Le Bulletin se compose des productions récentes du Service économique régional de Pékin au sujet de l’économie chinoise.

Vers une normalisation progressive de la croissance du PIB, en lien avec un policy mix moins accommodant en 2021

La croissance enregistrée au T1 s’est inscrite à 18,3 % en glissement annuel, en raison d’un effet de base très favorable imputable à la forte contraction du T1 2020 (-6,8%). En rythme trimestriel, le PIB a crû de 0,6% par rapport au T4 2020, contre 2,6% enregistré au T4 par rapport au T3 2020, reflétant une normalisation progressive du rythme de croissance et la dissipation des mesures de relance mises en œuvre en 2020. Malgré la perspective d’une poursuite du ralentissement au cours des prochains trimestres, voulue par les autorités qui souhaitent notamment stabiliser le levier d’endettement, le PIB de la Chine devrait croître de plus de 8% en 2021.

L’imminent retournement démographique et ses enjeux

D’après les données préliminaires du recensement démographique publiées par le Bureau National des Statistiques mi-mai 2021, la population chinoise a crû modestement depuis 2010 pour atteindre 1,41 Md d’habitants en 2020. Certains déséquilibres s’aggravent et font l’objet d’une attention accrue des autorités, en particulier le vieillissement rapide de la population, conjugué à la diminution de la population en âge de travailler. Dans un contexte où la population devrait décroître bien plus rapidement qu’anticipé par les modèles de prévision (horizon 2025 plutôt que 2030), ce retournement démographique pèse sur les perspectives de croissance et les équilibres financiers à moyen et long terme.

Relations sino-américaines depuis l’investiture de Joe Biden : un ton toujours plus hostile qui masque la vitalité de la relation économique

Yang Jiechi (dirigeant du Bureau de la Commission des Affaires étrangères du Comité central du Parti communiste chinois) et Wang Yi (ministre des Affaires étrangères et conseiller d’Etat) se sont entretenus à Anchorage (Alaska) les 18 et 19 mars avec le secrétaire d’Etat américain Tony Blinken et le Conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan, constituant la première rencontre physique de haut niveau entre la Chine et les Etats-Unis depuis l’investiture de Joe Biden. Ce premier dialogue a confirmé que les perspectives d’apaisement sont quasi-inexistantes : les échanges ouverts à la presse en amont de la rencontre ont été particulièrement hostiles et les sujets économiques n’auraient pas été au cœur des discussions à huit clos (trois sessions de trois heures réparties sur deux jours). Malgré l’absence de dialogue constructif entre les deux parties, les relations économiques sont pourtant étonnamment dynamiques, aussi bien en matière de commerce que d’investissements.

La Chine renforce son arsenal commercial défensif

Le 10 juin 2021, le législateur chinois - comité permanent de l’Assemblée nationale populaire – a approuvé en procédure accélérée une nouvelle loi destinée à contrer les sanctions étrangères, entrée immédiatement en vigueur. La loi définit un cadre juridique visant à bloquer l’impact des sanctions : elle interdit la mise en œuvre de sanctions étrangères à l’encontre de la Chine, autorise le lancement de représailles et permet aux entités chinoises soumises à des sanctions étrangères de se pourvoir en justice pour réclamer des dommages et intérêts. La nouvelle loi vient compléter l’arsenal juridique déjà construit par la Chine pour répondre aux sanctions étrangères.

Les données comme facteur de production.

En mars 2021, le 14ème plan quinquennal fait apparaître, pour plusieurs thématiques liées au numérique, des éléments relevant de la mise en pratique d’une nouvelle théorie de politique économique. Formalisée en 2020, celle-ci identifie les données numériques comme un facteur de production, au même titre que le capital, la main d’œuvre, le foncier et la technologie. Cette approche s'inscrit dans une logique d'organisation top-down du marché des données numériques, là où les gouvernements occidentaux laissent les acteurs privés le structurer.

La crainte chinoise d’un « étranglement technologique »

Le terme « qiabozi » (卡脖子) peut être traduit par « étranglement » au sens littéral ou « avoir la mainmise » au sens figuré. Utilisé dans la presse depuis les années 1970 pour caractériser une situation de « goulot d’étranglement » logistique ou technique, ce terme a acquis une nouvelle connotation avec la montée en puissance de la rivalité technologique sino-américaine.  En 2013, Xi Jinping utilise une première fois ce terme au cours d’une réunion de travail du Comité central du Parti communiste chinois, mais c’est lors du discours de mai 2018 devant l’Académie des Sciences et l’Académie des Sciences de l’Ingénierie que celui-ci prend une nouvelle signification suite à l’interdiction (avril 2018) faite par le Département du commerce américain à ZTE d’importer des composants américains.

La conduite autonome, un secteur emblématique du dynamisme, mais aussi des défis de l’industrie numérique en Chine

En lien avec le dynamisme du marché des véhicules à énergies nouvelles (VEN) et la connectivité croissante des véhicules[1], le déploiement de véhicules autonomes (VA) de niveau L4 et supérieur est envisageable en Chine à relativement brève échéance. Ces VA, déjà testés dans le cadre de projets-pilotes, bénéficient d’un fort soutien politique et financier et d’un cadre réglementaire plutôt favorable dans certaines zones circonscrites. Fort de ces atouts, l’écosystème chinois du véhicule autonome est aujourd’hui en effervescence : les annonces de partenariats entre acteurs du numérique, constructeurs automobiles et équipementiers se multiplient, tandis que des applications concrètes (robots-taxis, robots-livraisons, camions autonomes…) sont déjà commercialisées. Néanmoins, la Chine fait face à des difficultés plus structurelles (talents, intégration de l’écosystème, dépendances aux technologies étrangères…) qui la placent, dans la plupart des domaines, en position de challenger, et non de leader mondial.

