Lettre AGRO Japon – Corée

N° 51 - Mars 2021

 

  drapeau Japon

Sommaire

IMAGE DU MOIS : Serres abandonnées à Fukushima
Serres abandonnées à Fukushima
Source : The Japan Times
Japon
  • Covid 19
  • Fukushima, 10 ans après la catastrophe
  • Le secteur agricole contribuera à l’objectif de neutralité carbone pour 2050.
  • La baisse de la production agricole nationale s’est poursuivie en 2019.
  • Le MAFF allègerait les normes de construction dans l’élevage pour dynamiser les exportations.
  • Le Japon encourage la conversion de la riziculture vers la production de fourrage.
  • Le Japon a déclenché la clause de sauvegarde sur le boeuf américain.
  • L’épizootie d’influenza aviaire hautement pathogène semble marquer le pas.
  • La peste porcine classique continue sa lente progression.
Corée
  • La Corée accélère les recherches sur l’agriculture intelligente dans le secteur de l’élevage.
  • La propagation de l’influenza aviaire hautement pathogène ralentit en Corée du Sud.

Japon

a) Covid 19

L’état d’urgence (8 janvier-21 mars) a fortement affecté le secteur de la restauration.
L’état d’urgence à peine levé dans les 4 préfectures avoisinant Tokyo, la propagation a repris une tendance haussière dès le 24 mars, aussi le gouvernement n’a accordé qu’une heure supplémentaire aux restaurants et aux bars (fermeture à 21h au lieu de 20h).
Le secteur de la restauration a vu son chiffre d’affaires baisser de 21% en janvier 2021 par rapport au même mois de l’année dernière. Le segment des bars (izakaya) est le plus affecté, avec 75% de pertes, et est gagné par un sentiment de lassitude : la chaîne d’izakaya Gonpachi a poursuivi le gouvernement de Tokyo en justice pour avoir imposé ces restrictions en demandant un dédommagement symbolique de 104 JPY (0,80€). Seul le secteur du fast food a résisté avec seulement 1,4% de pertes.
Pour venir en aide aux commerçants qui respectent les horaires imposés, le gouvernement verse une subvention s’élevant à 310€/jour depuis le 21 mars (465€/jour auparavant). En sus, le ministère de l’économie verse des sommes forfaitaires dont le montant maximum est de 4 650 € pour les sociétés et de 2 350 € pour les particuliers. Les agriculteurs sont également éligibles à cette aide, à condition que leur revenu pour un mois, donné entre janvier et mars 2021, ait diminué d'au moins 50 % par rapport à 2019 ou 2020.
(Jiji Press, Kyodo News, Nikkei, Japan Agricultural News, Japan Food Service Association)
 
Les dépenses alimentaires à l’extérieur diminuent au profit de la livraison à domicile.
En janvier 2021, les dépenses de consommation des ménages de deux personnes ou plus ont baissé de 6,1%, l’alimentaire de 2,2% et les repas à l’extérieur de 43% par rapport au même mois de l’année dernière. Le chiffre d’affaires des centres commerciaux a baissé de 29,7%. A contrario, la livraison à domicile (dont les plats à emporter) a augmenté de 21,6 %, totalisant 157,1 Mds JPY (1,22 Mds €) sur la période.
Les ventes totales de produits alimentaires pour une consommation à domicile se sont élevées à 845,4 Mds JPY (6,57 Mds €), soit une hausse de 6,8 % sur la même période.
(Nikkei, Japan Agricultural News, MIC, Japan Department Stores Association, Union des coopératives de consommateurs du Japon)
 

