Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.

Faits saillants : 

- Nigéria : le Nigéria reçoit 3,94 millions de doses de vaccins contre la Covid-19 ; l’OPEP+ maintient ses quotas de production : le prix du baril de pétrole en hausse ; MTN a enregistré une hausse record de 14,7% des revenus de ses services en 2020 ; le Nigéria signe un accord commercial avec le Maroc pour l’échange de phosphates et d’ammoniac ; 

- Ghana : l’Etat va débourser 1 Md USD pour rembourser ses dettes auprès des producteurs d’électricité indépendants ; Fitch Ratings considère que la situation du secteur bancaire ghanéen est bonne après la crise du Covid-19.

Le chiffre de la semaine :

2 Mds EUR

C’est le montant total engagé par l’Agence francaise de développement au Nigéria depuis 2008.

Nigéria

Le Nigéria reçoit 3,94 millions de doses de vaccins contre la Covid-19.

Dans le cadre du dispositif Covax, le Nigéria a reçu cette semaine 3,94 millions de doses du vaccin AstraZeneca, soit la toute première livraison de vaccins contre la Covid-19. Après le Ghana et la Côte d’Ivoire la semaine dernière, le Nigéria devient ainsi le troisième pays d’Afrique de l’Ouest à recevoir des vaccins grâce à cette initiative. Le ministre de la Santé a convoqué une réunion avec les commissaires à la santé des 36 États pour assurer une distribution efficace des doses. L'enregistrement en ligne pour organiser la vaccination a déjà commencé et le gouvernement a prévu de former 12 000 agents de santé afin d’assurer la campagne de vaccination. Celle-ci devrait commencer dès cette semaine pour le personnel sanitaire qui est prioritaire. Les autorités nigérianes ont déclaré espérer recevoir 84 millions de doses de la part du programme Covax cette année ce qui permettrait d’immuniser 20% de la population. L’objectif est de faire vacciner 109 millions de Nigérians en deux ans. Par ailleurs, la ministre des Finances aurait déclaré qu’un budget supplémentaire serait octroyé pour couvrir le coût des vaccins ainsi que leur distribution. En effet, malgré la hausse de 26% des ressources allouées à la santé, aucune disposition n’avait était prévue pour les vaccins contre la Covid-19 dans le Budget 2021 approuvé en décembre 2020. Pour rappel, 157 671 cas et 1 951 décès liés à la Covid-19 ont été confirmés à ce jour au Nigéria selon les chiffres officiels.

L’OPEP+ maintient ses quotas de production : le prix du baril de pétrole en hausse.

Les pays de l’OPEP+ ont convenu de ne pas modifier les quotas accordés à chaque Etat (à l’exception de légères hausses accordées à la Russie et le Kazakhstan) et maintenir ainsi le niveau de production pour le mois à venir. Le Nigéria devrait donc maintenir sa production à 1,579 millions de barils par jour hors condensats malgré une capacité de production estimée à plus de 2 millions de barils par jour. Pour rappel, le secteur pétrolier a connu une contraction de 8,9% en 2020. A noter qu’entre d’avril 2020, lorsqu’une baisse de la production avait été accordée, et janvier 2021 la production a été réduite de 2,3 milliards de barils au niveau mondial. Ce maintien du statu quo face à une demande toujours incertaine dans le contexte de la pandémie de la Covid-19 mais qui progressivement revient à des niveaux pré-Covid et les spéculations autour d’une hausse des quotas qui n’a finalement pas eu lieu, a provoqué une hausse des cours du pétrole. Le prix du baril est ainsi passé de 61 USD en début de semaine à près de 70 USD aujourd’hui. Ces niveaux se situent bien au-dessus de ce qui est stipulé par les hypothèses budgétaires nigérianes qui prévoient un prix du baril à 40 USD pour 2021. Cette reprise des cours de l’or noir devrait donc être favorable à l’Etat nigérian qui verrait ses recettes augmenter, la moitié provenant du pétrole (49,6% en 2019). Cependant, cette hausse des prix risque également d’entraîner une hausse des prix de l’essence à la pompe pour les nigérians suite à la réforme qui a mis fin aux subventions des carburants. 

MTN a enregistré une hausse record de 14,7% des revenus de ses services en 2020.

Les revenus de MTN (appel, données, digital, fintech) ont augmenté de 14,7% en 2020 passant de 1 167 Mds NGN (3 Mds USD) en 2019 à 1 339 Mds NGN (3,5 Mds USD) en 2020. Alors que le service d’appel représente 67% des revenus avec 897 Mds NGN (2,3 Mds USD), ce service n’a connu qu’une augmentation de 5,9% par rapport à l’an passé. La hausse record des revenus de service s’explique principalement par l’augmentation des revenus générés par le trafic des données de + 51,2% en un an qui atteignent 332 Mds NGN (871 M USD) en 2020. De surcroit, les opérations fintech de la société ont augmenté de 27,3%, passant de 35 Mds NGN (92 MUSD) à 45 Mds NGN (118 MUSD). L’opérateur se félicite par ailleurs d’une couverture 4G disponible pour 60,1% de ses abonnés contre 43,8% en 2019. Dans le même temps, l’opérateur enregistre 12,2 millions de nouveaux clients en un an, pour atteindre 76,5 millions fin 2020. MTN consolide ainsi sa place de premier opérateur au Nigéria avec 39,54% des parts de marché. Pour rappel, le secteur des télécommunications a contribué à hauteur de 12,45% au PIB nigérian en 2020, contre 11,41% en 2019.

Le Nigéria signe un accord commercial avec le Maroc pour l’échange de phosphates et d’ammoniac.

