaboration d’une « règle budgétaire » d’ici la fin de l’année afin de préserver les actifs du Fonds national, qui sont passés de 58 Mds USD fin 2020 à 56,9 Mds USD en août 2021 (35% du PIB). En complément, un concept de gestion des finances publiques devrait être adopté d’ici la fin de l’année pour encadrer la dette publique, la politique budgétaire et le fonds national. Les objectifs sont notamment d’améliorer les recettes budgétaires et l’efficacité de la dépense publique. Ce projet doit encore être détaillé pour pouvoir être évalué. Pour rappel, le Kazakhstan fixe déjà chaque année dans ses lois budgétaires pluriannuelles un plafond de transferts annuels du Fonds national vers le budget. Ce dernier est toutefois constamment dépassé et des transferts exceptionnels sont décidés pratiquement tous les ans. Enfin, le président a demandé au gouvernement et au superviseur financier de proposer un projet de loi encadrant la remise sur le marché des actifs gelés dans le cadre de résolutions de problèmes bancaires, sujet d’importance dans la mesure où le Kazakhstan a traversé une période d’assainissement bancaire très couteuse entre 2017 et 2020.

3/ Lutte contre l’inflation.  En matière de lutte contre l’inflation, le Président a rappelé l’objectif du Gouvernement et de la Banque nationale du Kazakhstan de revenir à un taux d’inflation compris entre 4 à 6% annuel (8,7% en août 2021 en g.a.), ce qui correspond à l’objectif déjà fixé par la Banque nationale du Kazakhstan pour 2022. Le Gouvernement a en outre été chargé de proposer une solution pour rendre les prix des matières premières abordables pour les entreprises nationales dans le cadre du projet de loi portant sur la politique industrielle, actuellement en cours d’élaboration. D’autre part, afin d’assurer un contrôle de la formation des prix alimentaires du fabricant au consommateur un organisme unique devrait être créé sur la base de la fusion des départements actuellement chargé de ce travail. Enfin, un réseau de centres de commerce de gros devrait être mis en place.

Notons enfin que le discours reprend également de nombreuses thématiques et propositions déjà présentes dans des programmes antérieurs, notamment : la nécessité de diversifier de l’économie, la localisation de certaines productions, le développement de l’économie numérique et la réforme des systèmes de subventions à l’agriculture.