b) Fukushima, 10 ans après la catastrophe

10 ans après l’accident de Fukushima, le Japon est fermement résolu à faire lever toute restriction sur les produits agricoles exportés.
En cette année de 10ème anniversaire, année olympique au cours de laquelle la Japon entend concentrer l’attention internationale, le ministre des affaires étrangères, Toshimitsu Motegi, a promis de faire lever les dernières restrictions à l'importation de ses produits agricoles, imposées par les pays étrangers, suite à l'accident de la centrale nucléaire Dai-Ichi. Il se montre particulièrement pressant vis-à-vis de l’UE qui, au lendemain du 11 mars 2011, avait mis en place un système de contrôles renforcés sur les denrées alimentaires et produits destinés à l’alimentation animale issus de Fukushima et de 11 autres préfectures alentour, comprenant une analyse de radioactivité systématique par le Japon et des vérifications par sondage lors de l’entrée dans l’UE. Ces restrictions ont été progressivement allégées et ne concernent désormais plus que certains produits connus pour fixer la radioactivité (champignons, végétaux sauvages comme les pousses de bambou, kakis et produits de la pêche) en provenance de Fukushima et de 8 autres préfectures (soit en tout 23 couples produit/préfecture, contre 52 lors des dernières dispositions adoptées en 2017). Malgré ces allègements, le Japon conteste le maintien de certaines mesures et surtout le fait que l’UE applique aux produits japonais importés les seuils de radioactivité japonais, plus stricts que les seuils fixés au niveau UE par le règlement Euratom 2016/52. Ces mesures européennes sont en cours d’examen et un nouveau règlement devrait être adopté en juin pour une application dans 2 ans seulement.
(Kyodo News)
 
L’entreprise Watami lance un parc à thème agricole : Watami Organic Land.
L’entreprise japonaise de restauration spécialisée dans les produits biologiques certifiés aux normes du JAS (Japanese Agricultural Standards), Watami, investit 6 Mds JPY (46M€) en collaboration avec l’Université agricole de Tokyo, dans un parc à thème « Watami Organic Land » situé à Rikuzentakata, préfecture d’Iwate (nord-est du Japon). Avec 23 hectares destinés à la production agricole biologique, des restaurants, des magasins et des ateliers interactifs, le parc qui ouvrira le 29 avril, vise à promouvoir l’agriculture biologique et à revitaliser cette ville qui a souffert de la catastrophe du 11 mars 2011.
(Jiji Press)
 
c) Actualité politique et économique
 
Le secteur agricole contribuera à l’objectif de neutralité carbone pour 2050.
Le Ministère de l’agriculture, de la forêt et de la pêche (MAFF) veut mobiliser le secteur agricole en faveur de la poursuite de l’objectif de neutralité carbone pour 2050 fixé par le Premier Ministre. Deux axes sont annoncés : favoriser l’installation de panneaux solaires sur des terres non exploitées et augmenter très significativement la production en agriculture biologique, qui ne représente encore que 0,25% des terres cultivées au Japon.
Une « Stratégie pour un Système Alimentaire Vert » prévoit de plus une réduction de l'utilisation des pesticides chimiques de 50 % et des engrais chimiques de 30 % dans l’agriculture à l’échelle nationale.
A noter : le 23 mars, la Japanese Society of Organic Agriculture Science, une association de 200 membres créée par des professeurs d’université, a suggéré que le gouvernement formule une définition plus souple de l’agriculture biologique, sans obligation de certification JAS, afin que les agriculteurs bénéficient de la subvention s’élevant à 925€/ha : ils espèrent ainsi encourager une conversion à grande échelle.
(Japan Agricultural News, MAFF)
 
La baisse de la production agricole nationale s’est poursuivie en 2019.
Le MAFF a annoncé que la production agricole totale en 2019 était de 8 893,8 Mds JPY (68,2 Mds €), soit une baisse de 1,8 % par rapport à l'année précédente. C'est la deuxième année consécutive de baisse, et la première fois en quatre ans depuis 2003 que la production est inférieure à 9 000 Mds JPY. Le MAFF considère que, comme l'année précédente, cette tendance a été causée par la baisse du prix des légumes associée à une récolte abondante. Dans ce contexte, le revenu des agriculteurs a diminué de 4,8 % pour atteindre 3 321 Mds JPY (25,5 Mds €), également une deuxième année consécutive de baisse.
(Japan Agricultural News)
 
Le MAFF allègerait les normes de construction dans l’élevage pour dynamiser les exportations.
Le MAFF envisage d’alléger les normes techniques de construction des bâtiments d’élevage, ce qui permettra d’alléger les coûts de production en élevage et d’augmenter la production et la compétitivité du secteur de l’élevage à l’export.
(MAFF, Japan Agricultural News)
 
Le Japon convertit le riz vers le fourrage en raison de la baisse de la consommation humaine de riz.
La diminution de la consommation de riz par les Japonais a conduit à une baisse moyenne de 5% du prix en 2020 et le MAFF estime que la tendance va s’accentuer jusqu’à 10% en 2021. En conséquence, le MAFF met en place dès 2021 une nouvelle subvention de 390€/ha pour inciter à la production de riz destiné à l’alimentation animale, secteur très déficitaire au Japon. Les principales préfectures productrices de riz se préparent à abonder cette aide.
(Nikkei, Japan Agricultural News)
 