Le Maroc et le Nigéria ont signé une série de memorandum of understanding (MoU) visant à faciliter les échanges de phosphate vers le Nigéria et d’ammoniac vers le Maroc. Le phosphate importé sera ainsi utilisé pour la fabrication d’engrais, notamment dans l’usine Dangote de Lagos qui devrait ouvrir prochainement. Ces accords devraient aussi accélérer le projet de construction d’une usine à 1,4 Md USD produisant des phosphates d’ammonium et de diammonium, conclu entre l’Office Chérifien des Phosphates (OCP) et la Nigerian Sovereign Investment Authority (NSI). Ces accords interviennent dans une dynamique diplomatique positive : le Nigéria et le Maroc multiplient les rencontres et souhaitent voir le projet du gazoduc de 5 660 km entre les deux pays démarrer dans les prochaines années. Les échanges commerciaux bilatéraux s’élevaient à 44,1 MUSD en 2019, dont 36,2 MUSD à destination du Nigéria (composés d’engrais à 40%). Pour sa part, le Nigéria a exporté 7,9 MUSD de biens vers le Maroc en 2019.

Ghana

L’Etat va débourser 1 Md USD pour rembourser ses dettes auprès des producteurs d’électricité indépendants.

L’Etat ghanéen prévoit de débourser 1 Md USD sur l’année 2020 pour le refinancement des prêts qu’il a contractés auprès des producteurs d'électricité indépendants. Le Ministère des Finances a annoncé que cette opération serait portée par le Ghana Infrastructure Investment Fund en utilisant le produit de la vente des euro-obligations émises en 2020 pour un montant total de 3 Mds USD. Le gouvernement espère ainsi réduire le coût de la dette auprès des producteurs d’électricité privés du pays. En février 2021, le gouvernement avait annoncé avoir remboursé 750 MUSD de la dette de 1,5 Md USD auprès des producteurs d’électricité privés, après que ces derniers aient menacé d’arrêter leur activité au risque de priver le pays d’une part importante de ses capacités électriques installées. Cette dette s’accroit d’année en années alors que le distributeur d’électricité Electricity Company of Ghana (ECG) rencontre des difficultés dans le recouvrement des factures auprès des consommateurs, accumulant ainsi les impayés auprès des producteurs d’électricité en amont. Le gouvernement estime ainsi qu’en l’absence de mesures correctrices, la dette publique du secteur pourrait atteindre 12,5 Mds USD d'ici 2023. Outre les difficultés d’ECG, le secteur de l’électricité ghanéen fait face à une couteuse situation de surcapacité.  L’Etat est lié aux différents producteurs indépendants par des contrats Take or Pay, qui l’obligent à payer l’électricité non consommée. Or la capacité installée du Ghana (4 800 MW) est largement supérieure au pic de consommation (2 900 MW), entraînant un coût pour les finances publiques de près de 500 MUSD par an. Pour remédier à cette situation, le gouvernement a entamé en septembre 2020 la renégociation de ces contrats. Il est parvenu à l’amendement des accords d’achat d’électricité qui le lient à CENIT Energy Limited, permettant une économie de 200 MUSD jusqu’à la fin du contrat, ainsi qu’à Cenpower pour une économie de 3 Mds USD sur les 20 années de durée restantes du contrat.

Fitch Ratings considère que la situation du secteur bancaire est bonne après la crise de la Covid-19.

Fitch Ratings estime que les banques ghanéennes sont en mesure d’encaisser la hausse du risque de leurs actifs entrainée par la crise de la Covid-19. L’agence de notation souligne l’effet positif des mesures d’assainissement du secteur bancaire entreprises par la Banque du Ghana en amont de la crise, qui en augmentant les exigences de capital notamment, ont permis de consolider la situation des banques. Bien qu’affaiblissant les capacités de remboursement des ménages et des entreprises, le ralentissement économique du Ghana n’a entraîné qu’une hausse de 0,5 point de pourcentage du ratio de prêts non performants, de 14,3% en décembre 2019 à 14,8% en décembre 2020 après avoir atteint 15,7% en juin. Fitch Ratings indique que 9 % des prêts du secteur bancaire ont été restructurés à la fin de l'année 2020, soit une proportion plus faible que dans la majorité des pays d’Afrique subsaharienne couverts par l’agence. La croissance des crédits reste toutefois plus faible en 2020 avec une hausse de 10,6% contre 18% en 2019. La rentabilité des banques devrait aussi résister à la crise. Fitch souligne d’abord les mesures d'allégement de la dette qui limitent l’accumulation de prêts non-performants et les charges de dépréciation des prêts. En outre, avec un taux de prêt bancaire moyen de 21,1%, les taux d'intérêt élevés pratiqués par les banques ghanéennes leur permettent de conserver leurs marges. La rentabilité des fonds propres après impôts a augmenté légèrement à la fin de l’année 2020, à 4,4% contre 4,2% en décembre 2019. Les banques ghanéennes paraissent correctement capitalisées, avec un ratio d'adéquation des fonds propres de 19,8 % à la fin de l'année 2020, contre 17,5% en décembre 2019. Le ratio réglementaire minimum était alors de 13%, avant sa réduction à 11,5% lors de la crise de la Covid-19. D’après Fitch, cette bonne capitalisation associée à un bénéfice d'exploitation élevé avant la crise offre une marge de manœuvre suffisante aux banques pour absorber la dégradation de la qualité des actifs qu’entraînera la crise. L’agence note néanmoins que les banques restent fortement exposées à la dette souveraine ghanéenne, dont le profil de risque est jugé élevé.

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