Lettre AGRO Japon – Corée

N° 50 - Février 2021

 

  drapeau Japon

Sommaire

IMAGE DU MOIS : Tracteur autonome Kubota 
tracteur autonome Kubota
Japon
  • Covid 19
  • Malgré la crise sanitaire, l’archipel nippon continue de représenter 20% de l’excédent agro-alimentaire français.
  • Le Japon renforce son engagement dans l’initiative 4 pour 1000, des sols pour le climat.
  • La mise en œuvre du plan japonais de promotion des exportations agricoles se précise.
  • Kubota va investir 3,12 Mds € dans la recherche sur l'agriculture intelligente.
  • Le Japon cherche à renforcer la sécurité alimentaire nationale.
  • L’Union européenne intègre la Commission des pêches du Pacifique Nord (NPFC).
  • La filière volaille japonaise durement touchée par l’influenza aviaire hautement pathogène.
Corée
  • La Corée s’affirme comme un marché à ne pas négliger pour les exportateurs français.
  • La Corée entend mieux assurer son approvisionnement en céréales sur le marché.
  • Le marché alimentaire en ligne connaît une forte expansion.
  • Les déplorables conditions de logement des salariés immigrés employés dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche font débat. 
  • La Corée du Sud augmente les importations d’œufs et viande de volaille pour compenser les pertes causées par l’influenza aviaire.
  • La Corée du Sud renforce ses mesures de lutte contre la peste porcine africaine.

Japon

a) Covid 19

Le MAFF et l’Agence de la consommation attirent l’attention des consommateurs sur la possible tromperie que constituent les produits alimentaires qui se targuent de vertus contre le Covid (jus de kaki, bonbons, etc).

Des entraîneurs et des gardiens d'écurie de la JRA (Japan Racing Association) ont reçu des subventions indues pour cause de crise sanitaire. Le MAFF a demandé des explications à la JRA afin de garantir la confiance du public dans les courses de chevaux.

b) Actualité politique et économique

Malgré la crise sanitaire qui a affecté les ventes de produits haut de gamme dont le Japon est friand, l’archipel nippon continue de représenter 20% de l’excédent agro-alimentaire français.
Après une année 2019 qui a vu les exportations agroalimentaires françaises vers le Japon croître de 7,5% en valeur (12% pour les vins) suite à l’entrée en vigueur de l’Accord de partenariat économique UE-Japon, l’année 2020 se termine sur une baisse globale de 10%. Les ventes de produits de luxe ont été  particulièrement affectées par la crise sanitaire. La forte augmentation des ventes en commerce de détail n’a pas suffi à compenser la baisse drastique de la fréquentation des restaurants et des bars, des grands magasins ainsi que l’annulation des cérémonies. La situation est particulièrement sensible dans le secteur des vins (508M€), en baisse de 15% en valeur au global. Les ventes de champagne ont chuté de 21%, celles des vins de Bordeaux de 10,5% en valeur mais augmenté de 4% en volume. Le report de consommation sur les produits disponibles en commerce de détail a incontestablement privilégié les vins d’entrée de gamme. La France reste le premier fournisseur du Japon en valeur tandis que le Chili est premier incontesté en volume.
Les ventes de fromage, deuxième poste du secteur, ont été stables (88 M€) tandis que celles d’aliments pour animaux de compagnie (troisième poste avec 68 M€) et de produits de boulangerie-viennoiserie (14 M€) ont augmenté respectivement de 6 et 11%. Les ventes de viandes et produits d’abattage qui concernent principalement de la viande de porc affichent une légère baisse (62 M€, -5%), probable conséquence de l’importance de la demande de la Chine dont la production est toujours affectée par l’épidémie de peste porcine africaine. Enfin, les ventes de boissons rafraîchissantes et eaux minérales en bouteille s’effondrent à 49 M€ (-32%).
(douanes françaises)

Le Japon renforce son engagement dans l’initiative 4 pour 1000, des sols pour le climat.
Le Conseil national pour la promotion de l’initiative 4/1000 a été créé le 12 février 2021, visant à promouvoir les engagements de décarbonation dans le domaine de l’agriculture. Un événement en ligne a réuni 13 préfectures (Yamanashi, leader de cette création, Tokyo, Kanagawa, Ibaraki, Tochigi, Saitama, Niigata, Shizuoka, Aichi, Mie, Yamaguchi, Saga et Oita) et des organisation du domaine agroalimentaire dont le NARO (National Agriculture & Food Research Organisation).
(Nikkei)