Le Japon a déclenché la clause de sauvegarde sur le boeuf américain.
Le 17 mars, à quelques jours de la fin de l’année fiscale1, le Japon a actionné la clause de sauvegarde sur le boeuf américain. Les droits de douane sont passés de 25,8% à 38,5% pendant 30 jours, soit jusqu’au 16 avril. Les exportations américaines ont en effet dépassé le seuil de 242 000 t avant la fin du mois de mars, en atteignant 242 229 t au 10 mars, soit 3% de hausse en glissement annuel en dépit d’une baisse globale des importations japonaises de viande de boeuf en 2020.
Ces derniers mois ont vu les Etats-Unis reprendre des parts du marché japonais au détriment de l’Australie, autre grand fournisseur, suite à l’entrée en vigueur, le 1er janvier 2020, de l’accord commercial entre le Japon et les Etats-Unis : les droits de douanes ont notamment été abaissés au même niveau que ceux du Traité TransPacifique à 11 et de l’APE UE-Japon. Le Japon se montre ainsi vigilant à respecter strictement les termes de l’accord et engrange vraisemblablement des arguments pour de futures négociations commerciales.
(Nikkei, Japan Agricultural News, United States Department of Agriculture)
 

d) Actualité sanitaire et phytosanitaire

L’épizootie d’influenza aviaire hautement pathogène semble marquer le pas.
Le Japon a confirmé uniquement 2 nouveaux foyers d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) en mars, soit un bilan s’élevant fin mars à 52 foyers et 9,88 M de volailles abattues (+122 000 en mars). Néanmoins, l’augmentation des prix à la production des oeufs se poursuit : le prix en mars est 17% plus élevé qu’au mois de mars de l’année 2020.
(Nikkei)
 
La peste porcine classique continue sa lente progression.
Au mois de mars, un sanglier infecté par la peste porcine classique a été retrouvé dans la préfecture de Hyogo puis un foyer a été confirmé dans un élevage de la préfecture de Nara. Ces 2 préfectures sont proches l’une de l’autre et situées dans la zone centrale de l’île principale du Japon (Honshu). Les élevages de porcs de ces 2 préfectures étant déjà vaccinés, le MAFF a décidé de faire vacciner les élevages des 2 préfectures voisines de Hyogo (30 préfectures sur 47 auront ainsi vacciné leurs élevages porcins) et réfléchit à la mise en place d’autres mesures. Pour la préfecture de Nara, il est demandé aux habitants de limiter leurs déplacements.
(Nikkei, MAFF)

Corée du Sud

a) Actualité politique et économique

La Corée accélère les recherches sur l’agriculture intelligente dans le secteur de l’élevage.
La Corée du Sud prévoit d’établir trois centres de recherche sur l’agriculture intelligente avec pour axe principal le secteur de l’élevage. En effet, ce dernier est fortement touché par l’influenza aviaire hautement pathogène et par la peste porcine africaine, qui ont contribué à une inflation de 16,2% sur les denrées alimentaires en février 2021 par rapport au même mois de l’année dernière.
(Yonhap)
 

b) Actualité sanitaire et phytosanitaire

La propagation de l’influenza aviaire hautement pathogène ralentit en Corée du Sud.
6 nouveaux foyers ont été confirmés au mois de mars, soit un total de 108 foyers, ce qui correspond à une progression plus lente que lors des mois précédents. 29,8 M de volailles ont été abattues depuis fin novembre, dont 1,2 M de plus au mois de mars. Dans la faune sauvage, le nombre total de cas s’élève à 229 (+28 en mars). La hausse des prix des produits issus de l’élevage de volaille, fulgurante lors des précédents mois, tend à se stabiliser à +49,7% pour les oeufs, +14,5% pour la viande de poulet (chiffre légèrement en baisse par rapport au mois précédent) et +19,4% pour la viande de canard (comparativement au mois de mars 2020).
(Yonhap)

 

Copyright
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Rédigé par : Le pôle agricole et agro-alimentaire du Service économique régional de Tokyo.

Contact : Marie-Hélène Le Hénaff, Conseillère agricole, marie-helene.lehenaff@dgtresor.gouv.fr
Gaël Thévenot, Conseillère agricole adjointe, gael.thevenot@dgtresor.gouv.fr