Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.

Faits saillants:

- Nigéria : La Banque centrale du Nigéria révèle les modalités d’usage de sa cryptomonnaie ; Le PDG de la National Petroleum Corporation annonce le maintien en vigueur de la subvention sur les produits pétroliers au moins jusqu’en 2022 ; Avec un PIB de 432 Md USD, le Nigéria demeure la première économie d’Afrique ; Levée record pour OPay : sa valeur atteint 2 Md USD.

 - Ghana : Les IDE vers le Ghana en hausse de 32% au S1 2021 ; Les taux pratiqués par les banques de détail en baisse.

Le chiffre à retenir:

500 M$ : c’est l’augmentation, en une semaine, des réserves de change de la Banque centrale du Nigéria. Elles atteignent désormais 33,9 Md USD, après un plus bas record en juin (33,1 Md USD).

 

Nigéria

La Banque centrale du Nigéria préciser les modalités d’usage de sa cryptomonnaie

Les autorités monétaires nigérianes ont annoncé courant juillet le lancement de la « eNaira », une cryptomonnaie émise par la banque centrale ayant cours légal sur l’ensemble du territoire. Début septembre, la Banque centrale a levé le voile sur les grands jalons devant présider au déploiement de ce nouveau moyen de paiement, dont l’entrée en service est annoncée au 1er octobre. D’après le projet présenté par l’institution, les usagers pourront échanger jusqu’à 50 000 NGN (102 EUR) par transaction, dans la limite de 300 000 NGN (612 EUR) jour, sans avoir à disposer de compte en banque, la possession d’un document officiel d’identité constituant la seule condition posée à l’ouverture d’un porte-monnaie virtuel. Les utilisateurs titulaires d’un compte en banque pourront eux échanger jusqu’à 200 000 NGN (408 EUR) par transaction, et même davantage pour les commerçants. La fintech caribéenne Bitt Inc., enregistrée à la Barbade, a été sélectionnée pour accompagner ce projet.

Les caractéristiques de la eNaira, qui la rendent infalsifiable et traçable, doivent lui permettre d’être utilisée dans des transactions sans tiers de confiance : en d’autres termes, les Nigérians devraint bientôt pouvoir payer et épargner en monnaie virtuelle, sans recourir à une banque de détail classique. Les propriétés des cryptonnaies peuvent également permettre aux autorités de suivre et contrôler l’usage de la monnaie. En cas de succès, le Nigéria rejoindrait alors d’autres pays qui, comme l’Inde, expérimentent l’usage de « cryptomonnaies banque centrale » – avec pour objectif, à terme, l’amélioration de l’accès de la population aux services financiers, la baisse du coût des transactions, la consolidation de la base fiscale et la lutte contre le financement d’activités illégales.

Le PDG de la National Petroleum Corporation (NNPC) annonce le maintien en vigueur de la subvention aux produits pétroliers au moins jusqu’en 2022

Alors que la presse évoque régulièrement le coût faramineux de la subvention gouvernementale à la vente d’essence – 541 Md NGN sur six mois glissants en 2021, soit plus d’1 Md EUR – la polémique s’était récemment portée sur les effets anti-redistributifs de la mesure : parmi les foyers les plus pauvres, très peu disposent en effet d’un véhicule.

Dans le cadre de la réforme du secteur pétrolier (cf. lettre n°34), des discussions sont en cours entre le gouvernement et les principaux syndicats du pays, visant à s’accorder sur les modalité de suppression de cette subvention, dont le coût est dénoncé de longue date par les bailleurs de fonds internationaux. Réitérant que cette aide avait vocation à disparaître à mesure de l’application de récente loi de réforme de l’industrie pétrolière, Mele Kyari, PDG de NNPC (entreprise publique disposant d’un monopole de fait sur l’importation d’essence raffinée) a toutefois annoncé que la subvention perdurerait au moins jusqu’en 2022.

Avec un PIB de 432 Md USD, le Nigéria demeure la première économie d’Afrique

D’après des données du National Bureau of Statistics et de la Banque Mondiale, le PIB du Nigéria s’élevait à 432 Md USD en 2020. Cela confirme la place du pays en tant que première économie d’Afrique – devant l’Afrique du Sud (370 Md USD). Si l’on raisonne en termes de parité de pouvoir d’achat (PPA), l’Egypte conserve toutefois la première place du classement sur le continent, avec un PIB PPA de 1290 Md USD, devant le Nigéria (1069 Md USD) et l’Afrique du Sud (717 Md USD).

