La planification urbaine en Afrique de l'Est

 

La planification urbaine en Afrique de l'Est

Bonjour,

Ce numéro de juillet de notre lettre mensuelle régionale est un numéro spécial. Exceptionnellement nous n’avons pas voulu y faire contribuer nos collègues des SE de la région (Addis-Abeba, Dar es Salam, Kampala, Khartoum, et Tananarive), qui ont droit comme tous à une pause estivale, mais avons voulu valoriser les travaux que notre stagiaire de l’École Nationale des Travaux Publics de l’État (ENTPE) de Lyon, Oscar Remy, sur la planification urbaine. Oscar Remy a centré son analyse sur trois pays : Kenya, Ouganda et Rwanda et cinq villes : Nairobi, Mombasa et Kisumu pour le Kenya ainsi que Kigali pour le Rwanda et Kampala pour l’Ouganda. Mais ses conclusions sont sans doute valables pour la plupart des pays d’Afrique subsaharienne : une planification urbaine surtout en mode réactif, où l’on accompagne la croissance des villes plutôt qu’on ne l’anticipe.

La prise en compte de la nécessité d’une planification urbaine est finalement récente, et dépend beaucoup des financements externes de bailleurs. En mode avant tout réactif, avec la nécessité d’absorber une population croissante, la planification urbaine prend rarement en compte le facteur identitaire de la ville. Cette planification est le plus souvent centrée sur des plans d’aménagements d’infrastructures de transport, avec une approche que l’on peut qualifier d’utilitariste où le « bien vivre » est le parent pauvre. Mais la principale faiblesse réside dans le financement du fonctionnement des villes : une base fiscale pauvre, souvent pas de fiscalité dédiée, une forte dépendance des financements centraux et in fine des bailleurs. Finalement, ce schéma ouvre des perspectives pour le secteur privé en matière d’opération et gestion de réseaux et services publics, soit en régie soit en PPP.

Au Kenya la décentralisation au niveau des comtés a un goût d’inachevé, avec des comtés souvent conscients de leurs besoins en planification urbaine, mais ne disposant que de peu de moyens propres pour leur mise en œuvre, dépendant de transferts de financements du niveau central et soumis aux décisions d’autorités ou agences centrales : aux comtés les idées, au niveau central les moyens de leur mise en œuvre … ou pas.

Pourtant, alors que l’urbanisation, encore souvent faible dans nos pays, progresse à grand pas, le besoin d’anticiper et de planifier cette croissance urbaine est vital. On voit pourtant les difficultés à surmonter : le projet de Nairobi Railway City et ses retards dans son lancement témoigne des difficultés auxquels les acteurs de la planification urbaine ont à faire face par exemple au Kenya.

Au moment de souhaiter à ceux qui ne sont pas encore partis de très bonnes vacances, j’en profite pour remercier Oscar Remy de ses travaux et de sa disponibilité durant son stage, qui va prendre fin à la mi-août.

Bonne lecture