Comment expliquer le déploiement rapide de la 5G ?

Selon les chiffres officiels, 700 000 stations de base 5G auraient été déployées en Chine fin novembre 2020, tandis que la ville de Shenzhen a annoncé une couverture intégrale 5G dès août 2020. Alors que le soutien aux « nouvelles infrastructures » bénéficiait d’une impulsion supplémentaire dans un contexte de relance post-Covid-19 en mars 2020, le 14ème plan quinquennal vise une couverture 5G de 56% de la population d’ici 2025 (pour un taux d’urbanisation de 60,6% en 2019). Les autorités appréhendent la 5G comme des infrastructures devant être prêtes à l’emploi, qui permettront le développement de solutions réellement innovantes lorsqu’apparaîtront de nouvelles tendances industrielles dans plusieurs domaines (santé, transport, smart manufacturing, automobile…). Ainsi, la Chine s’est attachée à déployer rapidement un réseau notamment standalone, et a attribué des licences d’utilisation de fréquences aux opérateurs télécoms en avance sur le calendrier initial. Si les nombreuses mesures et annonces gouvernementales témoignent de la priorité accordée à la 5G, la rapidité de son déploiement s’explique par plusieurs facteurs : des fréquences attribuées équilibrant débit et couverture ; des stratégies industrielles permettant d’optimiser les coûts ; des politiques préférentielles à l’égard des opérateurs et des équipementiers, ainsi que des moyens de soutien financier importants. Cette mise en œuvre rapide fait aujourd’hui de la Chine l’un des pays les plus avancés en matière de 5G. Toutefois, à l’instar du reste du monde, ce déploiement n’est pas exempt de défis de long terme (niveau inégal de modernisation de l’appareil industriel chinois, manque de talents), dont les autorités prennent la mesure.

Les leviers de développement des start-up industrielle

Si le concept de « start-up industrielle » et le soutien au passage en phase de production ne font pas partie des thèmes prioritaires de la politique industrielle chinoise, de nombreuses politiques de soutien nationales ou locales (financements, incitations fiscales, soutien à la recherche de talents…) bénéficient à des start-ups industrielles. Des mesures de soutien spécifiques existent pour les PME, dont la définition large permet d’inclure en partie les start-up industrielles, les entreprises considérées comme innovantes et les entreprises présentes dans les secteurs identifiés comme prioritaires dans les politiques nationales (semi-conducteurs, véhicules à énergies nouvelles, biotechnologies…) relayées au niveau local.

Aéronautique – Où va COMAC ?

La place réelle qu’occuperont à terme les appareils de COMAC, compagnie créée par la Chine pour contester le duopole Airbus/Boeing et lui assurer une autonomie stratégique dans l’aéronautique, demeure incertaine à ce stade. La compétitivité de l’avionneur chinois dépendra de facteurs internes (maîtrise de technologies clefs ; aléas de l’industrialisation de la production et des services aux clients ; contrats aéronautiques garantis par le pouvoir ; capacité à créer une marque), mais aussi externes (tensions géopolitiques entre la Chine et les Etats-Unis, position de l’Europe dans ce conflit). Pour la filière aéronautique française, l’enjeu est d’établir avec COMAC des partenariats réalistes et profitables, tout en protégeant activement ses technologies clefs et ses intérêts de long terme. 

La Chine confirme le maintien de sa politique unilatérale de restriction des vols internationaux

Depuis mars 2020, la Chine a décidé unilatéralement de mettre en place une politique de restriction des vols internationaux pour des raisons d’urgence sanitaire, dans le but de protéger le pays du risque d’importation de passagers infectés au COVID-19. Cette politique est une suspension de fait des accords aériens bilatéraux, dont l’accord franco-chinois de 1966. La publication de nouvelles règles applicables à compter du 1er mai ne change fondamentalement rien à toutes les dispositions dérogatoires existantes pour l’exploitation de vols réguliers internationaux.

Intensif en énergie et en carbone, le minage de Bitcoin a-t-il encore un avenir en Chine ?  

Le secteur  de l’extraction minière (ou minage) de Bitcoin est récemment entré dans le viseur des autorités chinoises, dans un contexte de renforcement du contrôle des projets fortement émetteurs et consommateurs d’énergie, et de durcissement de ton face aux cryptomonnaies. Si la plupart des fermes de minage étaient jusqu’à maintenant basées en Chine en raison de son électricité bon marché, les restrictions annoncées dans plusieurs provinces pourraient conduire à la relocalisation de leurs activités en dehors du pays.

La politique de développement des biocarburants, un enjeu ambitieux mais différé

L’objectif ambitieux, fixé en 2017, d’incorporer 10 % de biocarburants dans le carburant automobile (E 10) à l'échelle nationale d’ici 2020 a été officieusement remisé ; aucune nouvelle date n’a été annoncée pour la réalisation de cet objectif. La Chine s’est retrouvée confrontée, pour sa réalisation, à une capacité limitée de production d'éthanol, à une baisse des stocks et à la hausse du prix du maïs.

L’aquaculture et la pêche en Chine : production, commerce et administration du secteur 

La Chine est un producteur d’envergure des produits de la pêche et de l’aquaculture. La balance commerciale du pays en produits aquacoles est excédentaire. L’industrie de la pêche hauturière chinoise fait l’objet d’un contrôle important pour préserver les ressources naturelles dans les eaux chinoises. Cependant, les navires de pêche chinois ne se privent pas de pêcher dans les eaux d’autres pays quand ils en ont l’occasion.