En 2020, la crise sanitaire, ses restrictions et la chute des prix du pétrole ont entrainé une contraction de 1,8% du PIB du Nigéria, particulièrement marquée au second trimestre (–‍6,1%). Quatre-ving-quinze millions de Nigérians se trouvaient en situation d’extrême pauvreté en 2020 (soit 7 millions de plus que l’année précédente). Pour autant, le Nigeria est sorti de récession dès le dernier trimestre 2020 et devrait connaître une croissance entre 1,9 et 2,5% en 2021, encore insuffisante pour répondre aux défis de son développement.

Levée record pour OPay : sa valeur atteint 2 Md USD

L’échec du lancement de ORide en 2020 (service de réservation de taxi-moto) n’empêche pas OPay de continuer à se développer au Nigéria et en Afrique : la startup spécialisée dans le paiement mobile vient de lever 400 MUSD auprès de SoftBank Vision Fund, géant japonais de l’investissement. Cette levée de fonds, qui lui permet d’atteindre une valorisation de 2 Md USD, s’inscrit dans le cadre de sa dernière phase de financement de série C. Il s’agit de la plus importante levée de fonds jamais réalisée par une startup sur le continent. C’est également le premier investissement de SoftBank en faveur d’une startup en Afrique.

Lancée en 2018, OPay revendique aujourd’hui plus de 160 millions d’utilisateurs réguliers. Le volume mensuel de ses transactions dépasse 3 Mds USD. Ces fonds doivent lui permettre de renforcer sa présence sur le continent et de se développer au Moyen-Orient. Pour rappel, OPay a été créée par l’entreprise sino-norvégienne Opera, qui compte parmi ses partenaires locaux les fintech nigérianes Flutterwave et Interswitch, l’opérateur MTN et l’OMS.

 

Ghana

Les IDE vers le Ghana en hausse de 32% au 1er semestre 2021 par rapport à l’année précédente

Le Ghana a enregistré 874 M USD d’investissements au 1er semestre 2021, dont 829 M USD d’investissements directs étrangers (IDE) et 45 M USD d’investissements locaux, d’après le Ghana Investment Promotion Centre (GIPC). Malgré la pandémie, il s’agit d’une augmentation de près d’un tiers par rapport aux 628 M USD enregistrés au cours de la même période l’année dernière, et même +573% par rapport au premier semestre 2019. Le secteur des services s’est de loin révélé le plus performant (72% du total), suivi par le secteur manufacturier (12%). A noter : le secteur pétrolier et gazier n’a concentré que 7,8% des IDE, reflet de ses difficultés alors qu’ENI vient d’intenter un procès à l’Etat à propos de leur différend sur le champ offshore de Sankofa.

Singapour, l’Australie, l’Inde et les Pays-Bas sont, dans l’ordre, les principaux pays d’origine de ces investissements. Les Etats-Unis et la Chine compte également parmi les principaux investisseurs au Ghana. Le GIPC reste optimiste quant à l’atteinte de l’objectif de 3 Md USD d’investissements pour 2021, malgré l’incertitude de l’environnement.

Le taux pratiqués par les banques de détail chutent, et s’établissent en moyenne à 20,5%

Selon la Banque du Ghana (BoG), qui publie régulièrement des statistiques sur les taux de pratiqués par les banques, ces derniers se situaient dans une fourchette comprise entre 16% et 24% au cours du mois d’août 2021.

Cette diminution des taux pratiqués par les 23 principales banques universelles du pays reflète la politique monétaire menée par la Bank of Ghana, qui a abaissé son taux directeur de 100 points de base sur un an glissant (13,5% en juillet 2021). Malgré la baisse d’un cinquième du taux moyen constatéré depuis 2018, le coût du crédit demeure deux fois supérieur à la moyenne africaine, d’après le cabinet Kondidants, ce qui se répercute sur le développement des entreprises ghanéennes. De fait, seules 24% des PME ghanéennes accèdent au crédit, et le déficit de financement des PME est évalué entre 6 et 9 Md USD. Pour y remédier, le gouvernement devrait lancer prochainement la Banque de développement du Ghana afin de se doter d’un outil structurant de soutien aux PME .