La mise en œuvre du plan de promotion des exportations agricoles se précise.
Le MAFF[1] a désigné, dans 45 préfectures (sur 47 au total),  les 353 zones qui bénéficieront de soutien pour la production des 23 denrées alimentaires choisies pour dynamiser les exportations japonaises (dont le bœuf wagyu, le riz, les  pommes et les pétoncles).
(JA)

Kubota va investir 3,12 Mds € dans la recherche sur l'agriculture intelligente dans les 5 années à venir.
Le constructeur de tracteurs et d’engins de chantier qui fait partie du TOPIX 100 (Tokyo Stock Price Index), va augmenter ses efforts de recherche et développement de 60% sur la période 2021-2026 et investir 400 Mds yens (3,12 Mds €). Déjà avancée dans la conception d’un tracteur autonome, l’entreprise entend concentrer ses efforts sur la conduite automatique de tracteurs en utilisant l’intelligence artificielle.
(JA, Nikkei)

Le "Conseil consultatif sur la sécurité alimentaire" cherche à renforcer la sécurité alimentaire nationale.
Le groupe d'experts, créé en réponse aux changements de l'offre et de la demande alimentaire nationale et internationale et à l'impact du Covid19, devra formuler des propositions avant juin 2021. Seront au cœur des discussions le renforcement de la production nationale et la prise en compte d’éventuelles maladies animales transmissibles à l’homme qui viendraient perturber l’approvisionnement alimentaire.
(JA)

L’Union européenne intègre la Commission des pêches du Pacifique Nord (NPFC).
La Commission des pêches du Pacifique Nord (NPFC) a tenu sa réunion annuelle en ligne du 23 au 25 février et  débattu de la gestion des ressources. Concernant les maquereaux communs, la quantité pêchée l’année dernière a chuté à 29 566 t, soit le plus bas niveau depuis de nombreuses années. Devant la pression de la pêche chinoise et russe sur cette espèce ainsi que sur les maquereaux brochet (sanma en japonais), le MAFF estime nécessaire de resserrer encore la gestion des ressources.  
(JA)

c) Actualité sanitaire et phytosanitaire

La filière volaille japonaise durement touchée par l’influenza aviaire hautement pathogène.
L’épizootie d’influenza aviaire hautement pathogène, qui touche les élevages de volaille japonais depuis novembre dernier, continue de s’étendre avec 50 foyers confirmés fin février.  La production avicole japonaise est durement affectée : la préfecture de Miyazaki, en tête de la production japonaise de viande de volaille, totalise ainsi 11 foyers, tandis que la préfecture de Chiba, au 3ème rang pour la production d’œufs, compte 9 foyers et de nombreux élevages épidémiologiquement reliés, conduisant à l’abattage de plus d’un tiers du cheptel de cette préfecture ; Ibaraki, 1ère zone de production d’œufs, et Kagoshima, au second rang pour la production d’œufs et de viande de volaille, sont également touchées. En tout, 9,75 millions de volailles ont été abattues, entraînant une hausse du prix de vente des volailles et leurs produits par les éleveurs, qui n’est pour l’instant pas vraiment ressentie au stade de la consommation. L’origine de la contamination est, comme dans la plupart des pays asiatiques et européens touchées depuis l’automne 2020 par la même souche de virus H5N8, le contact de volailles avec des oiseaux sauvages porteurs du virus au cours de leur migration. Les autorités japonaises pointent également comme facteur de propagation le défaut d’application des mesures de biosécurité, en particulier la présence de cavités dans les murs et plafonds des bâtiments d’élevage, susceptibles de laisser entrer les animaux sauvages potentiellement contaminés. Des aides financières sont débloquées par plusieurs préfectures pour venir en aide aux éleveurs et les forces japonaises d’autodéfense ainsi que des agents du MAFF ou des vétérinaires sont mobilisées pour l’abattage des animaux.
(MAFF, Nikkei)

Commentaire du SER : Le nombre de foyers déclarés en élevage par le Japon reste faible par rapport à la Corée (plus de 100) et surtout la France (476). Les abattages de volailles sont toutefois bien plus conséquents qu’en France (plus du triple par rapport à la France qui n’a abattu que 3M de volailles), la taille moyenne des élevages japonais (64 078 têtes) étant supérieure à celle des élevages français. La tendance est d’ailleurs à l’intensification de l’élevage et non à la défense des petites structures familiales, ce qui favorise la propagation des maladies animales et zoonoses.

