Fortement impactés par la crise sanitaire et l'effet de cette dernière sur les hydrocarbures, les échanges commerciaux émiriens sont en recul en 2020. Les exportations émiriennes présentent un profil atypique et relativement volatile, caractérisé par le poids important des ventes de pétrole et des réexportations. Les importations diminuent depuis cinq ans, sous l’effet du ralentissement de l’économie émirienne et des réexportations moins dynamiques.

1. Des échanges commerciaux en recul depuis 2016 mais toujours conséquents

Les échanges commerciaux des Emirats arabes unis se sont établis à 415 Md USD[1] en 2020, contre 481 Md USD en 2019, soit une baisse de 14%. Dans une tendance baissière pendant plusieurs années après avoir atteint un pic en 2013 (562 Md USD), les échanges commerciaux augmentaient légèrement de nouveau depuis 2017, avant de chuter en 2020. Le non-retour à un niveau de 2013 s’explique par (i) la baisse des cours du pétrole qui a provoqué une réduction des exportations de pétrole en valeur dès 2014, (ii) le ralentissement économique du pays depuis quelques années et (iii) la baisse mondiale des volumes d’échanges liée à la crise sanitaire.

Après s’être creusé fortement à partir de 2012 jusqu’à atteindre -106 Md USD en 2015, le déficit commercial des EAU s’est amoindri jusqu’à 2018 pour atteindre -12 Md USD et -20 Md en 2019. Le ralentissement de l’activité en 2020 a de nouveau entraîné une dégradation de la balance commerciale qui s’est établie à -44 Md USD (12% du PIB). 

2. La structure exportatrice est caractérisée par la prépondérance du secteur des hydrocarbures et le rôle de plateforme commerciale de Dubaï 

En 2020, les exportations émiriennes ont été impactées par le ralentissement de l’économie mondiale et ont diminué de 19% par rapport à l’année 2021 pour atteindre 186 Md USD (FMI)[2].

La composition des exportations reflète les spécificités de l’économie émirienne. Les ventes d’hydrocarbures occupent une place prépondérante, leur montant pour l’année 2020 s’élève à 74,9 Md USD (soit 50% des exportations hors réexportations) contre 94 Md USD l’année précédente (-20%). En 2020, l’accord de l’OPEP+ rationnant la production pétrolière a contribué à la baisse des exportations d’hydrocarbures émiriennes, les ramenant à 2,1 millions de barils par jour en moyenne (contre 2,5 millions b/j en 2019).

Les métaux précieux (l’or, les diamants, pierres précieuses et articles de joaillerie) constituent le second poste d’exportations et représentent 25% du total, soit 37,6 Md USD, en baisse de 21% par rapport à 2019. Suivent les matières plastiques en troisième position (5,6 Md USD en 2020 ; -6% par rapport à 2019) issues notamment de l’industrie pétrochimique, représentant près de 4% du total. L’aluminium (5,3 Md USD ; -3,6% par rapport à 2019) est le quatrième poste d’exportations (3,5% du total), grâce à Emirates Global Aluminium qui est l’une des plus grandes entreprises productrices d’aluminium au monde[3].

Les EAU sont également un centre régional majeur de réexportation puisque l’émirat de Dubaï est devenue une importante plateforme de commerce régionale, tirant parti de la flexibilité conférée par ses zones franches[4] et de ses infrastructures portuaires et aéroportuaires, notamment le port de Jebel Ali, plus grand port de la région ((avec une capacité de 14,5 millions d’EVP[5] en 2019). Les douanes dubaïotes recensaient alors 90 Md USD de réexportations en 2020, soit près de 50% des importations de l’émirat (187 Md USD). Ce sont essentiellement des réexportations d’appareils mobiles et de pierres précieuses. Les douanes d’Abu Dhabi enregistraient quant à elles 14,4 Md USD de réexportations en 2019 (dernière donnée disponible). Si les réexportations sont moindres que celles de son émirat voisin, elles représentent tout de même 51% de ses importations (27,9 Md USD).

L’Inde est le premier client des Emirats arabes unis en 2020 (22,6 Md USD soit 12% du total), suivie par le Japon (15,4 Md USD, soit 8%), la Chine (15,3 Md USD, soit 8%). Certains pays voisins font également partie des premiers clients, dont Oman (8,9 Md ; 4,8%) et l’Arabie saoudite (8,6 Md USD, 4,6%). Parmi nos concurrents européens, on trouve la Suisse (9,4 Md USD ; 5,1%) et l’Italie (5 Md USD ; 2,7%, qui a augmenté ses importations depuis les EAU de plus de 400% en 2020).

3. Les importations ont continué leur tendance baissière entamée en 2015
 

Suite au ralentissement de la demande domestique et à la baisse des cours des hydrocarbures après 2014, les importations émiriennes ont entamé une tendance décroissante à partir de 2015 (avec une exception en 2019), pour atteindre 229 Md USD en 2020 (-8% par rapport à 2019).

Le premier poste d’importations des EAU est les machines, appareils et matériels électriques (16% du total) atteignant 26,6 Md USD en 2020 (-27% par rapport à 2019). Ce sont essentiellement des téléphones mobiles (60% du poste). Les métaux précieux (l’or, les diamants, pierres précieuses et articles de joaillerie) arrivent en seconde place avec 24,4 Md USD (-58% par rapport à 2019) et représentent près de 15% des importations totales. Les machines et appareils mécaniques (principalement des machines automatiques tels que les lecteurs magnétiques, et des turboréacteurs/propulseurs) sont le troisième poste d’importations et constituent 13% du total avec 21,7 Md USD (-22,7%). Le quatrième poste est composé des voitures automobiles avec un montant importé de 10,4 Md USD (-46%), représentant 6% du total.

La Chine est le premier fournisseur des Emirats arabes unis, avec une part de marché de 16% (37,7 Md USD d’importations depuis les EAU). Elle est suivie par l’Inde (10,9% en 2020) et par les Etats-Unis dont la part de marché reste stable à environ 8%. La part de marché des pays de l’Union Européenne baisse tendanciellement depuis 20 ans (de 37,5 % en 2000 à 17,6 % en 2020). La France est le 8ème fournisseur des EAU avec 6,4 Md USD d’importations, soit 2,8% de parts de marché. Parmi nos concurrents européens, l’Allemagne se place en 5ème position (3,6%), le Royaume-Uni en 6ème position (3%) et l’Italie en 10ème position (2,6%).

 

[1] Le rapport 2020 du commerce international des EAU n’étant pas disponible, les données géographiques sont tirées du FMI (DOTS) et les données sectorielles sont tirées de l’ITC Trade Map, le FMI ne publiant pas de statistiques commerciales sectorielles.

[2] 151,24 Md USD selon ITC.

[3] La production d’Emirates Global Aluminium s’établissait à 2,6 M men 2019, faisant de l’entreprise la 6ème entreprise productrice d’aluminium dans le monde derrière Chalco, Hongqiao Group, Rusal, Xinfa et Rio Tinto.

[4] Les zones franches permettent l’importation temporaire de biens (pour une durée maximale de trente jours) sans nécessité de dédouanement et sans obligation d’avoir un partenaire local au capital de l’entreprise importatrice. Elles représentent 40% du commerce de Dubaï en 2020.

[5] Equivalent vingt pieds.

 

Annexes

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