Corée

a) Actualité politique et économique

La Corée s’affirme comme un marché à ne pas négliger pour les exportateurs français.
La Corée a relativement bien maîtrisé la propagation du virus Covid-19 et n’a connu que 1 500 décès environ depuis le début de la pandémie. Probable reflet de cette situation, les exportations françaises ont connu une croissance de 4% sur 2020 en dépit d’une baisse légère observée au printemps, au plus fort de la crise sanitaire. Les exportations de vins (95,6M€) et de produits laitiers (95M€) français poursuivent leur progression avec respectivement + 19% (pour mémoire, +12% en 2019 par rapport à 2018) et 10%. Les ventes de viandes et produits d’abattage, essentiellement de la viande de porc (23M€), repartent à la hausse avec +11%. En revanche, le poste boissons alcoolisées distillées décroît de 66% (14M€). La progression des produits de la boulangerie-viennoiserie est également très forte (9M€, +38%) dans les grandes villes de ce pays de 52 millions d’habitants où fleurissent les boulangeries et sandwicheries.
(douanes françaises)

La Corée entend mieux assurer son approvisionnement en céréales sur le marché.
La Corée entend mieux assurer son approvisionnement en céréales sur le marché international en favorisant le développement de sociétés de négoce et de stockage coréennes. La quantité totale de céréales importée à travers les firmes agricoles sud-coréennes a atteint 110 000 t en 2020, contre seulement 44 000 t l'année précédente (sur 17M t de céréales importées à l’échelle nationale en 2019), soit une augmentation de 150%, selon le MAFRA.
(Yonhap)

Le marché alimentaire en ligne connaît une forte expansion.
La valeur totale des transactions d’alimentation en ligne a atteint 32,4 Mds € en 2020, soit une augmentation de 62,4% par rapport à 2019, liée à la pandémie du Covid-19.
(Yonhap)

Les déplorables conditions de logement des salariés immigrés employés dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche font débat.  
La mort de froid d'une travailleuse cambodgienne logée, comme une grande partie de ces salariés immigrés, sous un abri en plastique alimente un débat sur les déplorables conditions de logement des salariés immigrés employés dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche. Le gouvernement qui veut instaurer des normes de logement se heurte à la résistance des professionnels coréens.
La Corée du Sud s’apprête néanmoins à assouplir les conditions de séjour et d’emploi de travailleurs agricoles saisonniers étrangers pour compenser le manque de main d’œuvre dans le secteur agricole, manque accru depuis la crise sanitaire. Ce programme permettra à environ 79 000 étrangers sans visa ou ceux ayant dépassé la durée de séjour autorisée de travailler dans les exploitations coréennes pendant encore 13 mois.
(Yonhap)

b) Actualité sanitaire et phytosanitaire

La Corée du Sud augmente les importations d’œufs et viande de volaille pour compenser les pertes causées par l’influenza aviaire.
Touchée par l’influenza aviaire hautement pathogène depuis fin novembre, la Corée du Sud totalise fin février 102 foyers dans des élevages et 201 chez les oiseaux sauvages. 28,6 M de volailles ont été abattues (3,6 millions de plus que fin décembre), la Corée imposant l’abattage préventif des volailles situées dans un rayon de 3 km autour d’un foyer. Ces abattages préventifs massifs ont entraîné une hausse des prix à la consommation : +49,4% pour les œufs, +16,6% pour la viande de poulet et +19,4% pour la viande de canard. La Corée augmente donc ses importations de viande de volaille et œufs et a même ouvert un contingent libre de droits de douane de 50 000 tonnes d’œufs coquille et ovoproduits d’ici fin juin. Elle a toutefois dans le même temps fermé ses frontières aux volailles issues des Etats-membres de l’UE également touchés par l’influenza aviaire.
Sévèrement critiquée, la politique d’abattage préventif a été allégée mi-février : seuls les élevages de volailles compris dans un rayon de 1 km seront concernés, et des tests seront pratiqués sur tous les élevages de volailles situés dans un rayon de 3 km autour d’un foyer.  
(Yonhap)

La Corée du Sud renforce ses mesures de lutte contre la peste porcine africaine.

Le nombre de cas de peste porcine africaine chez les sangliers continue d’augmenter et s’élève fin février à 1 138, l’épizootie ayant démarré en septembre 2019. Tous ces sangliers ont été retrouvés près de la zone démilitarisée (DMZ), frontière avec la Corée du Nord. La Corée du Sud a donc encore renforcé ses mesures de lutte : réduction de la population de sanglier de 1,4 à 1 par km2 et installation de nouvelles clôtures pour empêcher les sangliers de se déplacer vers le sud.
(Yonhap)

 

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Rédigé par : Le pôle agricole et agro-alimentaire du Service économique régional de Tokyo.

Contact : Marie-Hélène Le Hénaff, Conseillère agricole, marie-helene.lehenaff@dgtresor.gouv.fr
Gaël Thévenot, Conseillère agricole adjointe, gael.thevenot@dgtresor.gouv.fr